Après avoir vu le Super Bowl XLV à la télévision, apprécié par pas moins de 111 millions de téléspectateurs en Amérique du Nord seulement, je me dis qu’il est possible de présenter une sorte de gala semblable chez nous, naturellement en tenant pour acquis que la boxe n’est pas la NFL. Et encore…

Exception faite de Manny Pacquiao, il y a très peu de combats de boxe qui peuvent se comparer au spectacle guerrier du match sublime de la NFL.

Et si jamais on pouvait bâcler enfin l’affrontement tant attendu entre le Pacman et Floyd Mayweather, on pourrait alors qualifier ce gala de Super Bowl de la boxe. Mais pour le moment, louchons du côté de Québec.

J’espère que le réseau HBO prendra en ligne de compte le site pittoresque de Québec pour la présentation du deuxième affrontement. Qui ne veut pas aller à Québec en plein milieu du mois de mai?

Et je me dis qu’il n’y a pas meilleur endroit au monde pour présenter un match de boxe qui restera mémorable dans la tête des gens. Même dans la caboche de Bernard Hopkins qui croit toujours dur comme fer qu’il a gagné le premier affrontement contre Jean Pascal, devant plus de 16 000 personnes dans le vieux Colisée qui continue à faire la manchette des journaux parce qu’il est désuet, sale, insécure, nauséabond, humide, froid. Etc. (Tout ce qui manque ce sont des punaises de lit…)

Ne croyez rien de ce que je viens d’énumérer. C’est pour dorer la pilule auprès des gens du gouvernement fédéral pour qu’il fournisse quelques piastres afin de remplacer ce vieux Coliséum par une nouvelle charpente toute vierge.

TROP IMPRESSIONNÉ

Avant d’aller plus loin, je dois vous répéter que lors du premier combat entre BH et Jean Pascal, j’avais B. Hop gagnant par 114/112.

Quand j’ai enregistré le combat à la télévision, pour RDS, mon pointage était de 113/113 à la fin des 12 rounds réglementaires.

Faites le test vous-même. Scorez un combat une première fois et regardez-le une deuxième fois, sans tenir compte de votre score du premier affrontement. Vous verrez que très souvent, à moins que vous ne trichiez, vous n’arriverez pas à la même décision.

Mais j’aime autant vous le dire tout de suite. Je suis toujours sous l’impression que Hopkins a gagné ce premier combat, mais il ne s’est pas fait voler. Quand vous arrivez à un pointage de 114/112, c’est qu’il n’y a qu’un seul round de différence. Or, c’est tellement serré que la décision peut aller d’un côté comme de l’autre. Et dans ce cas là, j’accepte le combat revanche.

Si vous aviez Jean Pascal vainqueur par 114/112, chapeau ! Vous êtes dans le même bateau que moi, mais à l’envers de moi.

En revoyant les premiers instants du premier affrontement entre les deux hommes, j’ai cru voir que Jean Pascal semblait extrêmement nerveux pour ne pas dire impressionné par son rival.

LA PSYCHOLOGIE

Je compare ce trac à celui que j’ai éprouvé jadis, il y a des lunes, quand je me suis présenté à l’écran de Radio-Canada, pour la première fois en compagnie de René Lecavalier. Croyez-moi… C’était pire que d’affronter un rival sur un ring de boxe. Et pourtant, Monsieur télévision était si gentil, si accueillant envers un jeune qui voulait percer.

Si j’étais psychologue, je m’arrangerais pour hypnotiser Jean Pascal. J’essaierais que son cerveau ne se souvienne que des quatre premiers rounds du combat contre le vétéran de 45 ans.

Dans les films, ca marche toujours en injectant du penthotal de sodium. Avec ce jus maudit, il parait que l’on peut faire croire à un homme qu’il est superman.

Sans lui faire une lobotomie complète, je tenterais que son cerveau efface, tel un ordinateur, les sept derniers rounds de l’affrontement.

Souvenez-vous… Après trois rounds, Pascal était déjà en avance par cinq points. Que s’est-il passé pour que soudainement, il devienne large dans ses coups, qu’il manque d’énergie, de coordination.

C’EST CORRIGIBLE

D’ici le 21 mai prochain, J’ose croire qu’on aura trouvé le bobo qui l’a hanté dans le premier combat. Dans le fond, il ne faut pas trop s’en faire. C’est difficile de critiquer un boxeur qui a envoyé un ex-champion du monde deux fois au tapis dans le même combat en dépit de ses 45 ans, et qui a dû, malgré tout, se contenter d’un verdict nul majoritaire.

Quelque chose s’est passé dans la tête de Pascal entre le premier et le cinquième assaut. À première vue, on peut croire qu’il a connu une baisse de régime. Si c’est vrai, pourquoi ? Si c’est autre chose, c’est quoi au juste ?

Si c’est le trac qui a tardé à s’estomper, je le comprends. Mais en champion, il faut qu’il réagisse. Le trac, c’est le trac.

Souvenez-vous de Christina Aiguilera qui a bafouillé en chantant l’hymne national américain lors du Super Bowl. Par moment, elle ne se souvenait tout simplement plus des mots. À ce que je sache, elle a du métier dans le corps et depuis des lunes…Non ! Vous soyez ce que peut faire le trac.

D’ailleurs au cours des prochaines semaines, on aura le plaisir de revenir sur le sujet.

RAPIDES, OUI! DANGEREUX?

Le 11 février prochain, au Centre Bell, deux de nos jeunes aspirants à des titres mondiaux devront redoubler d’ardeur pour rehausser leurs classements.

Dans le cas de Jo Jo Dan, s’il n’avait pas été victime d’un vol manifeste contre Aydind Selcuk, en Turquie, il coifferait déjà la couronne d’argent des mi-moyens. Mais le sort en a voulu autrement.

Quant à Antonin Décarie, il a déjà eu une première chance à Paris, contre Souleymane M’baye et il l’a ratée.

Cette fois, contre Shamone Alvarez, il ne peut pas se payer le luxe d’une seule erreur. Il lui faut le battre et le battre décisivement.

Malheureusement, pour gagner un combat, Décarie se doit de travailler, de trimer dur, plus souvent qu’autrement pendant douze assauts, car sa grande lacune, c’est sa faible force de frappe.

GROSSE COMMANDE

Décarie et Jo Jo Dan sont rapides, mais sont-ils dangereux?

C’est peut-être Ionut qui est le meilleur cogneur des deux, mais cette fois, il affronte un vétéran qui a déjà fait douze rounds contre des pugilistes de la trempe d’André Berto, Oscar de la Hoya et Demetrius Hopkins. Son rival, Steve Forbes est redoutable avec ses poings et si le besoin s’en fait sentir, il peut facilement boxer pendant douze rounds. Et il n‘a jamais été mis K.-O..

Je pense que s’il boxe comme il en est capable, Décarie parviendra à vaincre Alvarez à l’usure. Ce dernier est un bon boxeur, mais sa force de frappe se compare à celle de Décarie.

Quant à Jo Jo Dan, c’est différent. C’est vrai que Steve Forbes est rendu à 33 ans. Qu’il a 308 rounds de boxe dans le corps. Et qu’il a perdu trois de ses cinq derniers combats. Mais c’est un vieux routier qui a déjà détenu le titre IBF des super-plumes.

Je crois que c’est Ionut qui aura la plus dure soirée de travail contre Steve Forbes.

Malgré tout, je prévois des victoires par décision pour nos deux pugilistes locaux.

Bonne boxe