MONTRÉAL – On disait de Kyoji Horiguchi qu’il était peut-être le seul poids mouche capable de rivaliser de vitesse avec Demetrious Johnson.

Horiguchi a peut-être réussi à semer le doute sur ce point samedi soir au Centre Bell. Peut-être. Mais c’est tout ce qu’on peut lui donner. La grande polyvalence de Johnson lui a permis de neutraliser le principal atout de son aspirant sans problème et de défendre son titre de champion pour la sixième fois consécutive en finale de l’UFC 186.

Celui qu’on surnomme « Mighty Mouse » a triomphé devant 10 154 spectateurs, de loin la plus petite foule des sept événements de l’UFC tenus à Montréal.

Johnson a servi une clinique de lutte qui lui a permis d’user son adversaire à la corde avant de mettre fin au spectacle avec une spectaculaire clé de bras à 4:59 du cinquième et dernier round. Il s’agit de la soumission la plus tardive de l’histoire de l’organisation.

« Mon record avait été brisé il n’y a pas si longtemps, alors je me suis dit que si j’attendais à la toute dernière seconde, personne ne pourrait le battre une deuxième fois à moins qu’il y a un jour un sixième round! », a rigolé Johnson, faisant référence à la clé de bras qu’il avait servie à John Moraga en 2013.

C’est au début du deuxième round que Johnson (22-2-1), après s’être fait légèrement brasser la cage par un rival encore fringant, a commencé à mettre en pratique sa stratégie victorieuse. Au grand dam d’une foule exigeante, le champion s’est mis à amener le combat à l’horizontale à répétition.

Au troisième round, Johnson a signé un bail pour s’installer dans la demi-garde de Horiguchi, impuissant dans l’emprise de l’homme à battre. Copier-coller au quatrième round, au cours duquel le sang a commencé à jaillir du nez du Japonais.

Johnson a entamé le dernier assaut avec une autoritaire amenée au sol à une jambe, donnant le ton à cinq minutes de domination. Ou pas tout à fait! Au terme d’une irrésistible poussée de dernière minute, le champion incompris a fait son chemin vers une prise de soumission qui a forcé l’arbitre Yves Lavigne à confirmer sa victoire une seconde avant que ne retentisse la sirène finale.

Quatre des cinq derniers adversaires de Johnson ont capitulé avant la limite.

« Si vous comprenez la moindre de chose aux arts martiaux mixtes, vous êtes en mesure de reconnaître la qualité du travail de ce gars-là. Anderson Silva n’était pas la plus grande vedette lorsqu’il était champion. Chuck Liddell n’a pas toujours été reconnu comme une étoile. Comme eux, son jour viendra », a affirmé le président de l’UFC, Dana White, pour défendre son monarque des 125 livres.

Auteur de quatre victoires consécutives depuis son arrivée à l’UFC, Horiguchi (15-2) a subi sa première défaite en dix combats.

Rampage gagne sans impressionner

Fabio Maldonado en redemandait. Le public montréalais en aurait pris davantage.

Les attentes étaient élevées envers Quinton « Rampage » Jackson. Ajout de dernière minute à la carte de l’UFC 186, l’ancien champion des mi-lourds a réussi son retour dans l’organisation, mais non sans laisser ses fidèles sur leur appétit.

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Jackson, qui avait déserté l’UFC pour le concurrent en raison d’un différend contractuel il y a deux ans, a défait le Brésilien Fabio Maldonado par décision unanime en demi-finale de l’événement.

« Je suis de retour! », a crié Rampage en affichant un grand sourire à la caméra après sa victoire, sa quatrième de suite mais sa première à l’UFC depuis mai 2011.

Face à un adversaire reconnu pour sa durabilité beaucoup plus que pour sa technique, Jackson n’a jamais été réellement inquiété. Maldonado (22-8) avait beau implorer son célèbre adversaire de beurrer plus épais après chaque rafale de coups, ses répliques étaient trop rares pour en faire un prétendant sérieux.

« Honnêtement, j’étais juste content de ne pas affronter un gars qui chercherait désespérément à m’amener au sol! », a commenté Jackson.

La condition physique de Jackson était peut-être son plus grand adversaire. Inactif depuis près d’un an, il avait juré que sa préparation n’avait pas été affectée par l’incertitude qui avait précédé son arrivée à Montréal, mais l’athlète de 36 ans a commencé à respirer plus laborieusement à partir du deuxième round.

Néanmoins, un adversaire moins résistant serait probablement tombé sous les coups du vieux loup de Memphis. Maldonado a encaissé comme un robot, avalant les poings au corps et les coudes au visage sans cligner des yeux.

Un juge généreux a donné un round à Maldonado, qui n’aura que ce prix de consolation à ramener à la maison.

Bisping passe le premier test

Il est permis de douter de sa viabilité, mais au moins, le nouveau plan de Michael Bisping tient toujours la route.

Bisping, qui avait proclamé qu’il entendait se servir de C.B Dollaway comme tremplin pour se propulser une fois de plus vers le sommet de la division des poids moyens, a signé une éprouvante victoire par décision unanime à son retour dans l’octogone.

C.B. Dollaway et Michael BispingCouché par un crochet de la gauche dans la dernière minute du premier round, le « Count » a survécu à la tempête et misé sur le volume de ses frappes pour regagner la faveur des juges. La 26e victoire de sa carrière s’est concrétisée par la réception de trois notes de 29-28.

