Lucian Bute et Jean Pascal marqueront l’histoire sportive québécoise lorsqu’ils officialiseront leur affrontement, mais il semble qu’ils veulent également graver celle des sports de combat.

Bute et Pascal feront figure de pionniers en acceptant de se soumettre à des tests antidopage inopinés effectués vraisemblablement par l’USADA (United States Anti-Doping Agency) ou la VADA (Voluntary Anti-Doping Agency). Il s’agira alors d’une petite révolution, parce qu’absolument rien n’oblige les boxeurs ou les combattants d’arts martiaux mixtes à le faire.

Les paramètres n’ont pas encore été totalement définis, mais Bute et Pascal ont déjà clairement exprimé leur volonté de montrer patte blanche le soir de leur éventuelle rencontre au sommet. Pour Pascal, c’est même devenu une condition sine qua non pour quiconque souhaite le défier.

Des membres de l’entourage des deux boxeurs entendent d’ailleurs profiter de l’occasion pour exiger que les tests antidopages deviennent obligatoires. Pour la santé des athlètes, mais également pour celle d’un sport qui a été ponctué par plusieurs scandales ces derniers temps.

Andre Berto, Erik Morales, Lamont Peterson et Antonio Tarver sont au nombre des anciens champions du monde qui ont été pris la main dans le sac, tandis que de très, très forts soupçons pèsent sur d’actuels détenteurs de titres mondiaux. Le moment serait venu d’agir.

« Je pense que la boxe est rendue là », a affirmé avec conviction l’entraîneur de Bute, Stéphan Larouche, au cours d’un entretien avec le RDS.ca. « Au Québec, nous sommes souvent à l’avant-garde dans plusieurs domaines et nous aurons une opportunité pour changer les choses. »

« Il faut s’assurer que les gars restent propres année après année. Il en va de leur sécurité. »

À l’heure actuelle, les athlètes n’ont qu’à se soumettre à un test d’urine de la Régie des alcools, des courses et des jeux trois heures avant ou six heures après leur combat. Sans surprise, personne n’a jamais été pincé alors que les techniques de dopage se raffinent continuellement.

Grand passionné et connaisseur de sports, Larouche croit que la bataille passe inévitablement par l’instauration du passeport biologique comme en cyclisme ou plus récemment en tennis. Cela permettrait une certaine uniformisation, car les commissions athlétiques ne procèdent pas toutes aux mêmes tests.

« Il y a des commissions qui testent la marijuana, d’autres les antihistaminiques ou la testostérone. Il n’y a pas un endroit où c’est pareil », déplore Larouche. « Entre les combats, il n’y a pas de test, car tant qu’un boxeur n’a pas signé de contrat, il n’est attaché à aucune commission. »

« Dès qu’un boxeur sait qu’il s’en va en championnat du monde, c’est très rare qu’il soit pris en défaut », renchérit le promoteur Yvon Michel. « C’est trop facile, car le boxeur sait qu’il sera testé dans les mois précédents son combat. »

Michel est d’ailleurs convaincu que le monde de la boxe devrait s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Dès qu’un boxeur serait pressenti pour se battre en championnat, il devrait être testé.

« Un boxeur fait partie du top-15 d’une association, ça devrait être automatique », opine Michel. « Et dès qu’un boxeur échoue à un test antidopage, il devrait être exclu des classements et ne pas avoir le droit de se battre pour un titre. »

« La plupart des promoteurs sont d’accord avec ça. Il faut juste trouver un moyen de gérer tout ça. Il y a un regroupement de commissions athlétiques aux États-Unis, mais c’est juste aux États-Unis… Il faudrait trouver une entreprise ou encore une association qui chapeauterait ça au niveau international. »

Mais c’est précisément là que le bât blesse. La bonne volonté des boxeurs et des promoteurs se bute souvent aux réticences des associations et des commissions athlétiques. C’est ultimement le gouvernement qui a le dossier entre ses mains puisque c’est lui qui a le pouvoir de changer les lois. En a-t-il seulement le moindre désir? Impossible de répondre à cette dernière question.

À noter que la Régie des alcools, des courses et des jeux a refusé la demande d’entrevue du RDS.ca pour ce reportage. Sa porte-parole a expliqué dans un échange de courriels que la position de la Régie était expliquée dans son Règlement sur les sports de combat.