La nouvelle était attendue depuis plusieurs semaines, mais elle a néanmoins bruyamment résonné lorsqu’elle a été annoncée en début de semaine. Après plus d’une décennie à titre de chef de la direction de Golden Boy Promotions, Richard Schaefer a remis sa démission.

Il y a longtemps que Schaefer et le propriétaire majoritaire de l’entreprise Oscar De La Hoya n’étaient plus sur la même longueur d’onde. Revenu aux affaires après avoir vaincu ses dépendances à l’alcool et à la drogue, le Golden Boy envisageait de se rapprocher du grand rival Top Rank, une détente que l’ancien banquier suisse ne souhaitait absolument pas.

Schaefer et De La Hoya avaient fondé Golden Boy Promotions en 2002, alors que le premier était le gérant du deuxième. Au fil des années, Schaefer a organisé les deux combats les plus lucratifs de l’histoire de la boxe et monté un puissant empire en marge de celui de son ennemi juré Bob Arum. Il n’est donc pas difficile de comprendre que la visite de De La Hoya au domicile d’Arum - son ancien promoteur - en avril dernier était annonciateur de ce dénouement.

« Le moment est venu de commencer un nouveau chapitre dans ma carrière », a déclaré Schaefer par voie de communiqué. « La décision a demandé une importante réflexion personnelle, mais ultimement, j’ai conclu que je n’avais pas le choix de m’en aller. »

« Je suis fier de demeurer un actionnaire, alors j’aurai un grand intérêt dans les succès de la compagnie. Je suis fier de ce que j’ai accompli, mais je suis à la recherche de nouveaux défis. »

Mais avant de se réjouir et proclamer la fin de la guerre froide entre Golden Boy Promotions et Top Rank, il y a un pas qu’il s’avérerait particulièrement imprudent de franchir. Ce n’est pas demain la veille que les amateurs obtiendront les duels qu’ils réclament depuis tant d’années.

Plusieurs boxeurs associés à l’entreprise de De La Hoya ne seraient pas sous contrat en bonne et due forme avec lui. C’est notamment le cas de Floyd Mayweather, qui a rapidement indiqué dans les heures qui ont suivi la démission de Schaefer que son prochain combat prévu le 13 septembre ne serait pas fait en partenariat avec Golden Boy Promotions. Et la liste risque fort de s’allonger, étant donné le nombre de clients que compte le puissant gérant Al Haymon.

D’ailleurs, les rumeurs veulent que Schaefer et Haymon s’associent pour créer un nouveau géant, une décision favorablement accueillie par quelques intervenants du milieu.

« Ça ne peut qu’être bon pour les boxeurs », a analysé le promoteur Yvon Michel en entrevue téléphonique avec le RDS.ca. « Schaefer ne s’est jamais contenté de surfer sur ce qui avait déjà été fait dans le passé. Il a été très dynamique pour trouver de nouvelles façons de vendre le sport. Il a incité de nouveaux réseaux de télévision comme Fox Sports à présenter de la boxe. »

« Il a également réussi à créer un réseau de distribution international extrêmement intéressant. Je le répète, plus il y a de cerveaux en boxe, plus ça peut juste être bon pour tout le monde. »

« Je crois que peu importe ce que Richard va faire, ce sera un succès », a renchéri Bernard Hopkins à BoxingScene.com. « Je connais plusieurs personnes intelligentes dans cette business, mais il n’y en a que très peu qui sont honnêtes. Richard a toujours livré ce qu’il m’avait promis. »

Comme si la nouvelle l’avait pris par surprise, De La Hoya a mis deux jours pour répliquer dans un laconique communiqué de 37 mots. L’avenir s’annonce-t-il pour autant sombre pour le promoteur qui ne compte officieusement plus que sur Saul « Canelo » Alvarez comme valeur sûre?

« N’importe qui associé à Alvarez va jouer un rôle majeur dans l’industrie de la boxe », a analysé Michel. « Avec ou sans Schaefer, Golden Boy Promotions va continuer de progresser. »

« La présence de Schaefer va se faire sentir un jour ou l’autre. Et lorsque je dis présence, c’est la façon dont la compagnie était menée lorsqu’il y était », a nuancé Hopkins. « La preuve? Il n’y a aucun combat prévu d’ici juillet. C’est quand la dernière fois que vous avez vu ça? »

Il faudra encore malheureusement plusieurs mois avant de connaître les répercussions de ce schisme et, par le fait même, si De La Hoya est un promoteur digne de ce nom.