Sans trop le savoir on assiste à une véritable course contre la montre entre deux de nos meilleurs boxeurs québécois.

À savoir lequel des deux remportera le premier  un championnat mondial de boxe pour ensuite se joindre au monarque de la WBC Adonis Stevenson, les paris sont ouverts.

Nos deux aspirants, vous les connaissez bien. Ce sont David Lemieux  qui se mesurera à Cristian Fabian Rios, cette fin de semaine au Centre Bell, et Artur Beterbiev, qui nous fera un cadeau de Noel le 23 décembre prochain au Casino du Lac-Leamy en s’attaquant à Isidro Ranoni Prieto, le même qui avait perdu une décision (117-11 pour les trois juges) au Centre  Bell, le 30 mai 2015, contre Eleider Alvarez.

Dans la tête de Beterbiev, il aimerait bien se mesurer à son grand rival Sergey Kovalev pour lui ravir ses trois titres WBA, IBF, et WBO des mi-lourds, mais il n’en est pas certain puisque plusieurs connaisseurs prétendent que son prochain adversaire, Andre Ward, lui ravira ses trois couronnes le 19 novembre prochain.

Chez Lemieux, on vise plutôt Canelo Alvarez qui a l’intention de graduer chez les poids moyens en 2017. Présentement, il soigne une fracture à un pouce et est au repos, mais on croit qu’il sera prêt à remonter sur le ring vers les mois de janvier ou février.

Alvarez ou GGG

Dans le fond, Lemieux a le meilleur de deux mondes. Il louche du côté d’Alvarez, mais les bonzes du réseau HBO ont été fort impressionnés lors de son affrontement contre Gennady Golovkin.

GGG et Lemieux en étaient tous deux à leurs premières armes sur le réseau payant ce soir-là, alors qu’ il y avait plus de 20 000 personnes réunies au Madison Square Garden, de New York.

S’il y avait eu 300 000 acheteurs du combat, HBO aurait déliré de plaisir. À 200 000, c’était encore intéressant. Mais il n’y en a eu que 150 000.

Chez HBO, on a compris qu’un tel chiffre était un peu bas, mais on croit que la performance livrée par les deux pugilistes vaut la peine d’être répétée et que si jamais ils s’affrontaient à nouveau, ils pourraient atteindre le chiffre magique de 300 000 auditeurs.

L’entraîneur de Lemieux, Marc Ramsay, ne s’en cache pas. Il prétend qu’un combat contre Canelo serait parfait pour son poulain, mais il ne cracherait certainement pas sur une fortune pour voir Lemieux se mesurer à nouveau à GGG.

Le nom de Billy Joe Saunders, le monarque de la WBO, a aussi été mentionné par le président de HBO, Eric Gomez. « Mais ne vous fiez pas trop qu’un tel combat puisse être organisé, de souligner Gomez. « Saunders n’est pas reconnu pour faire face à des rivaux de haut calibre. »

Un retour à Montréal

En somme, c’est un retour pour Lemieux à Montréal. La dernière fois qu’il a boxé devant les siens au Centre Bell, il avait battu par décision unanime Hassan N’Dam N’Jikam, coiffant ainsi la couronne vacante IBF des poids moyens.

Malheureusement ce retour sera quelque peu assombri par l’absence du « cutman » Bob Miller », blessé sérieusement dans un accident de la circulation pas tellement loin de son domicile sur le bord des lignes canadiennes. 

Certes, Lemieux sera plus nerveux qu’à l’habitude sans son bon ami. Mais comme on dit dans le métier « The show must go on...! ». De plus, Lemieux n’est pas reconnu pour couper facilement.

C’est donc Luc-Vincent Ouellet qui prendra la relève et Lemieux n’a pas à s’en faire. On le connaît déjà pour ses bons soins auprès des pugilistes des arts martiaux mixtes, et il sera secondé par Samuel Décarie.

Le promoteur d’arts martiaux mixtes Stéphane Patry connaît assez bien Ouellet : « C’est un expert de combats, souligne-t-il. Il travaille dans le coin de Jean Pascal depuis des années. C’est un très bon gars qui connaît la boxe de A à Z. Il est un élève de Russ Anber de qui il a appris à faire les bandages aux mains. Donc, c’est certain que sera très bien fait. »

Les paris sont ouverts. Faites votre choix!

