MONTRÉAL - Après des années de dur labeur et de rebondissements, Dierry Jean a enfin vu ses efforts récompensés en obtenant un combat de championnat du monde le 18 janvier dernier.

Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévu et Jean s’est incliné par décision unanime devant le détenteur du titre des poids super-légers de la IBF Lamont Peterson. Avec le recul, Jean préfère se rappeler des leçons qu’il a tirées plutôt que des mauvais souvenirs.

« J’ai appris à être un peu moins stressé à l’approche d’un combat, d’utiliser mes jambes et de laisser aller mes mains », a expliqué Jean en marge d’un entraînement public tenu mercredi après-midi à l’Underdog Gym. « J’avais trop tendance à chercher le knock-out dans le passé. »

« Après le combat contre Peterson, j’ai pu profiter d’un mois de congé pour soigner mes blessures. Trois semaines avant le combat, mon genou me faisait souffrir et je ne pouvais même plus faire des sprints. Mon épaule est également correcte, je ne reçois plus de traitements. »

Mais plutôt que de reprendre là où il avait laissé, Jean a décidé de s’offrir un nouveau départ dans une catégorie de poids inférieure. Une décision a priori surprenante, étant donné que plus les boxeurs vieillissent, plus ils éprouvent de la difficulté à respecter la limite à la pesée.

« J’ai hâte de voir comment la perte des cinq dernières livres se fera, mais pour le moment, c’est vraiment facile. J’ai vraiment beaucoup d’énergie », a avoué Jean. « Je suis top shape. »

« C’est un petit test que nous faisons contre un adversaire (de moins grande renommée), a précisé son entraîneur Mike Moffa. « Chez les amateurs, Dierry boxait à 125 livres et est ensuite passé directement à 140 livres chez les professionnels. Il n’a encore jamais boxé à 135 livres. »

Le passage de Jean chez les légers devrait lui permettre d’être beaucoup plus imposant que ses adversaires. Le Québécois était petit par rapport à Peterson et au champion unifié Danny Garcia.

« Les autres boxeurs (chez les légers) prennent entre 8 et 10 livres après la pesée, alors que je serai aux alentours de 155 livres », a révélé Jean. « Je veux avoir l’air d’un monstre! Dès que je vais sortir ma main droite, mes adversaires ne voudront plus du tout demeurer devant moi! »

« Nous espérons qu’il va garder sa puissance et son énergie », a continué son gérant Camille Estephan. « Cinq livres de plus à perdre, ce n’est pas peu, mais le nutritionniste pense que ça va bien aller. Chose certaine, nous voulons garder les deux portes ouvertes à 135 et 140 livres. »

Vendredi soir au Centre Pierre-Charbonneau, Jean retrouvera Mario Perez plutôt que Daniel Ruiz, dont les problèmes de visa ont obligé Eye of The Tiger Management à dénicher un plan B afin de ne pas compromettre la présentation du gala. Le titre de la NABF sera toujours à l’enjeu.

« C’est un peu plate, parce que je m’étais entraîné pour affronter Ruiz », a déploré Jean. « Mais Perez reste un bon adversaire pour moi, puisqu’il était déjà censé se battre sur la carte. Ce qui m’inquiétait au début, c’était vraiment de ne pas pouvoir me battre pour la ceinture. »

À 32 ans bien sonnés, Jean sait pertinemment qu’il n’a plus de temps à perdre et que ce titre mineur est essentiel pour lui assurer une place de choix dans la prochaine mise à jour du classement du WBC. À partir de là, qui sait ce que l’avenir pourrait lui réserver?