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RÉSULTATS

Artur Beterbiev-Callum Smith : Un bon combat, mais pas celui espéré

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D'entrée de jeu, il serait carrément injuste de reprocher quoi que ce soit à Artur Beterbiev et son entourage dans le choix de ses adversaires depuis ses débuts chez les professionnels. De Tavoris Cloud à Joe Smith fils en passant par Oleksandr Gvozdyk, le champion unifié WBC, IBF et WBO des poids mi-lourds n'a jamais reculé devant les meilleurs et il les a tous vaincus avec panache.

Même lorsque le comblait semblait gagné d'avance, le Montréalais d'origine russe est souvent parvenu à rendre les choses palpitantes, comme lors de son dernier duel au Centre Bell contre Marcus Browne en décembre 2021. Beterbiev avait en effet fait fi d'une importante coupure au front survenue au quatrième round avant de l'emporter par arrêt de l'arbitre au neuvième, alors que Michael Griffin envisageait de stopper le bain de sang en raison de la gravité de la blessure.

Considéré comme l'un des dix meilleurs boxeurs « livre pour livre » par ESPN, Beterbiev a été arraché depuis longtemps à sa province d'adoption par l'industrie. Le 19 août prochain, l'athlète âgé de 38 ans livrera son deuxième combat de championnat du monde seulement au Québec. Il se mesurera à Callum Smith, son aspirant obligatoire au WBC, unanimement perçu comme le troisième meilleur mi-lourd au monde derrière Beterbiev et le champion de la WBA Dmitrii Bivol.

Ancien médaillé d'argent des Jeux du Commonwealth, Smith s'est révélé en gagnant le tournoi des super-moyens de la Super Série mondiale de boxe en 2017-2018, après avoir passé le knock-out à George Groves en finale. Il est éventuellement passé chez les mi-lourds après avoir subi sa seule défaite en carrière face à Saul « Canelo » Alvarez en décembre 2020. Parmi les boxeurs qu'il a vaincus au fil des années, citons Rocky Fielding, Hassan N'Dam ou bien encore John Ryder.

En conférence de presse jeudi avant-midi à Québec, l'entraîneur de Beterbiev, Marc Ramsay, a dit au sujet de Smith qu'il représentait le plus gros défi de la carrière de son protégé. « C'est complexe et complet », a lancé Ramsay, qui n'a pas l'habitude de donner dans l'exagération. « C'est un boxeur complet de six pieds trois, qui a une longue portée, une grande carrière chez les amateurs. Beaucoup d'habiletés, de la vitesse, de la puissance : il amène beaucoup de choses à un combat de boxe. C'est complexe comme dossier, mais c'est un défi fascinant pour nous. »

Qui plus est, plusieurs se demandent si Beterbiev n'a pas commencé à montrer des signes de ralentissement lors de son dernier combat contre Anthony Yarde. Le champion tirait de l'arrière sur deux des trois cartes des juges quand il a arrêté Yarde au huitième round. Ramsay a d'ailleurs comparé Smith à un Gvozdyk « avec un côté physique plus développé », ce qui rend cette affiche d'autant plus intéressante. Ceux et celles qui assisteront au choc seront sans doute très comblés.

Fondamentalement, il s'agit peut-être de la dernière occasion de voir en chair et en os l'un des – si ce n'est pas le – meilleurs boxeurs professionnels à avoir œuvré au Québec. Beterbiev n'est pas éternel et il lui en reste moins à faire qu'il y en a de déjà fait. Mais quel est le problème alors?

Autant le duel Beterbiev-Smith s'annonce captivant, autant ce n'est pas celui que les amateurs qui suivent la scène des mi-lourds espèrent depuis longtemps. Non, la rencontre au sommet que tout le monde – absolument tout le monde – attend est celle qui opposerait Beterbiev à Bivol. Le champion WBC, IBF et WBO contre le champion de la WBA. L'histoire est là, ne reste qu'à l'écrire.

Ramsay a d'ailleurs réitéré jeudi qu'il aurait aimé un choc visant à départager les deux meilleurs mi-lourds de leur génération. « Ça aurait été notre option no 1, mais il n'y a pas vraiment eu de négociations, ça semble fermé de leur côté », a expliqué l'entraîneur. Il faut dire que Bivol espère un deuxième très lucratif combat face à Alvarez, qu'il a battu en mai 2022 à Las Vegas. Il est donc possible de comprendre pourquoi Bivol préfère jouer de prudence en évitant son compatriote.

Ultimement, c'est toute l'industrie qui en subit les contrecoups, elle qui peine à susciter l'intérêt lorsqu'elle se décide à organiser des mégacombats. Selon les premières informations recueillies par le chroniqueur indépendant Dan Rafael, seulement 150 000 foyers auraient acheté le duel entre Devin Haney et Vasiliy Lomachenko qui a été tenu la fin de semaine dernière à Las Vegas.

Par contre, il ne faut pas enterrer l'idée d'une rencontre opposant Beterbiev à Bivol. Après des années et des années d'attente et de pourparlers, Terence Crawford et Errol Spence fils ont annoncé jeudi qu'ils allaient s'affronter le 29 juillet prochain à Las Vegas. Les deux meilleurs mi-moyens de leur génération, tous les titres de la division à l'enjeu. Quatre jours plus tôt, c'est Naoya Inoue et Stephen Fulton – le meilleur coq et le meilleur super-coq – qui croiseront le fer.

Au final, il serait mal avisé de bouder son plaisir et de ne pas s'intéresser à Beterbiev-Smith. Mais encore une fois, même s'il s'agit d'un excellent combat sur papier, ce n'est pas LE combat espéré.