Alors que le combat de Lemieux en est un préparatoire relativement facile comme le veut son entraîneur, contre un rival dont la puissance de frappe est douteuse, tel n’est pas le cas pour Beterbiev.

Un cogneur redoutable

En Prieto, Beterbiev affronte un cogneur redoutable, un maçon de métier. Et il cogne comme une mule. On se souviendra que lors d’une première visite à Montréal en août 2015, il avait bien failli faire subir à Alvarez une première visite au tapis en carrière en le cognant solidement au sixième engagement. Mais sur le plan de la boxe, il n’a pas fait le poids puisque les trois juges avaient opté pour des fiches de 117-111 pour le Néo-Québécois.

Mais une fiche de 22 K.-O. en 26 victoires se doit d’être respectée.

 Les dix derniers adversaires de Prieto présentaient tous des cartes victorieuses. Il en a assommé huit d’entre  eux. De  plus, Prieto est surtout très dangereux en tout début de combat.  Il présente une carte de sept K.-O. au premier round et sept autres au deuxième.

Un combat entre deux cogneurs de la trempe de Beterbiev et Prieto ne peut faire autrement que de se terminer par un K.-O.  En somme, c’est celui qui frappera le premier et le plus fort qui sortira victorieux. Là, je favorise Beterbiev.

Par contre, il faut toujours se souvenir que Beterbiev, celui qu’Yvon Michel appelle le « diamant de GYM » n’a boxé qu’une seule fois en 2016 et c’était au Centre Bell, le 4 avril dernier. Il a aussi pris un repos pour une blessure à l’épaule droite et on a hâte de voir si sa force de frappe est toujours présente et puissante.

Pascal et Bute

Mais attention...! Quelques autres joueurs voudraient peut-être se joindre à cette course. Ce sont Jean Pascal et Lucian Bute.

Pascal est le cas le plus difficile à comprendre. Avec son nouvel entraîneur Stéphane Larouche, il a repris l’entrainement et semble très sérieux. Avec Pascal, il faut être patient.

Il aura 34 ans dans quelques jours, il n’a pas boxé depuis une dizaine de mois, et a subi une sévère correction face à Sergey Kovalev. Mais Pascal, c’est Pascal. S’il se met dans la tête de reprendre sérieusement le collier, tout peut arriver.

Il a un style intéressant. Il a été le premier à s’attaquer aux meilleurs boxeurs de sa catégorie quand et où il a voulu. En somme, c’est de savoir ce qui se passe dans sa tête. Veut-il boxer pour de l’argent, garantir sa retraite ou bien forcer en double et tenter à nouveau sa chance dans un match de championnat?

Je doute que Pascal coiffe un jour une couronne mondiale, mais c’est possible.

Il y a aussi le cas de Lucian Bute qui pourrait bien venir s’ajouter à notre liste de coureurs, mais j’en doute. Je crois que ce bon vieux Lucian est vraiment rendu au bout du rouleau. S’il boxe, ce sera uniquement pour son plaisir, certes pas pour un titre majeur.

La relève

Enfin, dans un jour pas trop lointain, nos bons vieux vétérans devront céder le flambeau aux jeunes loups tels Custio Clayton, Steven Butler,  Ghislain Maduma, Dierry Jean et quelques autres et une nouvelle course contre la montre se mettra en marche.

Mon choix pour remporter les honneurs de la course contre la montre est David Lemieux tout simplement parce qu’il part le premier et il devrait encore une fois livrer un combat féroce et spectaculaire et montrer qu’il est prêt pour un rival de choix. Et pourquoi pas Saul Alvarez?

Cette fin de semaine, c’est David Lemieux qui se lance tête première vers un nouveau sommet et ce n’est pas Cristian Fabian Rios qui va  gâcher sa soirée. D’ailleurs, Rios devrait connaitre sa première défaite par KO en carrière et dormir tel un bébé naissant autour du cinquième engagement.

Bonne boxe!