Le combat entre Sergey Kovalev et Andre Ward qui sera présenté samedi soir au T-Mobile Arena de Las Vegas opposera deux grands boxeurs et évidemment deux très grands champions.

D’un côté, il y a le détenteur des titres WBA, IBF et WBO des poids mi-lourds et de l’autre, un médaillé d’or olympique en 2004 qui n’a pas subi la défaite depuis l’âge de 13 ou 14 ans.

Et c’est un duel qui aura énormément d’impact ici étant donné que trois - Adonis Stevenson, Eleider Alvarez et Artur Beterbiev - des cinq premiers boxeurs au classement de The Ring évoluent ici. À différents niveaux, le résultat aura un impact immédiat sur ces trois boxeurs.

Dépendamment de qui l’emportera et comment il l’emportera, le gagnant pourrait avoir un énorme pourvoir de négociation pour la suite des choses. Mais si le combat n’est pas porteur - comme le premier choc entre Chad Dawson et Bernard Hopkins -, le gagnant n’aura aucun pouvoir.

Bref, le résultat de samedi pourrait avoir une incidence sur une potentielle unification avec Stevenson, ce qui aurait évidemment une incidence sur Alvarez et une autre sur Beterbiev, puisqu’il se destine à devenir l’aspirant obligatoire du gagnant d’ici la fin de l’été 2017.

Pour ce qui est du combat Kovalev-Ward en tant que tel, je suis convaincu qu’il sera un régal pour les érudits. Du jeu d’échecs à haute vitesse, comme le disait Jessie Vargas au terme de son duel contre Manny Pacquiao il y a deux semaines. Ce sera du jeu d’échecs à très haute vitesse!

Ward voit, analyse et comprend tout ce qui se passe d’une manière extrêmement rapide. Peu sont en mesure de s’adapter comme l’ancien champion unifié des super-moyens le fait. Mais il faut évidemment posséder un certain niveau de connaissances pour en saisir toute la subtilité.

De son côté, Kovalev devra absolument trouver une façon de faire mal à Ward. S’il n’y parvient, il pourrait trouver la soirée longue, très longue même. Ward n’est peut-être pas un cogneur comme Kovalev, mais il frappe quand même avec autorité et s’il s’installe à l’intérieur et qu’il est capable de bousculer son adversaire, il devrait aller chercher une victoire relativement facile.

S’il y a un knock-out, il faut assurément favoriser Kovalev, sauf qu’il est difficile de s’imaginer que cela arrivera. Il ne faut pas trop se fier au dernier combat de Kovalev contre Isaac Chilemba, mais ce sont les habiletés défensives de Chilemba qui ont donné de la difficulté au Russe. Et comme Ward lui est supérieur à ce chapitre et qu’il frappe, comment ne pas le favoriser?

L’ancien entraîneur de Kovalev, Abel Sanchez, a suggéré que Ward aurait possiblement eu besoin d’autres combats avant d’affronter Kovalev, mais avec l’expérience amateur et professionnelle que possède l’Américain, permettez-moi ne pas être d’accord avec cela!

Ward a vu ce qu’il avait à voir pendant ses duels « préparatoires » contre Sullivan Barrera et Alexander Brand et je suis d’avis qu’il a livré une grande prestation contre Brand, un boxeur qui a connu du succès dans les rangs amateurs et qui possède également une solide mâchoire.

Ward a dominé tous les rounds de l’affrontement face à Brand et n’a jamais paru en danger, tandis que Kovalev a perdu des rounds contre Chilemba et qu’il a parfois manqué de solutions. Tout ce que je souhaite, c’est que ce choc soit porteur parce qu’il est extrêmement important.

Ce combat sera l’un des plus significatifs depuis longtemps et je n’hésite pas à le comparer à celui qui a opposé Thomas Hearns à Sugar Ray Leonard en 1981. À la différence que Hearns et Leonard étaient des célébrités, ce que Kovalev et Ward ne sont malheureusement pas encore.

Chose certaine, le gagnant du combat de samedi devra être considéré comme le meilleur « livre pour livre » de la planète, sans rien enlever à Roman « Chocolatito » Gonzalez que j’adore!

*Propos recueillis par Francis Paquin