TKO a déjà compté en ses rangs des vedettes de l'UFC telles que Georges St-Pierre et Patrick Côté par le passé et souhaite à nouveau servir de tremplin aujourd'hui. Certains combattants sont d'ailleurs sous la loupe.

Charles Jourdain fait partie des figures les plus populaires au sein de l'organisation, et avec sa fiche parfaite de 5-0 chez les professionnels (dont 4 K.-0. et 1 soumission), sa présence lors de l'évènement principal de TKO 41 : Champions est justifiée face à TJ Laramie. C’est jeudi qu’a été dévoilée la carte très relevée du gala du 8 décembre.

La conférence de presse dévoilant la carte de TKO 41Âgé de 21 ans, Jourdain a été dominant depuis ses débuts chez TKO, se défaisant consécutivement de Marc-Antoine Lidji, Michaël Cyr, Mathieu Morciano et l'ancien de Bellator Will Romero.

Loin d’oser prédire une victoire facile au premier round cette fois, le natif de Beloeil anticipe une rude bataille cet hiver. En quatre combats, Laramie (20 ans) n’a connu qu’un faux pas contre un adversaire bien classé en Alex Morgan et il a ensuite rebondi contre Jimmy Spicuzza grâce à une guillotine. L’expérience rentre peu à peu pour ces jeunes espoirs des arts martiaux mixtes.

« Ce qui est le fun quand on est jeune comme ça, c’est que la capacité d’adaptation et le changement entre chaque combat sont énormes, a analysé Jourdain en conférence de presse hier. Entre son combat contre Morgan et celui contre Spicuzza, il y a vraiment un gros gap. Si je me fie à ce que TJ était contre Spicuzza, ça va aller mal pour moi cette soirée-là. Je dois anticiper la meilleure version de ce qu’il peut amener, les meilleurs takedowns, le meilleur striking. Ça se peut qu’il reste debout et qu’il veuille striker avec moi, moi-même étant un striker. Les gens disent qu’il va peut-être lutter pendant cinq rounds, mais peut-être que non. On ne sait jamais. Peut-être que ça va être l’inverse. Peut-être que ça va être moi qui va l’amener dans un clinch. Il y a plein de variables, donc si tu t’entraînes trop spécifiquement et que la personne arrive avec de nouvelles armes, tu n’auras pas de réponses à ses questions. Donc tu dois te préparer pour la meilleure version de l’adversaire que tu as. »

Si cet affrontement semblait la suite logique des choses de chaque côté pour la finale, il aurait pu ne pas arriver tout de suite, relate le président de TKO Stéphane Patry.

« Il y a environ deux mois, j’ai reçu un appel en pleine nuit, vers 4 h du matin. Au bout de la ligne, c’était Hatsu Hioki, du Japon. De tous les champions qui étaient chez TKO quand on a arrêté les activités en 2009, tout le monde a pris sa retraite, sauf Hatsu Hioki. Quand il m’a appelé, il avait un très bon point : il n’a jamais perdu sa ceinture. Mais le problème avec Hioki, c’est qu’il restait un combat à son contrat avec l’organisation japonaise Pancrase et ce combat-là avait lieu le 8 octobre. On a attendu jusqu’à ce moment-là, mais finalement, Hatsu s’est fait passer le K.-O. au Japon. »

Dans l’attente d’une confirmation, Laramie avait quand même bon espoir de retrouver Jourdain comme plusieurs amateurs le désiraient.

« Je n’étais pas sûr à cause de l’affaire Hioki, mais dans mon esprit, je me préparais toujours pour Charles. Je me suis préparé pour lui tout l’été depuis mon dernier combat, je l’avais en tête à l’entraînement. Je crois vraiment que c’est le combat que plusieurs veulent voir. »

Au cours de la saison, les deux athlètes ont été témoins de leurs combats respectifs et ils se connaissent très bien.

