Inactif depuis sa victoire sur Lucian Bute le 18 janvier dernier, Jean Pascal se joint à InterBox et effectuera son retour dans le ring le 6 décembre au Centre Bell pour y affronter Donovan George en demi-finale du combat que Bute disputera contre Roberto Feliciano Bolonti.

À première vue, l’entente de quatre combats que Pascal a signée avec InterBox lui permettra de se mesurer aux adversaires de renom auxquels il a légitimement le droit, mais elle représente davantage un admirable pied de nez à son ancien promoteur Groupe Yvon Michel (GYM).

Sauf qu’en réalité, l’ancien champion des poids mi-lourds du WBC rentre en quelque sorte au bercail, étant donné qu’il n’avait absolument aucune autre option valable sur la table pour la suite de sa carrière, ont affirmé deux sources dignes de confiance au RDS.ca.

Pascal l’avait déjà martelé sur quelques tribunes et l’a répété en conférence de presse mercredi matin : il a préféré l’offre - moins généreuse - d’InterBox à celle de Roc Nation Sports du rappeur américain Shawn « Jay-Z » Carter afin de continuer de se battre devant ses partisans québécois.

Les deux sources ont qualifié « d’écran de fumée » cette histoire, précisant que Pascal commençait plutôt à sentir qu’il n’y avait plus de place pour lui avec l’émergence de nouveaux boxeurs tels Eleider Alvarez, Artur Beterbiev et maintenant Bute chez les mi-lourds.

Comme Pascal l’a confirmé en conférence de presse, il a renoncé à un certain montant d’argent en se joignant à InterBox. Selon les informations obtenues par le RDS.ca, le Lavallois sera uniquement rémunéré en fonction des revenus qu’il générera et n’a obtenu aucune garantie.
 

Mariage de raison?

L’entente qui lie maintenant Jean Pascal Promotions à InterBox s’avère ainsi nettement moins avantageuse que celle tripartite incluant GYM qui avait été annoncée en grandes pompes en avril dernier. Échaudé par les demandes financières de Pascal qui ont mené à la fin du ménage à trois en juillet dernier, le président d’InterBox a accepté de replonger dans l’aventure parce qu’elle représente une occasion d’affaires qu’il ne pouvait absolument pas laisser filer.

Le gala du 6 décembre mettant en vedette Bute est loin de susciter le même intérêt que lorsque le Québécois d’origine roumaine était champion des super-moyens de la IBF et l’arrivée de Pascal permettra assurément de doper les ventes sans que Bédard n’ait à investir massivement.

De son côté, Yvon Michel est loin de se retrouver isolé comme l’annonce d’aujourd’hui ne le laisse paraître. Les liens d’affaires qu’il a tissés avec Bédard depuis un an ne sont pas en périls et les deux hommes entendent poursuivre leur collaboration dans l’organisation d’événements.

Une des sources du RDS.ca a cependant indiqué que Michel est néanmoins mitigé à l’idée de voir son image en prendre un coup, d’autant plus qu’il est celui qui a défendu publiquement la décision de Bédard de refuser de rembourser à Pascal des frais d’entraînement de 50 000 $ en vue d’un duel contre Tavoris Cloud - prévu le 27 septembre - qui a éventuellement été annulé.

À la recherche de neutralité

Aussitôt l’annonce de l’alliance entre Pascal et InterBox faite, le boxeur n’a pas tardé à régler ses comptes avec son ancien promoteur, le seul qu’il avait connu depuis ses débuts professionnels en février 2005.

Au cœur du malaise, Pascal ne sentait pas que ses intérêts seraient bien représentés dans l’éventualité où il affronterait le champion des mi-lourds du WBC Adonis Stevenson, dont il est l’aspirant obligatoire depuis sa victoire sur Bute.

« Yvon Michel a fait beaucoup pour ma carrière, mais après 10 ans, je ne me voyais tout simplement plus avec GYM, mentionne Pascal. À vrai dire, je me sentais de moins en moins à l’aise chez GYM.

« Tout le monde n’en avait plus que pour la nouvelle saveur du mois Stevenson. Avec InterBox, je m’assure d’une neutralité et d’une transparence dans des négociations pour un combat contre Adonis. »

Le Lavallois n’a également pas manqué de souligner que l’entente au rabais qu’il a conclue avec son nouveau promoteur est une preuve irréfutable qu’il ne boxe pas pour des raisons uniquement pécuniaires.

« J’avais déjà laissé beaucoup d’argent sur la table pour demeurer avec GYM dans le passé, ajoute Pascal. J’ai déjà accepté une diminution de bourse de l’ordre de 30 000 ou 40 000 $ parce que la vente des billets pour mon combat contre Silvio Branco était en deçà des attentes.

« Mais bon… Yvon Michel n’a maintenant plus aucun droit de regard sur ma carrière. Je suis exclusif à Jean Pascal Promotions et InterBox. Ce sont ces deux entités qui gèrent ma carrière. »

« Nous avons appris à nous connaître »

Contre le gagnant de Hopkins-Kovalev?

Il aurait été étonnant qu’il s’arrête en si bon chemin, si bien que Pascal a aussi profité de chacune des questions des journalistes pour déverser son fiel sur Stevenson.

« J’ai toujours respecté mes obligations. Après avoir été opéré à une épaule, je n’ai pas affronté un Chad Dawson commotionné - Floyd Mayweather fils disait qu’il était le meilleur boxeur ‘livre pour livre’ au monde à ce moment-là - moi! Et j’avais affronté Branco un an plus tôt, rappelle Pascal.

« Adonis refuse de faire face à ses obligations, c’est aussi simple que ça, mais je le comprends un peu. Adonis ne gère absolument rien de sa carrière. Même pour aller à la toilette, il doit demander la permission (à son gérant) Al Haymon. Dans la vie, il y a des followers et des leaders. Moi, je suis un leader et Adonis est un follower.

« Dans le fond, je trouve ça plate pour Adonis. Haymon pense plus à ses poches qu’au bien de ses boxeurs. Adonis a raté la chance de faire la meilleure bourse de sa carrière, de devenir un leader du box-office et surtout de devenir une grande vedette au Québec en refusant de m’affronter. Il aurait vraiment pu devenir le roi incontesté en ville. »

Peu importe, Pascal a encore prétendu que c’est Stevenson qui a le plus à perdre dans toute cette histoire, puisqu’il entend se mettre en ligne pour se mesurer au vainqueur du combat d’unification qui opposera Bernard Hopkins à Sergey Kovalev le 8 novembre à Atlantic City. Son entente avec InterBox est - à ses yeux - le meilleur moyen pour arriver à ses fins.

« Je ne voyais pas d'avenir avec GYM »