Un Lemieux repentant
Boxe jeudi, 6 juin 2013. 14:39 mercredi, 11 déc. 2024. 17:52MONTRÉAL - Après être passé par toute la gamme des émotions en début de semaine, David Lemieux déborde d’enthousiasme à l’idée de monter dans l’arène pour la première fois en six mois.
Lemieux aura l’occasion de mettre à l’épreuve sa main droite, mais surtout de démontrer qu’il a énormément cheminé depuis qu’il s’est blessé en frappant sur un mur à la suite de sa défaite crève-cœur devant Joachim Alcine en décembre 2011.
« C’est sûr que j’ai eu le temps de penser à ce que j’ai fait de mal dans le passé », a concédé Lemieux, jeudi matin, lors d’une conférence de presse faisant la promotion de la sous-carte du gala mettant en vedette Adonis Stevenson et Chad Dawson samedi soir au Centre Bell.
« J’avais déjà fait beaucoup de changements après ma première défaite contre (Marco Antonio) Rubio. Des changements dans ma vie, mais aussi dans mon équipe. »
Lemieux était en quelque sorte devenu le golden boy de la boxe québécoise en enchaînant les victoires par knock-out à un rythme effréné. Mais son revers devant Rubio et la séparation d’avec son entraîneur de toujours Russ Anber qui a suivi ont ensuite laissé libre cours aux rumeurs les plus folles.
Plusieurs personnes ont notamment remis en question son assiduité à l’entraînement. Aujourd’hui, il a la sagesse nécessaire pour admettre que certaines de ces critiques n’étaient peut-être pas totalement injustifiées.
« Il y a un an ou deux, j’étais toujours treize livres au-dessus de mon poids la journée avant la pesée », a avoué Lemieux. « Hier soir, j’étais seulement trois livres au-dessus. J’ai complètement changé mon alimentation et ç’a fait une grosse différence. »
Lemieux est prêt à admettre qu’il a erré dans certains aspects de sa vie par le passé, mais ne ressent pas particulièrement le besoin de reconquérir le cœur des amateurs. Il sent qu’il est l’unique personne à qui il n’a absolument pas le droit de mentir.
« Je n’ai absolument rien à prouver à personne, je sais ce que je fais », déclare Lemieux. « Les amateurs ne savent pas tout ce que je fais. Ils ne voient que le résultat dans le ring. »
« Lorsque David est entré dans mon équipe, c’était clair qu’il devait tout faire pour s’améliorer », précise son entraîneur Marc Ramsay. « S’il prend une décision qui va à l’encontre de sa carrière, ça m’indique qu’il n’est pas sérieux. C’est aussi simple que ça. »
« C’est dur, c’est cru, mais c’est ce que ça prend pour devenir un boxeur de haut niveau. David a adhéré à ça à 100 pour cent et n’a jamais manqué un entraînement. »
Un gérant dédié
Si Lemieux n’a pas sombré dans la déchéance et qu’il peut encore envisager l’avenir avec optimisme, c’est surtout parce qu’il y a toujours eu dans l’ombre un gérant qui s’est démené comme un diable dans l’eau bénite.
Camille Estephan en a fait la preuve par mille, après que le promoteur Yvon Michel eut annoncé lundi que le combat de Lemieux prévu face au Polonais Robert Swierzbinski avait été annulé pour satisfaire aux exigences du réseau américain HBO. Michel s’est effectivement ravisé dès le lendemain en sacrifiant plutôt le duel qui devait opposer Eleider Alvarez à l’ancien participant du Super Six Allan Green.
« C’était très important que David se batte samedi, parce que nous avons de gros plans pour lui », révèle Estephan. « Je ne voulais évidemment pas que d’autres boxeurs écopent, mais c’est mon rôle de protéger les intérêts de David. Il a tellement travaillé fort depuis longtemps. »
Si Estephan a mis son poing sur la table pour changer la décision initiale, c’est parce qu’il croit plus que quiconque en l’immense potentiel de son protégé. Il faut se rappeler qu’avant son combat contre Rubio, Lemieux était à une victoire de signer un lucratif contrat avec HBO.
« C’est un secret pour personne que David est LE boxeur que les gens veulent voir en raison de son style, de son caractère et de sa personnalité », analyse Estephan. « Dans la boxe professionnelle, David est l’un de ceux qui a le plus de potentiel, et pas juste au Québec. »
Estephan semble en avoir fait sa spécialité de traiter des cas « lourds ». Bermane Stiverne et Dierry Jean sont aujourd’hui aspirants obligatoires à un titre mondial après avoir été laissés pour contre par les promoteurs d’ici et d’ailleurs.
« Les boxeurs savent que nous sommes complètement dédiés à leur cause », pense Estephan. « Mais d’un autre côté, je m’attends à la même chose de leur part. Souvent, ces boxeurs n’attendent ne serait-ce qu’une opportunité pour la saisir. »
Estephan s’était lancé dans la gérance et par défaut dans la promotion pour être le meilleur. Son parcours sans faute jusqu’à maintenant démontre pourquoi Lemieux sera finalement de la carte de samedi.