« J’étais debout en train d’échanger et l’instant d’une seconde, je me suis retrouvé sur le derrière. Je me suis alors dit ‘Merde, ça ne se passe pas vraiment comme je l’avais prévu!’, mais j’étais encore dans le coup, j’étais correct », a expliqué Bisping.

Peu impressionné par la puissance des coups de Bisping, qui risquait de subir une deuxième défaite consécutive pour la première fois de sa carrière, Dollaway a accepté de confronter l’Anglais sur son terrain de jeu. Faut dire que ses rares tentatives d’amener le combat au sol n’ont rien montré de convaincant.

La gauche du négligé a continué de toucher sa cible périodiquement, mais la quantité des frappes de Bisping permettait de faire oublier les rares bons coups de son vis-à-vis.

Dans les derniers instants du combat, la condition physique supérieure de Bisping lui a permis de lancer un assaut final décisif qui a effacé les doutes qui pouvaient subsister quant au verdict final.

Victime de Lyoto Machida en décembre, Dollaway (15-7) traverse maintenant une séquence de deux défaites.

Makdessi, un hôte intransigeant

John Makdessi avait senti le besoin de se ressourcer, de retrouver le feu sacré. Il ne s’était pas battu depuis plus d’un an lorsqu’il est arrivé sous les projecteurs du Centre Bell.

John MakdessiVisiblement, le repos lui a fait le plus grand bien. Makdessi a défait Shane Campbell par K.-O. technique à 4:53 du tout premier round.

Campbell, une verte recrue de l’UFC qui avait accepté de remplacer à pied levé l’adversaire initial pour lequel se préparait Makdessi (13-3), n’a pas fait le poids contre un vétéran qui disputait son neuvième combat au niveau supérieur.  

Le représentant du Tristar Gym s’est avéré un hôte intransigeant. Il a envoyé son visiteur au sol à sa guise quand celui-ci a fait preuve d’un peu de vigueur en début de combat, puis s’est affairé à lui refaire le portrait dans la deuxième portion du round initial.

Makdessi a envoyé Campbell (11-3) au tapis avec une solide droite avec deux minutes à faire au premier assaut. Seule la clémence de l’arbitre Philippe Chartier a permis à l’Ontarien exilé en Colombie-Britannique de survivre.

Mais le scénario s’est répété alors que venaient d’être annoncées les dix dernières secondes du round. Cette fois, Campbell ne s’en est pas sorti indemne.

Makdessi a ainsi célébré sa quatrième victoire en cinq combats.

Le train a frappé Jabouin

Yves Jabouin voyait d’un bon œil l’opportunité qui lui était offerte de faire dérailler le train aux commandes duquel Thomas Almeida était arrivé à toute allure à Montréal.

Mais c’est le jeune qui a fait la barbe au vétéran.

Yves Jabouin et Thomas AlmeidaJabouin n’a pu entacher la fiche parfaite du Brésilien samedi soir au Centre Bell. Le Montréalais s’est incliné par K.-O. technique à 4:18 du premier round dans le premier combat de la carte principale.

Un cogneur expérimenté, Jabouin (20-10) a surpris en exécutant une percutante amenée au sol dans la deuxième minute du combat. Mais Almeida (18-0) n’a pas figé devant l’imprévisibilité de la stratégie. Il s’est relevé et s’est embarqué dans une bataille debout que Jabouin s’est fait un plaisir d’animer.

Jabouin a répliqué coup pour coup jusqu’à ce qu’il se retrouve coincé contre la cage dans la dernière minute de l’engagement. Les attaques du jeunot de 23 ans sont rapidement devenues sans réponse, si bien que l’arbitre Yves Lavigne a jugé qu’il valait mieux mettre fin au duel. 

Jabouin, qui était parvenu à surprendre Mike Easton à sa sortie précédente, a été incapable d’aligner une deuxième victoire consécutive pour la première fois en trois ans.

Almeida a été récompensé pour sa performance en décrochant l’un des trois bonus de 50 000$ remis par ses patrons au terme de la soirée.

Les combats de l'UFC 186

Carte principale

Demetrious Johnson bat Kyoji Horiguchi par soumission (clé de bras) à 4:59 du 5e round -- championnat des poids mouches
Rampage Jackson bat Fabio Maldonado par décision unanime (29-28, 30-27, 30-27) -- poids compromis (215 livres)
Michael Bisping bat CB Dollaway par décision unanime (29 x 28) -- poids moyens
John Makdessi bat Shane Campbell par K.-O. (coups de poing) à 4:53 du 1er round -- poids compromis (160 livres)
Thomas Almeida bat Yves Jabouin par K.-O. (coups de poing) à 4:18 du 1er round -- poids coqs

Carte préliminaire

Patrick Côté bat Joe Riggs par décision unanime (29-28 x 3) -- poids mi-moyens
Alexis Davis bat Sarah Kaufman par soumission (clé de bras) 1:52 du 2e round -- poids coqs (femmes)
Chad Laprise bat Bryan Barberena par décision unanime (29-28, 29-28, 30-27) -- poids légers
Olivier Aubin-Mercier bat David Michaud par soumission (étranglement arrière) à 3:24 du 3e round-- poids légers

Carte pré-gala

Nordine Taleb bat Chris Clements par décision unanime (30-27 x 3) -- poids mi-moyens
Valérie Létourneau bat Jessica Rakoczy par décision unanime (30-27, 29-28, 29-28) -- poids pailles (femmes)
Randa Markos bat Aisling Daly par décision unanime (30-27, 29-28, 29-28) -- poids pailles (femmes)