BLAINVILLE, Qc - Ce ne devait être qu’un combat de remise en forme, mais il y a fort à parier qu’Yves Ulysse fils se souviendra longtemps de ce soir de septembre qui devait marquer le début d’un nouveau chapitre dans sa carrière après une absence de dix mois dans l’arène.

Le boxeur québécois d’origine haïtienne a en effet violemment visité le plancher tôt au troisième round, puis a survécu de peine et misère à l’assaut avant de l’emporter par arrêt de l’arbitre à la quatrième reprise sur le Mexicain Francisco Javier Perez, samedi soir chez BMW Hamel.

Contraint à l’inactivité par une blessure au coude gauche subie à l’entraînement et des raisons administratives dans la foulée de la vente d’InterBox à Eye of the Tiger Management cet été, « Junior » n’a pas caché que cette première chute au tapis en carrière était très prévisible.

« Ce n’est pas une surprise, c’est ça qui arrive quand on n’est pas actif, a-t-il lancé à sa sortie du ring. J’ai pris le combat à la légère et je pensais l’avoir avec ma vitesse, mais il m’a surpris.

« Mon adversaire savait que j’étais inactif depuis tout ce temps et que je n’avais pas le timing et la capacité de récupérer. Chaque fois que je revenais dans le coin, je n’avais plus de jambes. »

Ulysse (11-0, 8 K.-O.) paraissait pourtant en parfait contrôle de la situation après les deux premiers rounds, sauf qu’une droite envoyée en contre-attaque directement sur son menton l’a immédiatement projeté sur le canevas. Il est néanmoins parvenu à se relever rapidement, mais a cependant continuellement dû accrocher son rival par la suite afin de survivre à la tempête.

Comme s’il voulait s’assurer que Perez (15-8-1) n’obtienne pas une deuxième chance de le malmener, « Junior » a ouvert la machine dès le round suivant et son adversaire s’est retrouvé sur le tapis dans le temps de le dire et ne s’est jamais remis des multiples coups encaissés.

« La foule m’a beaucoup aidé, a avoué Ulysse. J’ai reconnu des voix comme celle de mon collègue Steven Butler qui me disaient quoi faire pour reprendre le rythme. J’ai vraiment été ébranlé et j’ai encore la chair de poule juste à penser à ce qui vient tout juste de m’arriver. »

« La plupart des boxeurs n’auraient pas survécu à ça, a ajouté son entraîneur Rénald Boisvert. Je suis très content de la façon qu’il a réagi, mais j’aurais aimé mieux que ça n’arrive pas.

« Je suis fier de lui, mais il ne faut pas que ça se reproduise trop souvent. On ne peut pas multiplier les commotions cérébrales, parce que c’est ça qu’il a subi. On ne peut pas le cacher. »

Boisvert a déjà indiqué qu’Ulysse ne sera pas du gala du 22 octobre qui mettra en vedette David Lemieux au Centre Bell dans le but de ne pas « niaiser » avec la santé de son protégé.

« Je vais mettre mon droit de veto là-dessus, a promis Boisvert. Ce qu’il faut retenir des commotions cérébrales, c’est qu’elles sont cumulatives. Tant qu’elles ne sont pas guéries, on ne peut pas exposer le boxeur de nouveau. Il n’est pas question qu’Ulysse boxe à court terme. »

Si Boisvert et le nouveau président d’InterBox Antonin Décarie croyaient qu’ils allaient pouvoir brûler quelques étapes avec Ulysse, tout porte à croire qu’ils devront réviser leur planification afin de lui permettre de retrouver le niveau et la confiance qu’il avait avant sa longue pause.