MONTRÉAL - La présence du légendaire Roy Jones fils à la conférence de presse donnant le coup d’envoi aux activités en vue du combat du 25 mai entre Jean Pascal et Lucian Bute au Centre Bell n’avait rien d’anormale, à première vue.

Puisque l’ancien champion du monde dans quatre catégories de poids différentes est également analyste au réseau américain HBO - qui télédiffusera le duel -, cela donnait du prestige à l’événement, d’autant plus que Jones fait courir les foules partout où il passe.

Mais lorsqu’il s’est présenté à la foule en vêtements de sport plutôt qu’en veston-cravate, sa présence devenait soudainement un peu plus intrigante. Le chat est ensuite rapidement sorti du sac quand l’entraîneur Marc Ramsay a annoncé la venue d’une nouvelle recrue dans son équipe.

« Il faut regarder la carrière qu’il a eue, c’est un gars qui s’est spécialisé dans les combats avec les gauchers », s’est réjoui Ramsay. « C’est très intéressant d’avoir son point de vue. Il peut certainement amener des choses qui seront exploitables le soir du combat. »

« Et c’est un gars qui est extrêmement intelligent. Il n’est pas du genre à perturber tout le monde, il va se fondre dans le groupe. Il ne faut pas se fier à l’image qu’il pouvait projeter à un certain moment ces dernières années. »

Même si Pascal lui a téléphoné que tard lundi soir pour lui demander d’être à ses côtés aujourd’hui, Jones n’a pas hésité une seule seconde avant de prendre le premier avion pour Montréal depuis Pensacola en Floride.

« Je voulais travailler avec Jean depuis sa rivalité avec Bernard Hopkins », a expliqué Jones. « Je l’avais déjà entendu dire que j’étais l’une de ses idoles et puisque je comprends l’importance de ce combat pour le Québec, je ne pouvais tout simplement pas refuser son invitation. »

Au-delà de son expertise contre les gauchers, il ne faudrait pas oublier que « Junior » a été considéré de loin comme le meilleur de sa profession de la fin des années 1990 au début des années 2000.

Il a été champion du monde chez les moyens, super-moyens, mi-lourds et lourds et a signé au passage des victoires sur Hopkins, Éric Lucas, Virgil Hill, Antonio Tarver et Felix Trinidad pour ne nommer que ceux-là.

« Je serai là pour lui donner des conseils tactiques contre les gauchers, mais j’espère personnellement lui apprendre à prendre soin de lui pendant 12 rounds », a ajouté Jones. « Il est déjà en bonne forme physique, mais s’il peut améliorer cet aspect-là, ça ira très bien. »

Évidemment, Pascal était particulièrement fier d’avoir pu convaincre un homme de la trempe de Jones de joindre son équipe. Il imagine déjà très bien les bienfaits de cette association.

« Dans la vie, je dis toujours qu’il n’y a rien d’impossible. Jamais je n’aurais imaginé qu’il serait dans mon coin », a avoué Pascal. « C’est quelqu’un qui va me motiver, qui sait se battre et surtout se préparer. Il sera assurément une importante part de l’équation. »

« C’est quelqu’un qui possède le savoir et la technique. C’est le meilleur boxeur de tous les temps. À son sommet, il était le plus vif, le plus rapide et en plus, il cognait fort. »

Jones ne mettra pas les gants avec Pascal

Pour leur camp d’entraînement, Ramsay, Pascal, Jones et tout le reste de l’équipe mettront le cap sur Las Vegas, ville du vice, mais également capitale mondiale de la boxe. L’entraîneur pense que c’était le seul choix qui s’imposait.

« Las Vegas, c’est le royaume de la boxe, tant dans la présentation des combats que dans les gymnases », a révélé Ramsay. « C’est très occupé. »

« Mais ce projet, c’est beaucoup d’organisation. Il fallait trouver le médecin, le physiothérapeute, le massothérapeute, le nutritionniste et les endroits où nous nous entraînerons. Et c’est sans parler de l’endroit où nous demeurerons. »

L’entraîneur salivait surtout à l’idée que tout ce qu’il a imaginé dans la préparation de son protégé est sur le point de se concrétiser. Sans entrer dans les détails, il a laissé entendre que tous les partenaires d’entraînement ciblés seront en mesure de passer par Las Vegas.

« C’est au-delà de mes espérances », s’est exclamé Ramsay. « Généralement, il y a 10 noms sur ma liste et il n’y en a que 2 ou 3 qui finissent par accepter. J’aurai les 5 que je voulais. »

Et Jones ne sera pas du nombre, mais si ce dernier entend poursuivre sa carrière jusqu’à temps qu’il mette la main sur un titre des lourds-légers, le seul qui manque à son impressionnant palmarès.

Par ailleurs, Ramsay a rejeté toute forme de mésentente avec Pascal, expliquant que le boxeur était allé à Las Vegas ces dernières semaines simplement pour effectuer du repérage en vue du camp d’entraînement qui s’amorcera très bientôt.