« En se battant sur la même carte, c’est une belle occasion d’observer son futur adversaire, approuve Laramie. Il (Jourdain) se bat pour TKO depuis le début de sa carrière alors je peux voir comment il progresse. Je sais qu’il s’améliore à chaque combat, mais il y a assurément certaines choses qu’on peut apprendre de chaque combat. Il a offert d’excellentes performances, mais malgré tout on peut aussi déceler quelques petites failles. Nous allons continuer de visionner les combats et voir ce qu’on peut faire. »

Comme les arts martiaux mixtes c’est une histoire de famille chez les deux athlètes, leurs frères cadets se sont également affrontés en juin dernier. Louis Jourdain a alors eu le dessus sur Tony Laramie par décision unanime. Le clan Jourdain aura-t-il une fois de plus l’ascendant? Dans tous les cas, Charles estime qu’ils sont des combattants complètement différents.

« Vous avez vu mes performances contre (Michaël) Cyr et Will Romero, je suis une personne extrêmement patiente dans mes attaques. Nos frères par contre, ils sont all-in. C’est du "je vais te taper jusqu’à tant que tu tombes". C’est une très belle mentalité, ça prend du guts. Mais en étant les deux plus vieux frères, en ayant une certaine maturité de plus à cause du vécu, on est beaucoup plus patients. La dernière fois que TJ a été impatient, c’était contre Alex et il s’est fait clipper. Contre Spicuzza, il était beaucoup plus calme et calculé. Il est capable d’en prendre, je suis capable d’en donner. Être tough, c’est bon, mais être tough, ce n’est pas assez bon pour moi. »

De la pression sur les épaules

Habituellement très confiant en ses moyens, Jourdain admet avoir ressenti un niveau de stress incomparable à sa dernière sortie dans la cage. Heureusement, il a reçu l’appui nécessaire pour garder le contrôle sur ses émotions et il a surmonté ce test avec succès.

« À TKO 39, j’avais énormément de pression. J’affrontais Will Romero, j’avais ma face sur un énorme poster, le monde venait me voir pour des photos avant le show. C’était la première fois de ma vie que j’avais le trac. J’ai commencé à shaker et il fallait que je me calme. Jo Vallée, un autre combattant de TKO, m’a dit : "qu’il y ait 1000 personnes, 10 000 ou 0, tu es bon dans ce que tu fais alors continue de bien faire les choses et rien de mal ne pourra t’arriver". Ces mots-là m’ont vraiment relaxé. Je performe bien sous la pression, mais c’est sûr qu’on n’a pas beaucoup d’expérience. C’est seulement mon sixième combat professionnel, et je vais faire une finale au Centre Bell, je ne sais pas comment ça va marcher. Je vais peut-être demander à Jo de me faire un autre speech avant. »

Plus les victoires s’accumulent, plus les attentes sont grandes envers lui. Il essaie donc de canaliser ses énergies au bon endroit et de faire abstraction du bruit autour de lui.

« Je n’accorde pas nécessairement d’importance à ce que les gens pensent. Le plus important, c’est ce que tu penses de toi et comment toi tu te vois. J’ai un cercle extrêmement fermé : il y a moi, mon frère Louis, mon coach Eric (Bertrand) et mon coach de jiu-jitsu LP (Louis-Philippe Gauthier). Nous on le sait, c’est tout ce qui est important. Quand Louis a perdu son dernier combat (contre Atsushi Fujino), on était sans mot. Louis a perdu, mais on avale la pilule et on avance. Louis l’a dit, on ne fait que retarder l’inévitable. Parce que Louis le sait en dedans de lui qu’il va se rendre au but, qu’il va avoir la ceinture, mais il va y avoir des embûches. Plus on accorde de l’importance à ce que les gens pensent autour, plus on va se mettre du stress parce qu’on veut trop performer pour les gens. Mais tu ne performes pas pour eux, tu performes pour toi. »