WASHINGTON, AFP - La commission de boxe du Nevada va décider, mardi, de l'avenir immédiat de Mike Tyson, qui doit obtenir une licence pour son combat contre l'actuel champion WBC/IBF des lourds, le Britannique Lennox Lewis, le 6 avril, dans la capitale des jeux.

Ce qui semblait une formalité a pris une tournure plus compliquée depuis la bagarre entre Tyson et Lewis, lors de la conférence de presse new-yorkaise de présentation du combat, il y a une semaine.

L'Amérique a été choquée par ce nouveau comportement animal de l'ex-champion, réclamant la tête d'un homme capable de frapper hors du ring avant de déverser un chapelet d'obscénités devant les caméras.

Les explications et excuses écrites de Tyson -"Je ne cherchais pas la bagarre... On m'a provoqué... Je m'excuse d'avoir offensé des gens... Je ne suis pas un modèle à suivre"- devront être sérieusement étayées devant la commission.

"Je veux l'avoir en face de moi, je veux qu'il me regarde dans les yeux et nous explique son comportement, car ce qu'il a fait pèsera lourd dans la décision", affirmait Luther Mack, président de la commission, regrettant au passage que les "promoteurs aient réunis les deux hommes en sachant qu'il y avait un différend entre eux".

Lourd passé

"Je siège depuis 12 ans et il a une longue histoire chez nous, poursuivait-il. Nous voulons nous concentrer sur la situation actuelle en laissant de côté les choses du passé. Il nous faudra tout de même déterminer s'il est apte à remonter sur le ring."

Tyson ne pourra utiliser l'excuse de la bagarre entre Lewis et Hasim Rahman sur un plateau de télévision, "car une fois que c'était fini, ils se sont serrés la main en gentlemen et sont repartis chacun de leur côté", rappelait Mack. Ce qui ne fut pas le cas à New York.

En cas de réponse négative de la commission, Tyson resterait banni des rings du Nevada, comme c'est le cas depuis 1997 et la morsure à l'oreille d'Evander Holyfield.

Lewis-Tyson pourrait cependant se tenir ailleurs aux Etats-Unis, comme l'a laissé entendre Jose Sulaiman, président de la WBC, et pourquoi pas au Danemark, comme l'a suggéré le promoteur du combat Tyson-Nielsen, en octobre dernier.

Reste à savoir si Lewis tient vraiment à affronter un boxeur au lourd passé: qui frappe après le gong (contre Orlin Norris), qui reconnaît avoir voulu casser un bras à Frans Botha, et a arraché avec les dents un morceau d'oreille à Holyfield.

L'impact financier

Lors de l'échauffourée new-yorkaise, Tyson aurait même mordu à la jambe le Britannique, à défaut de lui "arracher le coeur" et de "manger ses enfants" comme il l'avait promis par le passé.

Mais l'impact financier de ce combat pèsera également lourd dans la balance. Les retombées de ce combat sont estimées à 400 millions de dollars US sur l'économie de Las Vegas, ville rudement touchée par la peur collective de l'avion qui a gagné l'Amérique après les attentats du 11 septembre dernier.

Pour Lewis, 36 ans, une annulation signifierait une perte de 20 millions de dollars US, voire le double avec la revanche assurée.

Tyson fait en outre l'objet d'une enquête policière à propos d'une accusation de viol dans le Nevada. La police locale détiendrait des preuves susceptibles de lancer la procédure judiciaire. Une nouvelle pièce au dossier d'un homme qui a déjà fait trois ans de prison pour viol dans les années 1990.