On avait hâte de voir le Québécois Olivier Aubin-Mercier fouler l’octogone face au Brésilien Diego Ferreira dans le cadre de son cinquième combat en UFC, samedi, au New Jersey.

Malheureusement pour le combattant originaire de Saint-Bruno-de-Montarville, le duel s'est soldé par un gain du Sud-Américain par décision unanime des juges.

Je comprends Olivier d’être déçu d’avoir essuyé le deuxième revers de sa carrière en UFC, parce qu’il n’est pas le moins habile des deux combattants. L’élément de surprise qu’a présenté Ferreira a toutefois été déstabilisant. Même si je suis persuadé que la préparation n’a pas été négligée par le clan d’Aubin-Mercier, un constat s’impose : il ne s’attendait pas à ce que son adversaire déploie de telles qualités de boxeur, et le Brésilien en a tiré profit durant les deux premiers engagements en plaçant systématiquement ses coups.

Olivier Aubin-MercierConfronté à cette situation inattendue, le Québécois n’a pas effectué, à mon avis, les ajustements requis pour contrer l'efficacité avec laquelle Ferreira touchait la cible. Malgré lui, ses mouvements l’amenaient à se placer vers le côté fort du droitier, qui ne demandait pas mieux. À cet égard, j’avoue avoir trouvé que les ajustements stratégiques ont manqué.

Au fur et à mesure que le doute s’installait dans la tête d’Aubin-Mercier, il se sentait de moins en moins à l’aise d’utiliser toutes les armes de son répertoire.

Puis au troisième round, lorsqu’Olivier a réussi une deuxième amenée au sol en l’espace d’une trentaine de secondes, Ferreira a utilisé le momentum à son avantage pour contrer ses plans, et c’est là que le Brésilien s’est assuré d’obtenir la faveur des juges.

Je sais qu’Olivier a été dur envers lui-même pour la façon dont il a géré ce moment précis de l’affrontement. Il s’en voulait de s’être retrouvé dominé à la suite du renversement de son adversaire, précisant que selon son évaluation, il s’était montré trop nonchalant. Je crois plutôt qu’il avait réussi facilement la projection, mais que l’élan qu’il s’est donné l’a propulsé juste assez loin pour ouvrir la porte à Ferreira, qui a réagi vite comme l’éclair.

Je ne suis pas psychologue sportif, mais j’ai suffisamment de vécu en la matière pour comprendre que dans les jours suivant une défaite, on revoit sans cesse défiler dans notre esprit le film de ce qui n’a pas fonctionné. C’est une réaction normale de détester la défaite encore plus que l’on apprécie la victoire.

Après que la poussière soit retombée, Olivier devra s’asseoir et analyser froidement la bande vidéo de son combat. On prend souvent pour acquis que les entraîneurs sont chargés de détecter ce qui a fait défaut et de rectifier le tir avant que cela ne se reproduise pas. Dans le cas qui nous occupe, je pense qu’il gagnera beaucoup à prendre conscience des opportunités qu’il n’a pas saisies face à Diego Ferreira. Il en sortira grandi. Et je ne suis nullement inquiet pour lui, parce que malgré la déception de samedi, il demeure un combattant au potentiel énorme.

Erreur impardonnable de Bader

Lors du combat principal, on a bien vu dès le son de cloche annonçant le début du round initial que Ryan Bader n’avait aucune intention de rester debout et d’échanger coup pour coup avec un adversaire aussi puissant qu'Anthony Johnson.

La première tentative de projection au sol de celui qu’on surnomme « Darth » a mené à sa perte, car elle a été exécutée de beaucoup trop loin, en plus d’être trop prévisible. Il a rendu la tâche relativement facile pour Johnson, qui l’a renversé avec un sprawl bien réalisé. Dans une séquence de gestes étrange, Bader a ensuite tenté le kimura et s’est entêté à demeurer dans cette position même lorsque son rival était rendu en montée complète. Même avec le recul, je n’arrive pas à m’expliquer ce qu’il a pu penser. C’était réellement une erreur digne d’un débutant!

Ryan BaderDes erreurs tactiques aussi flagrantes, la plupart du temps, ne resteront pas sans conséquences... Et encore moins contre Anthony Johnson, l’un des cogneurs les plus dévastateurs de l’UFC. Piégé dans cette position précaire, ce qui devait arriver à Bader arriva ; trois ou quatre bons coups de poing plus tard, l’officiel mettait fin aux hostilités après 80 secondes.

