Une motivation facile à trouver pour Marie-Pier Houle
Dans le monde de la boxe, il n'est pas rare de voir les athlètes s'entraider dans la préparation de leurs combats. Souvent, les pugilistes n'ont qu'à lever la tête pour dénicher un ou une partenaire d'entraînement dans leur gymnase pour échanger des coups l'instant d'une séance de sparring.
Plus l'enjeu devient important, plus les besoins deviennent spécifiques, ce qui fait en sorte que les boxeurs locaux doivent parfois s'exiler ou encore demander à des combattants de l'extérieur de s'installer temporairement ici. Toute cette logistique a évidemment un coût, souvent élevé.
À l'approche de son premier combat de championnat du monde qu'elle disputera contre Sandy Ryan le 22 avril prochain à Cardiff, au pays de Galles, Marie-Pier Houle a non seulement pu jouir de l'expertise de ses semblables de la Belle Province, elle a ressenti une réelle volonté de l'aider.
« Dès le début du camp, j'ai eu la chance de mettre les gants avec Mary [Spencer] et Jess[ica] Camara, a raconté une Houle particulièrement souriante après un entraînement médiatique organisé dans un gymnase du quartier Saint-Henri à Montréal. Les filles étaient super contentes et optimistes quand nous leur avons annoncé que nous avions ce combat-là entre les mains.
« Je me suis également préparée avec Vanessa [Lepage Joanisse]. Elle m'a donné du gros sparring. [Les boxeuses amateurs] Charlie [Cavanagh], Sara [Kali], elles ont vraiment été super. Normalement, c'est difficile de trouver des filles, et là, j'ai eu la chance de faire un camp avec plein de filles aux styles différents et surtout, de grandes filles. Ce que nous voulions, car Ryan est plus grande. J'ai vu un peu de tout [pendant le camp d'entraînement]. Ç'a été merveilleux. »
Ce duel pour le titre vacant des poids mi-moyens de la WBO, Houle (8-0-1, 2 K.-O.) ne l'attendait pas nécessairement aussi tôt dans son parcours. La boxeuse entraînée par l'ex-aspirant mondial Sébastien Gauthier a disputé son premier et seul combat prévu pour huit rounds le 13 janvier, mais elle ne pouvait tout simplement pas laisser passer l'occasion d'affronter Ryan (5-1, 2 K.-O.).
« En partant, je ne refuse pas grand-chose, a lâché Houle. Je veux des défis et c'est en acceptant des combats comme ça que j'ai réussi à monter les échelons. Je suis dans les classements (5e à la WBA, 10e au WBC, 9e à l'IBF et 4e à la WBO, NDLR) et j'ai ma place dans ce combat-là. Ce n'est pas de la chance. J'ai fait mon chemin jusque-là et l'opportunité de me battre m'a été donnée. Ç'a juste été plus rapide que nous le pensions, parce que nous croyions que les ceintures étaient prises en otage par Jessica McCaskill. L'offre était sur la table et je ne voulais pas passer à côté.
« Mais nous nous sommes préparés pour [un combat prévu pour 10 rounds]. Nous avons fait des rounds et des rounds, sans arrêt, à lancer des coups de poing. Je le sais que je suis capable physiquement. Je le sais que j'ai l'énergie et l'adrénaline de combat-là va m'aider à me rendre jusqu'au bout. Dix rounds, c'est quatre minutes de plus qu'à mon dernier duel. C'est pas tant. »
Même si Ryan a vu la limite de dix rounds lors de chacun de ses trois derniers combats, Gauthier n'est pas impressionné outre mesure par l'Anglaise, dont il suit le parcours depuis longtemps.
« Sandy Ryan, ça prend un combat pour s'ajuster, a analysé celui qui a disputé 28 combats pros entre 2005 et 2014 après une brillante carrière dans les rangs amateurs. Elle n'est pas capable de s'ajuster pendant un combat, elle est trop émotive. C'est difficile de changer quelque chose que tu pratiques pendant des mois et des semaines de temps. Ça va être difficile dans ce combat-là.
« Nous comptons justement là-dessus... qu'il y ait une panique qui s'installe et les ajustements, ça sera à son équipe de les faire. Cela dit, je pense que nous allons la déstabiliser beaucoup. Je suis un ancien athlète et ma mentalité, c'est de gagner à tout prix, et c'est ce que j'ai demandé à Marie-Pier : de se donner, de se donner à tout prix. Tout le monde autour de nous s'est sacrifié. »
Fondamentalement, Houle n'avait pas à chercher la motivation bien loin pour ce combat. Du suicide de son père au diagnostic de cancer du sein de sa mère en passant par le décès de son adversaire Jeanette Zacarias Zapata en août 2021, elle ne se voit pas échouer si près du but.
« Je me dis que je n'ai pas vécu tout ce que j'ai vécu dans les dernières années pour que ça ne se termine pas comme je le voudrais au moment où j'ai l'opportunité de briller, a conclu Houle. Je n'en serai pas à mon premier rodéo. J'en ai vu des choses qui m'ont fait ressentir des feelings bizarres. Ç'a été des moments vraiment difficiles, mais c'est maintenant le temps de m'illustrer.
« Et je ne veux surtout pas stresser avec ça. Le mot stress, je le déteste. Je ne l'utilise pas pour décrire comment je me sens pour un combat, parce que je veux être dans la bonne zone, dans le bon mindset. Présentement, je suis dans un super bon mindset, je me sens forte, je me sens bien, je me sens en forme et je suis très confiante par rapport à ce que je m'en vais faire là-bas.
« C'est de la boxe. Il peut arriver n'importe quoi, mais il peut arriver n'importe quoi de mon côté aussi. C'est excitant. Je n'aurais pas pu faire plus que ce que j'ai fait. Je vais tout donner là-bas. »
Le combat entre Houle et Ryan sera tenu en sous-carte du gala mettant en vedette le champion des super-plumes Shavkatdzhon Rakhimov et son aspirant obligatoire Joe Cordina. L'événement sera présenté au Canada sur la plateforme de diffusion en continu DAZN à compter de 14 h.