Lorsqu‘il remontera dans le ring contre Jean Pascal le 18 janvier, Lucian Bute n‘aura pas disputé de combat depuis 14 mois, sa plus longue période d‘inactivité, en raison d‘une blessure. Bute devait donc sûrement regarder avec attention ce qu‘accomplirait Andre Ward, lui aussi de retour dans le ring après une absence de 14 mois causée par une blessure. Et Bute a probablement été rassuré par Ward qui n‘a à peu près rien perdu de sa superbe.

Le boxeur de 29 ans n'a aucunement paru rouillé lors de son duel contre Edwin Rodriguez qu‘il a dominé de bout en bout. Rodriguez a voulu profiter de cette inactivité de Ward en se ruant directement sur lui dès la cloche initiale, mais le champion WBC des super-moyens a su remettre les pendules à l‘heure. Ward, âgé de 29 ans, n‘a rien perdu de sa vitesse. Son jab a été redoutable, il a bien utilisé son crochet de gauche et a aussi été efficace avec ses coups au corps.

En l‘emportant de manière aussi décisive, Ward a tenu à lancer comme message qu‘il est bien de retour au sommet de l‘élite des 168 livres et qu‘il demeure un incontournable.

Qui sera son prochain adversaire? Après le combat, Ward n‘a voulu désigner personne. « Je vais attendre les défis qui me seront proposés. En attendant, je vais retourner au gym et revenir encore plus fort. »

On aura une meilleure idée de son adversaire d'ici trois semaines, soit après le combat d'Adonis Stevenson. Car oui, le champion québécois doit assurément figurer sur la courte liste d'adversaires potentiels. Stevenson et Ward ont en commun d'avoir puni Chad Dawson assez sévèrement. Ward était au Centre Bell lorsque Stevenson était devenu champion et selon lui, à l'époque, le Québécois devait encore faire ses classes pour espérer l'affronter. Il a détruit Tavoris Cloud et pourrait vaincre l'aspirant obligatoire à son titre des 175 livres le 30 novembre, Tony Bellew. Est-ce que ce sera suffisant aux yeux de Ward?

Sergey Kovalev peut aussi être considéré comme un adversaire potentiel pour Ward quoique j‘en doute.

Autre piste de réponse la semaine prochaine à l'issue du combat entre Carl Froch et George Groves. Froch demeure une option plus que probable, même si Ward avait totalement dominé le Cobra en finale du Super 6. Après sa défaite, Froch avait mentionné qu'il n'était pas à son meilleur, et force est d'admettre qu'il n'a probablement pas menti. Nous aurions droit à un très intéressant combat d'unification des titres WBA, IBF et WBC des super-moyens. Cette semaine, Ward a mentionné que malgré l'enthousiasme généré par les spectaculaires victoires sur Bute et Mikkel Kessler, Froch n‘est pas invincible. « Il a un bon menton et il demeure toujours face à l‘adversaire malgré les coups. Mais il peut être arrêté s‘il est atteint par des coups fluides. Je suis ouvert à un deuxième combat si lui le souhaite. »

Le nom de Bernard Hopkins revient également. Le détenteur du titre IBF des mi-lourds semble ouvert à toutes les propositions. Il ne faut pas négliger également les candidatures de Gennady Golovkin et Julio Cesar Chavez Junior.

Le mois de décembre sera donc bourdonnant de spéculations, et le Groupe Yvon Michel aura un rôle à jouer dans l‘échiquier.

UFC

Je ne veux pas ajouter mon grain de sel dans la controverse qui a marqué la fin du combat du UFC entre Georges St-Pierre et Johny Hendricks à Las Vegas samedi soir. Cependant j‘ai eu une pensée pour plusieurs blogueurs qui au lendemain d‘un résultat controversé en boxe, disent qu‘ils préfèrent le UFC en raison de son plus grand sérieux.

Je salue toutefois l‘intervention de Dana White qui, même si elle a peut-être manquée de tact, témoigne d‘un leadership et d‘une préoccupation à défendre l‘intégrité de son sport qui manque cruellement en boxe. Malgré les nombreuses décisions erratiques rendues en boxe, pas seulement au Nevada, mais à travers le monde, je ne me souviens pas avoir entendu une organisation décrier aussi sévèrement une décision. Et la menace de Dana White de ne pas revenir à Las Vegas apparaît comme un excellent moyen de pression. On imagine mal Jose Sulaiman du WBC tenir de tels propos.

Le rôle des tests

La dernière semaine qui a mené au combat Hendricks/St-Pierre démontre un autre phénomène que l‘on constate de plus en plus dans l‘univers des sports de combat : soit l‘utilisation des allégations de dopage comme technique d‘intimidation.

_Mon test est meilleur que le tiens!_

_J‘ai demandé les test avant toi!_

_Are you willing to take the test?_

On pourrait croire que les préoccupations antidopage sont un pas dans la bonne direction, mais ce n‘est pas particulièrement vrai selon la spécialiste Christiane Ayotte, directrice du laboratoire antidopage de l‘INRS. « C‘est particulièrement détestable et en tant que scientifique puriste, je n‘aime pas du tout voir les athlètes entrer dans les pratiques d‘intimidation que l‘on voit en boxe ou dans les arts martiaux mixtes. C‘est rendu que les accusations de dopage, ou qui est-ce qui est le mieux testé, ça fait partie de l‘intimidation. L‘INRS a été contacté et il est hors de question que l‘on donne notre approbation à ces tests si les programmes ne sont pas faits de façon solide comme pour tous les athlètes amateurs. Les boxeurs professionnels ou les combattants professionnels ont droit à la même protection. Ça fait partie du n‘importe quoi qu‘il y a souvent dans ce domaine comme dans bien d‘autres. »