Un monde de possibilités pour Stevenson
Boxe mercredi, 21 mai 2014. 13:54 vendredi, 13 déc. 2024. 11:56
MONTRÉAL - Dans l’histoire, rares sont les boxeurs évoluant chez les poids mi-lourds ayant réussi à s’imposer dans le groupe des meilleurs « livre pour livre » de la planète.
Il y a eu Virgil Hill, Bernard Hopkins, Roy Jones fils ainsi que Glen Johnson notamment, et le nom d’Adonis Stevenson pourrait s’ajouter si le champion des poids mi-lourds du WBC continue de matraquer ses adversaires comme il le fait depuis sa victoire en 76 secondes sur Chad Dawson.
Du moins, c’est résolument l’objectif de Stevenson (23-1, 20 K.-O.), alors qu’il s’apprête à défendre son titre pour la troisième fois contre le Polonais Andrzej Fonfara, samedi soir au Centre Bell. Et c’est ce qui le garde motivé en attendant que les gros combats se concrétisent.
« Je suis devenu champion du monde, c’était mon rêve, mais c’est loin d’être fini encore. Je veux battre des records », a avoué le Québécois en conférence de presse mercredi midi. « J’ai été nommé boxeur de l’année, j’ai réussi le knock-out de l’année et il y en aura d’autres. Je suis content de faire partie du même groupe que Muhammad Ali, Sugar Ray Leonard et Joe Louis. »
« Ce qu’Adonis s’est donné comme mission, c’est d’amener la barre encore plus haute », a renchéri le promoteur Yvon Michel. « Il veut réussir des choses que les autres n’ont pas faites ici. Et il a raison de viser aussi haut parce qu’il est un boxeur absolument exceptionnel. »
« Je le voyais à l’œuvre, mais mon horizon était limité. Et lorsqu’un gars comme Emanuel Steward, qui en a vu d’autres, te dit qu’il n’a jamais vu ça, tu commences à y croire. Éventuellement, Adonis a réussi à obtenir des performances à la hauteur de ses habiletés. »
Ce changement de cap s’est véritablement opéré lorsque Stevenson s’est associé avec feu Steward au début de l’année 2012. Michel se remémore comme si c’était hier d’une conversation après la victoire de Stevenson sur Aaron Pryor fils en décembre 2011 pendant laquelle il avait sermonné son protégé pour avoir offert une prestation plutôt lamentable.
« Adonis ne cherchait qu’à porter le coup d’assommoir », a rappelé Michel. « Aujourd’hui, Adonis a l’intelligence d’un Andre Ward et la force de frappe d’un Mike Tyson. Avant la fin de l’année, il sera considéré comme l’un des cinq meilleurs ‘livre pour livre’ et champion unifié chez les mi-lourds. J’en suis convaincu, mais il doit continuer de gagner de façon spectaculaire. »
S’il parvient à réussir ce fait d’armes, Stevenson pourrait ensuite joindre un groupe très sélect - actuellement formé de Floyd Mayweather fils, Manny Pacquiao et Saul « Canelo » Alvarez - de boxeurs qui disputent tous leurs combats à la télévision à la carte, peu importe l’adversaire.
« Il y a juste lui qui peut faire ça chez les mi-lourds », a continué Michel. « Dans nos discussions avec HBO et Showtime, c’était dans leurs objectifs d’amener Adonis à la télévision à la carte. Tout le monde est convaincu que son style peut être très vendeur. Et ce qui est également très paradoxal, c’est que toute la controverse avec (Sergey) Kovalev l’a rendu très populaire. »
En plus d’effectuer ses débuts sur Showtime après avoir disputé ses trois derniers duels sur HBO, Stevenson en sera à sa première sortie depuis qu’il s’est associé au puissant gérant Al Haymon. Les attentes sont élevées, mais la pression n’est pas encore à son paroxysme.
« Tout ce que nous voulons, c’est qu’Adonis gagne », a indiqué le conseiller Sam Watson. « En un, cinq ou dix rounds, peu importe. Je connais Adonis depuis environ sept ans et nous croyons qu’il a tout ce qu’il faut pour dominer le sport. Il peut devenir aussi gros que l’était Tyson. »
« Il peut affronter n’importe qui dans sa division, il n’a peur de personne. Et à 36 ans, il est dans la fleur de l’âge. Au final, nous croyons qu’il aura affronté tous les grands noms de sport. Mais il doit vraiment y aller un combat à la fois. Après coup, tous les noms seront sur la table. »
Plus que jamais, c’est peut-être ce qui incite Stevenson à ne pas trop parler de ses projets d’avenir, tant qu’il ne se sera pas débarrassé de Fonfara (25-2, 15 K.-O.). Le champion a d’ailleurs déclaré qu’il se méfie énormément des boxeurs qui ne cherchent pas la confrontation.
« Les gars qui ne parlent pas, ce sont toujours les plus dangereux », a analysé Stevenson. « Ceux qui parlent beaucoup, j’aime ça, parce que je sais que c’est de la bullshit et qu’ils ont peur. Lui, il a du nerf et il sait exactement ce qu’il fait. »
« Et je sais qu’il sera prêt parce que je suis déjà passé par là. Dans mon esprit, je suis même convaincu qu’il sera encore plus affamé que je ne l’étais parce qu’il est plus jeune. Il est venu pour se battre, il va s’essayer et il va foncer. »
Le dernier boxeur à avoir montré autant de respect à Stevenson est un certain Donovan George, qui avait encaissé les frappes du Québécois avant de s’avouer vaincu par arrêt de l’arbitre au 12e round. Il en a cependant chèrement payé le prix, car il a récemment dit dans une entrevue qu’il a uriné du sang pendant un mois après le combat.