D’Andrzej Fonfara, je m’attendais à une farouche opposition. Pas à ce qu’il soit aussi résistant.

Pour venir à bout du Polonais par décision unanime des juges et ainsi défendre sa ceinture des mi-lourds du WBC samedi soir au Centre Bell, Adonis Stevenson a donc dû trouver une nouvelle façon de gagner.

Vous le savez, sur le ring, Stevenson n’est pas du genre à faire dans le compromis. Il se bat pour le K.-O.. C’est ainsi qu’il a martyrisé Fonfara au fil des sept premiers rounds. Envoyé au tapis à deux reprises, presque trois, Fonfara a souvent grimacé de douleur et mordu à pleines dents dans son protecteur buccal.

Pas de quoi décourager Adonis, qui a continué à y aller à fond. Si bien qu’au neuvième round, il a peiné à trouver son deuxième souffle avant de finalement visiter le plancher à son tour.

De retour sur ses pieds, Stevenson n’a toutefois pas joué les machos en quête de vengeance. S’il a d’abord opté pour la sécurité afin de survivre à ce round, il est revenu en force dès l’assaut suivant.

Dans pareille situation, la majorité des champions auraient par la suite simplement tenté de de gagner du temps. Adonis, lui, s’est lancé à nouveau à la poursuite de Fonfara et du K.-O. aux 10e et 11e rounds.

Cela a mis la table à un dernier round du tonnerre au cours duquel les deux boxeurs se sont frappés à qui mieux mieux. Croyez-moi, les gens de Showtime étaient heureux et en ont eu pour leur argent.

Le monde en général et les médias n’accordaient pas la moindre chance à Fonfara d’offrir un tel spectacle. Il a brillamment démontré qu’il appartient à l’élite. Il a peut-être perdu la majorité des rounds et été dominé sur le plan statistique, Fonfara était néanmoins fier de sa performance et avec raison. Tout comme le reste de son équipe qu'on a rencontrée dans le salon V.I.P. au terme du gala.

Vers Bernard Hopkins

Ce duel a donc été des plus bénéfiques pour Adonis. Non seulement a-t-il dû employer une autre façon de s’imposer, il a de plus démontré qu’il est capable de se relever après une chute pour compléter un combat de 12 rounds à fond de train.

Stevenson peut maintenant s’attendre à ce genre d’opposition lors de chacun de ses futurs combats. Comme il le signalait à juste titre, il est considéré comme le meilleur mi-lourd au monde. La cible maintenant, c’est lui. Tous ses aspirants se préparent dorénavant en fonction d’affronter un gaucher et un cogneur.

Fonfara savait donc à quoi s’attendre avant de monter sur le ring samedi. Avant ce duel, plusieurs s’interrogeaient – particulièrement aux États-Unis – à savoir quel serait l’intérêt d’un boxeur de 49 ans comme Bernard Hopkins d’affronter Stevenson.

Maintenant que Fonfara a poussé Stevenson à la limite, ces mêmes personnes se disent qu’Hopkins a peut-être trop d’habiletés pour Stevenson. De quoi légitimer encore plus un futur combat d’unification avec le champion IBA, IBF et WBA de la division.

Les discussions avec le clan Hopkins ont d’ailleurs été amorcées alors qu’on cible le 11 octobre comme date pour le prochain combat d’Adonis.

Mais avant d’aller plus loin, nous devons en savoir davantage sur la nature de la blessure à la main gauche subie samedi par Adonis. Il a passé des radiographies lundi et nous devrions recevoir le diagnostic mardi ou mercredi.

Lemieux parmi l’élite

Un petit mot en terminant sur David Lemieux, qui a répété la semaine dernière qu’il était fin prêt à se hisser au sein de l’élite de la division des poids moyens.

Il l’a prouvé samedi soir en passant le K.-O. à Fernando Gerrero dès le troisième round.

Son chemin de croix, Lemieux l’a fait au cours des trois dernières années. Malgré les temps difficiles qu’il a dû traverser et le fait que plusieurs ont cessé de croire en lui, David ne s’est jamais découragé et on a pris le temps nécessaire pour le rebâtir.

Brillante addition à la catégorie des 160 livres, Lemieux pourrait cheminer vers un combat de championnat si tel est son désir. D’autant plus que Showtime est prêt à nous accompagner dans l’aventure.

*Propos recueillis par Mikaël Filion