Un cri du coeur
Boxe mercredi, 5 juin 2013. 13:27 mercredi, 11 déc. 2024. 04:23MONTRÉAL - Visiblement irrité par la campagne de dénigrement dont il est victime depuis l’annonce de son combat contre Chad Dawson, Adonis Stevenson a détruit un à un les arguments de la partie adverse au cours du point de presse le plus inspiré de sa carrière.
Sans s’attaquer directement à Dawson comme il l’avait fait pendant leur première rencontre il y a deux mois, Stevenson n’en pouvait plus d’entendre qu’il n’a jamais affronté personne du calibre de l’actuel champion des poids mi-lourds du WBC.
« C’est son jeu de miner ma crédibilité. Il fait ça pour se remonter le moral », a répondu Stevenson, après la dernière conférence de presse faisant la promotion de leur combat de samedi soir au Centre Bell. « Mais en même temps, (le magazine) The Ring me classe comme l’un des meilleurs cogneurs au monde. Il est complètement dans le champ. »
« Ce gars-là n’a jamais pris mes frappes. Et dans sa tête, il pense qu’il ne va pas se faire frapper. Il ne peut pas courir ou encore voler! Je sais ce qui va arriver quand il va se faire frapper. »
Stevenson refuse également que le clan ennemi et certains observateurs prétendent qu’il ne sera pas capable de rivaliser avec un adversaire plus scientifique qui utilisera son jab pour le tenir à distance. Que Stevenson est contraint à disputer un combat terne et sans éclat.
« Est-ce que mes combats ont déjà été longs et tranquilles? », a demandé Stevenson. « Je ne fais pas de combats tranquilles. Dès que la cloche sonne, je suis comme un chien enragé et j’ai faim. »
« Et tout le monde s’imagine qu’il a une longue portée. C’est faux. La sienne est de 76 pouces et la mienne de 77. Oui, il est plus grand, mais j’ai une plus longue portée. »
En plus de rétablir certains faits, Stevenson a continué sur sa lancée en remettant en question l’aura d’invincibilité qui pourrait planer au-dessus de la tête de Dawson. Stevenson a rafraîchi la mémoire de tout le monde en rappelant qu’il avait perdu son dernier duel contre Andre Ward.
« Il n’a plus confiance en lui depuis sa défaite, c’est pour ça qu’il est allé chercher son ancien entraîneur Eddie Mustafa Muhammad », a insinué Stevenson. « Mustafa est bon là-dedans (les guerres psychologiques), mais ça ne marchera pas! Rendu dans le ring, ce sera complètement une autre paire de manches. »
« Dawson n’a jamais été capable de s’adapter à ses adversaires. À son top, il a battu Glen Johnson qui est lent comme une tortue et Antonio Tarver qui était en fin de carrière. C’est le temps d’avoir un vent de fraîcheur chez les mi-lourds. Il y aura plein d’opportunités pour moi. »
Perpétuer l’héritage de Steward
En plus d’une différence au niveau des styles, le combat de samedi opposera deux philosophies complètement différentes. Dawson n’est pas que scientifique dans le ring, il est également entouré de plusieurs spécialistes comme la très grande majorité des boxeurs de son calibre.
À l’opposé, Stevenson et son équipe du Kronk Gym prônent une approche beaucoup plus modeste et surtout inspirée de la vieille école. L’entraîneur Javon Hill regrette d’ailleurs cette époque pourtant pas si lointaine.
« La boxe a beaucoup changé depuis qu’elle est devenue très populaire », a déploré Hill. « Il y a aujourd’hui un spécialiste pour tout. Les boxeurs dépensent beaucoup d’argent et en viennent à ne plus porter toute leur attention sur l’essentiel. »
« Un grand champion comme Wladimir Klitschko ne compte que sur un physiothérapeute et quelqu’un pour ses étirements. Il n’a pas besoin d’un préparateur physique! Il sait très bien ce qu’il a à faire! »
Hill avance même que la présence de cet entourage finit par devenir indésirable. Ces employés finissent par vivre par procuration le rêve du boxeur qu’ils aident.
« Les athlètes ne devraient pas avoir besoin d’être motivés et poussés par ces spécialistes », a continué Hill. « Dans le ring, il n’y a que les deux boxeurs. Les autres ne peuvent pas les aider. »
En Stevenson, Hill a assurément trouvé l’élève parfait pour perpétuer l’héritage de son oncle Emanuel Steward, qui refusait de laisser la technologie prendre trop de place dans ce sport empreint de traditions.