MONTRÉAL – « Si je ne peux pas battre David Lemieux, cela voudra donc tout simplement dire que je ne suis pas un aussi bon boxeur que je pense l’être. »

Billy Joe Saunders rêve d’un combat contre Saul « Canelo » Alvarez ou Gennady Golovkin, mais avant toute chose, il devra se débarrasser du cogneur québécois le 16 décembre prochain à la Place Bell de Laval afin de savoir si ses désirs ne sont pas que pures lubies.

Mais à écouter le champion des poids moyens de la WBO à son premier contact avec les médias montréalais, il ne fait aucun doute qu’il respire la confiance. Fort d’une bourse dans les sept chiffres – en livres sterling a-t-il tenu à préciser –, il en faut effectivement beaucoup de culot pour effectuer la troisième défense de sa ceinture en plein cœur du fief de son adversaire.

« Le prochain entraîneur devra être charismatique »

« Si Lemieux ne parvient pas à m’atteindre avec une grosse frappe, il ne peut m’outboxer d’aucune façon, a lancé le Britannique âgé de 28 ans en conférence de presse lundi après-midi. Il n’y a pas un seul boxeur qui évolue chez les poids moyens qui est aussi slick que moi. »

« N’importe quel boxeur qui décide d’échanger coup pour coup avec Lemieux va le faire bien paraître. Mon style se compare davantage à celui d’un joueur d’échecs. De plus, quels gauchers Lemieux a-t-il affrontés? Il l’a peut-être fait à l’entraînement, mais cela n’a rien à voir. »

Depuis qu’il est entraîné par Marc Ramsay, Lemieux ne s’est mesuré qu’à deux gauchers – Fernando Guerrero et Cristian Fabian Rios – et force est d’admettre qu’ils ne sont pas du calibre de Saunders. Cela dit, il a anéanti tous ceux qui se sont présentés devant lui – Glen Tapia, Rios, Curtis Stevens et Marcos Reyes - depuis qu’il s’est incliné devant Golovkin en octobre 2015.

« La boxe, c’est frapper sans être frappé. Ce n’est pas une question de poings, mais de cerveau, a ajouté Saunders. Il faut réfléchir. N’importe qui peut mettre les gants et essayer de passer le knock-out à son adversaire. Mais il faut être intelligent pour passer au niveau supérieur.

« Si Lemieux me bat de façon claire et précise, alors cela va me plaisir de lui serrer la main et de le reconnaître. Sauf qu’il n’est pas du niveau de « Canelo » et Golovkin. Je vois ce choc comme une très bonne préparation qui va me donner de l’expérience sur une tonne d’éléments. »

« Si je ne pensais pas gagner ce combat-là, je ne l’aurais pas pris, a répliqué Lemieux, qui est également âgé de 28 ans. C’est un bon adversaire, mais je ne suis aucunement inquiet, car je sais très bien gérer des gars comme lui. Je sais que ça va très bien aller le 16 décembre. »

À première vue, Saunders est loin d’avoir été convaincant depuis qu’il s’est emparé du titre de la WBO après avoir battu Andy Lee par décision majoritaire en décembre 2015. Ses deux défenses contre Artur Akavov et Willie Monroe fils ont laissé plus de questions que de réponses aux yeux de la plupart des observateurs, sauf que ce serait une très grave erreur de le sous-estimer.

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« Pour moi, il fait sans aucun doute partie du top-3 ou top-4 des meilleurs boxeurs britanniques en ce moment, a prévenu Ramsay. Sa boxe est basée sur ses déplacements et la rapidité de ses mains, mais ce sera à nous de trouver des solutions pour neutraliser ses principaux atouts.

« C’est un boxeur qui ressemble un peu à [Hassan] N’Dam, mais qui a une faculté d’adaptation beaucoup plus grande. C’est un boxeur qui est rapidement capable de s’ajuster. S’il perd un round, il va revenir en force après. Il faut dire qu’il est très bien entraîné par Dominic Ingle.

« En ce moment, il y a beaucoup d’engouement autour de Chris Eubank fils en raison de la télévision, mais Saunders l’a battu [par décision partagée en novembre 2014]. Eubank était parvenu à le repousser dans ses derniers retranchements, mais Saunders avait très bien réagi. »

Pour le promoteur Camille Estephan, Lemieux est rendu à un point dans sa carrière où il est entièrement maître de son destin. Toutes les ressources ont été mises à sa disposition pour qu’il réussisse et il ne fait aucun doute dans son esprit qu’il redeviendra champion en décembre.

« David est encore plus confiant que lorsqu’il s’est battu contre N’Dam pour devenir champion de l’IBF. Il travaille fort et est confiant en raison de tout le travail qu’il accomplit, a dit Estephan. Il possède le talent pour accomplir des merveilles. C’est un gars qui est carrément devenu dangereux. Chaque boxeur qui monte dans le ring avec lui met littéralement sa vie en jeu. »

Et comme c’est le cas pour Saunders, une victoire de Lemieux permettrait de favoriser les rapprochements pour un éventuel combat face à « Canelo » ou une revanche contre Golovkin.

« David est vraiment proche des gros combats. Il n’y a pas d’autres boxeurs dans une meilleure position que la sienne, a conclu Estephan. Il s’est bâti une crédibilité et les négociations seront beaucoup plus faciles avec une ceinture. Nos demandes financières seraient à la hausse. »

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