Difficile de ne pas percevoir cela comme un grand pas en arrière pour Bader, qui rêvait à un combat de championnat chez les mi-lourds après être parvenu à remporter ses cinq combats précédents. C’est devenu une situation qu’on observe fréquemment en arts martiaux mixtes : un spécialiste de la lutte qui paraît pratiquement invincible jusqu’au jour où il se retrouve sur le dos, en position où il doit se défendre et parer les coups.

Johnson, pour sa part, devra vraisemblablement se contenter rôle de spectateur au cours des prochains mois, dans l’attente comme tout le reste de la planète UFC que la revanche entre Daniel Cormier et Jon Jones se matérialise.

Le vétéran combattant s’est relevé de brillante façon depuis le revers encaissé face à Cormier en mai 2015, avec deux gains consécutifs, dont celui-ci contre un rival qui semblait en pleine ascension dans la division. Il devra cependant s’armer de patience tandis qu’on met la table pour le gigantesque coup de marketing que sera le 2e volet de Cormier-Jones.

Northcutt étouffé par les attentes?

L’un des dangers qui guette un espoir générant autant d’engouement que le jeune Sage Northcutt dans l’UFC, c’est d’être étouffé par l’attention au point de ne pas pouvoir livrer la marchandise.

Sage Northcutt et Bryan BarberenaÀ 19 ans seulement, Northcutt (7-1) est devenu l’un des joyaux de l’organisation en raison de son côté spectaculaire, de son énergie et de son look de beach boy. Mais samedi, son retour sur terre a été fracassant contre Bryan Barberena (11-3), un combattant de 26 ans fraîchement arrivé dans l’UFC.

Tout avait été beau dans le meilleur des mondes pour le jeune homme depuis ses débuts. C’était la première fois qu’il était réellement sorti de sa zone de confort, et on a vraiment senti un élément de panique dans sa réaction.

La prise d’étranglement que Barberena n’était réussie qu’à 50 % lorsque Northcutt a tapé sur les côtes de son adversaire en guise d’abandon. Rendu dans l’élite de la discipline, une telle technique, particulièrement lorsqu’elle n’est pas complétée, n’est pas sensée se terminer en abandon.

Il y a certainement eu un élément de panique, et au lieu d’aller puiser dans ses réserves, il a agité le drapeau blanc. À lui de se relever de cet échec et de montrer qu'il mérite d'être le nouveau poster boy de l'UFC!

Je me permettrai d'être sélectif

Un petit commentaire personnel en terminant, trois semaines après ma dernière apparition dans l’octogone face à Ben Saunders.

On demeure à la recherche d’un rival qui, idéalement, répondra à au moins un des deux critères suivants : un combattant classé dans le top-15 de la catégorie des mi-moyens, et un nom possédant une certaine notoriété dans l’organisation et auprès des partisans d’arts martiaux mixtes.

Si l’on regarde ce que j’ai accompli depuis que je me suis joint à la division des 170 livres, particulièrement les prestations livrées à mes deux dernières sorties, je pense que je peux me permettre d’être sélectif.

J’ai toujours été un bon soldat et je ne me rappelle pas d’avoir exigé quoi que ce soit aux dirigeants de l’organisation par le passé. Mais cette fois, compte tenu du contexte et de mon âge, j’estime que j’ai le droit de faire une demande. Il y a des limites à la longévité et je veux que mes prochaines confrontations soient significatives pour l’avancement de ma carrière dans l’UFC.

Récemment, j’ai tendu une perche à Matt Brown, classé 6e aspirant, par l’entremise de Twitter. On lui a cependant déniché un affrontement avec Demian Maia, et je comprends parfaitement l’Américain d’avoir accepté ce combat. J’aurais fait pareil à sa place.

L’une des options que cela me laisse, c’est de défier Nick Diaz, dont la fin de la suspension pour dopage est prévue pour le mois d’août. Ce n’est pas la première fois que je mentionne son nom, et pour cause, car le timing serait idéal pour moi, puisque je veux accorder un repos à mon corps après avoir combattu trois fois en l’espace de dix mois.

Diaz a été vaincu à ses trois derniers combats, mais il reste un adversaire de qualité, et je crois franchement que cela ferait un combat très monnayable pour Dana White. La balle est dans son camp!

* Propos recueillis par Maxime Desroches