Une entrée très attendue
Boxe jeudi, 10 oct. 2013. 08:32 vendredi, 13 déc. 2024. 15:40Les débuts d’un boxeur amateur dans les rangs professionnels s’effectuent généralement dans l’ombre en ouverture de galas dont ils ne sont pas les têtes d’affiche. Même si ces boxeurs sont parfois voués à un très bel avenir, ils multiplient néanmoins les combats contre des adversaires plus faibles avant d’être lancés dans la mêlée face à d’autres, beaucoup plus expérimentés.
L’Ukrainien Vasyl Lomachenko n’échappera pas totalement à ce destin, alors qu’il vivra son baptême chez les pros, samedi soir au Thomas & Mack Center de Las Vegas, en sous-carte du duel de championnat du monde des poids mi-moyens de la WBO entre Timothy Bradley et Juan Manuel Marquez. Mais aussitôt là s’arrêtent toutes comparaisons possibles.
C’est que le double médaillé d’or olympique et double champion du monde affrontera le Mexicain Jose Ramirez, dans un combat prévu pour 10 rounds. Pour illustrer le caractère exceptionnel de l’affaire, le Règlement sur les sports de combat de la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec stipule qu’« un concurrent doit avoir livré un minimum de 4 combats de 4 ou 6 rounds et en avoir gagné 50 pour cent avant de livrer un combat de 8 ou 10 rounds ».
La suite s’annonce encore plus spectaculaire, puisque le promoteur Top Rank a déjà jeté les bases d’une confrontation entre Lomachenko et le gagnant du combat de championnat des plumes de la WBO qui opposera Orlando Salido à Orlando Cruz sur la même carte. Lomachenko aurait donc la chance de s’emparer d’une ceinture mondiale à son deuxième duel seulement!
Dans l’histoire récente, Oscar De La Hoya a gagné 11 combats avant de disputer son premier duel de championnat, tandis que Guillermo Rigondeaux en a livré uniquement 6 pour accomplir le même exploit. Le record est détenu par Seansak Muangsurin, qui s’est emparé du titre des super-légers du WBC à son 3e choc. Cela reste malgré tout des exceptions.
« C’est la première fois que je vois ça de ma vie », s’est enflammé le vice-président opérations et recrutement du Groupe Yvon Michel, Bernard Barré, en entrevue avec le RDS.ca plus tôt cette semaine. « C’est arrivé une seule fois dans l’histoire qu’un boxeur s’est battu en championnat du monde à son premier combat. C’était Pete Rademacher contre Floyd Patterson en 1957. »
Si Rademacher a ensuite connu une carrière plutôt en demi-teinte, tous les intervenants du monde de la boxe sont unanimes pour dire que Lomachenko ne peut pas rater son coup. Fort d’un impressionnant dossier de 396-1 chez les amateurs, son style est déjà taillé sur mesure pour la boxe professionnelle. Est-il le prochain veau d’or que le sport attendait?
« Ce gars-là a des plombs dans les gants. Il a vraiment tout pour plaire », répond Barré, qui a décrit les exploits de tous les boxeurs qui ont participé aux Jeux d’été depuis 1996. « N’eût été Serik Sapiyev, Lomachenko aurait encore remporté le trophée Val-Barker remis au meilleur boxeur du tournoi olympique à Londres. La boxe a vraiment besoin de gars comme lui. »
Cela dit, les derniers mois ont prouvé que la marche entre les rangs amateurs et professionnels peut être très haute. Par exemple, le double médaillé d’or chez les mi-mouches Zou Shiming est loin d’avoir convaincu les spécialistes à ses deux premiers combats. Mais Lomachenko ne se présentera pas complètement vert dans l’arène, étant donné qu’il compte six duels de la World Series of Boxing au compteur. De l’expérience semi-pro avant les pros.
Avec la retraite de Floyd Mayweather fils qui viendra plus tôt que tard, tous les astres semblent réunis pour que Lomachenko devienne le prochain meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète, et surtout le roi incontesté des lucratifs événements présentés à la télévision à la carte. Le premier chapitre de l’histoire pourrait donc s’écrire samedi soir.