KIEV - La foule est enthousiaste, des dizaines de mains se tendent vers lui : le célèbre boxeur ukrainien Vitali Klitschko surfe sur sa gloire sportive en faisant campagne pour les législatives du 28 octobre, promettant une lutte contre la corruption et un niveau de vie comme en Europe.

« Nous avons déclaré un combat pour l'Ukraine et nous allons le gagner », lance ce géant de plus de deux mètres, champion du monde WBC des poids lourds et opposant au régime ukrainien, sous les applaudissements de plusieurs centaines de sympathisants regroupés devant une scène dans un quartier de Kiev.

Son parti, Udar (« coup » en ukrainien), arrive en deuxième position dans les derniers sondages avec environ 16 % des intentions de vote, derrière le parti du président Viktor Ianoukovitch et au coude au coude avec la principale alliance d'opposition.

Cette percée impressionnante pour une formation qui n'était jusqu'ici active qu'à Kiev s'explique selon des experts par la déception générale des Ukrainiens tant vis-à-vis du pouvoir que vis-à-vis de l'alliance d'opposition comprenant notamment le parti de l'ex-première ministre incarcérée Ioulia Timochenko.

L'aîné des frères Klitschko sillonne le pays depuis des mois pour aller à la rencontre des électeurs, espérant que son parti va remporter 70 des 450 sièges de l'assemblée.

Faire campagne « n'est pas facile, mais je ne suis pas habitué à me plaindre », a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP.

« Mes méthodes en politique sont les mêmes que dans le sport : travail d'équipe et confiance en soi. Et ça marche », dit-il.

Portant une tenue informelle - jean, chemise et veston impeccable - Vitali Klitschko arrive dans un minibus noir et monte rapidement sur scène.

« Pourquoi je fais cela si la politique (en Ukraine) est une sale affaire? », lance-t-il devant une foule enthousiaste. Il donne aussitôt la réponse : sa mission est « d'entrer dans le monde politique pour le changer ».

Il promet aux électeurs de combattre la corruption et d'oeuvrer pour des « normes de vie européennes » dans cette ex-république soviétique où le salaire moyen dépasse à peine 300 euros.

« Le seul à avoir gagné ses millions honnêtement »

« Je n'ai pas besoin d'argent, de poste important ou d'immunité parlementaire », soutient ce millionnaire, qui possède avec son frère cadet Vladimir, lui aussi champion de boxe détenteur des titres mondiaux WBA-IBF-WBO, plusieurs sociétés de promotion du sport basées en Allemagne et aux États-Unis.

Des paroles convaincantes pour beaucoup. « Il est le seul en Ukraine à avoir gagné ses millions honnêtement », estime Alla, une comptable de 45 ans, présente à la manifestation.

« Je ne viens pas chercher vos voix, mais vos coeurs », enchaîne le boxeur, avant de descendre vers les participants pour serrer des mains et distribuer sa photo.

Certains médias soupçonnent Klitschko de travailler en sous-main avec les partisans du président Viktor Ianoukovitch, des accusations rejetées par le boxeur.

« Je ne me suis jamais vendu et je ne me vendrai jamais », a-t-il lancé récemment.

Le boxeur affirme au contraire que son parti subit des pressions de la part du pouvoir, citant notamment des « enquêtes judiciaires infondées » contre des candidats de son parti.

Il assure financer avec ses propres moyens « plus de la moitié » des frais de sa campagne, estimant son coût total à quelque 10 millions d'euros.

Si le Parlement ukrainien est réputé pour des rixes entre députés, Vitali Klitschko espère qu'il n'aura « jamais à recourir à ses acquis sportifs hors du ring ».

« Mais si les intérêts de l'État sont en jeu, je vais les défendre par tous les moyens », prévient-il.