Il y a quelques années, Radio-Canada avait lancé une campagne publicitaire propulsée par le slogan De tout pour faire un monde. Ou du moins quelque chose qui s’y apparentait fortement.

J’ai eu beau fouiller dans tous les petits racoins de mon cerveau pour voir si je ne pouvais pas trouver un vers de Neruda (ça m’aurait étonné, je ne l’ai jamais lu) ou une ligne de Dylan qui m’aurait permis d’amener mon sujet avec plus de panache, mais ces six mots me revenaient constamment dans la tête et bloquaient la voie à toute autre idée qui aurait voulu s’y frayer un chemin.

Et comme c’était dimanche soir et qu’il commençait à se faire tard, j’ai décidé d’arrêter de m’obstiner avec le petit ange perfectionniste qui se fumait un cigare sur mon épaule droite et d’aller de l’avant avec ce simple slogan. Pas très original, mais vous verrez, il est à propos.

_De tout pour faire un monde._ Vous ne trouvez pas que ça cadre bien avec l’essence de ce que sont les arts martiaux mixtes? Parce qu’il n’y a pas un seul amateur de sport de combat, même s’il est de la vieille école et qu’il est toujours réticent à embrasser les MMA, qui ne peut pas trouver son compte avec ce best of de disciplines.

Les arts martiaux mixtes ont beaucoup à offrir. C’est vrai dans la cage ou dans l’arène, mais ça s’applique également à tout ce qui se passe à l’extérieur de l’aire de combat. Depuis que vous suivez le sport, combien de gars ont gagné – ou perdu - votre admiration pour ce qu’ils font AVANT que le combat ne commence? C’est un fait, la planète MMA est habitée par de grands athlètes, mais aussi par de talentueux entertainers

Inutile de fouiller bien loin pour trouver de dignes candidats. Depuis le début de l’année, Chael Sonnen, Michael Bisping et Nick Diaz ont su attirer notre attention bien avant que la porte de l’octogone ne se referme derrière eux. Certains l’ont fait de façon plus calculée que d’autre, mais l’effet est le même. On les aime ou on aime les détester, mais ils ne nous laissent pas indifférents.

Ivan Menjivar, un oiseau rare

Il n’est toutefois pas dans la nature de tous de rechercher l’éclat des projecteurs. Faites le tour de la liste de paie du UFC, par exemple, et vous ne trouverez probablement pas plus simple et humble que le Montréalais Ivan Menjivar.

Dans une cage, Menjivar possède tous les outils pour se démarquer. Si vous ne le connaissez pas déjà, je vous invite à lire ce portrait que j’avais rédigé avant son combat face à Charlie Valencia au UFC 129. Si vous ne l’avez jamais vu à l’œuvre, vous en aurez la chance mercredi soir au tout début de la carte principale qui mettra en vedette Jake Ellenberger et Diego Sanchez.





À l’extérieur, par contre, Menjivar mène son petit train quotidien sans dire un mot plus haut que l’autre. Il aime sa place dans l’ombre… mais ne se gêne pas non plus pour avouer qu’il espionne ce qui se passe devant les caméras et ce qui se dit derrière les micros.

“J’aime ça, c’est bon pour le sport!”, m’a dit Menjivar, avant de s’envoler pour le Nebraska, lorsque je lui ai demandé ce qu’il pensait des combattants qui utilisent tous les petits trucs du métier pour faire parler d’eux.

“Je suis content qu’il y ait des gars comme moi et qu’il y en ait des plus fous. Si tout le monde était comme moi, ça serait comme… le golf!”

"On est tous différents. Si on était tous des bons gars, ça serait ennuyant. Les amateurs n’auraient pas de point d’attache. J’ai toujours dit aux jeunes qui veulent suivre nos traces de ne pas oublier que les arts martiaux mixtes, c’est un sport, un spectacle et une business L’amateur qui se déplace à un gala veut avoir du plaisir avec ses amis. Pour 100$, il s’attend à sauter partout et à vivre des émotions fortes. Et tout ce qui se passe avant les combats contribue à augmenter l’intérêt pour ce genre de soirées.”

Calme et posé, Menjivar a quand même son petit côté givré. Avant la victoire ou la défaite, le natif du Salvador se soucie surtout de mettre un sourire dans le visage de ses fans Ses performances ne sont jamais ennuyantes, mais ses pirouettes d’après-victoire sont tout aussi légendaires. Autre exemple de sa folie : au UFC 129, il avait trimballé une main griffée qu’il s’était amusé à exhiber en hommage au héros de bandes dessinées Wolverine.

C’est bien, mais Menjivar est le premier à admettre que c’est de la petite bière comparativement à ceux qui l’amusent le plus par leur folie.

“J’aimais beaucoup Jason Miller à l’époque où il avait son émission de télévision. J’ai aussi toujours admiré Sakuraba et Genki Sudo, des gars qui ont utilisé le MMA comme un tremplin pour une autre carrière. Plus récemment, on a vu Rampage faire un peu la même chose avec son projet de film. C’est bon, parce qu’on ne peut pas se battre éternellement.”







Une question d’équilibre

Vous avez besoin de vous lever de bonne heure si vous souhaitez lui soutirer une déclaration controversée. Joël Legendre va vous souhaiter un cancer avant qu’Ivan Menjivar ne dise un mot de travers à propos de quelqu’un.

“Ça ne m’est jamais arrivé de détester un adversaire, avoue-t-il après un instant de réflexion, comme s’il n’y croyait pas lui-même. Honnêtement, ils ne m’ont rien fait de mal, alors je ne vois pas le point.”

“Et en fait, je me sens plus à l’aise de me battre quand j’aime bien mon rival. Il est plus facile à frapper! Parce que ça devient alors un ami, un camarade. On fait la même chose, on aime le même sport. Quand on commence à penser qu’on n’aime pas notre adversaire, ce n’est plus du sport. C’est de la méchanceté, de la violence et ce n’est pas bon.”

Vous croyez avoir tout entendu? Vous venez tout juste de vérifier si vous n’êtes pas tombé par mégarde sur le blogue de Claire Lamarche? Attendez de lire celle-là.

"Je sais que peu de gens l’ont remarqué, mais dans le feng shui l’octogone est le signe de tous les éléments. Il représente l’équilibre, le ying et le yang Étrangement, c’est là-dedans qu’on se bat. Je trouve qu’on est privilégié de se battre dans une enceinte à huit côtés. C’est très harmonieux. Ça ne représente pas seulement la bataille et la guerre…2

Sérieusement, comment ne pas se ranger derrière un gars comme lui?

Maintenant, la parole est à vous. Quel est votre type de combattant? Avez-vous un petit faible pour les grandes gueules? Qui n’êtes-vous plus capable de sentir et qui se démarque le plus par son originalité? Pour ceux qui suivent le sport depuis plus longtemps, plongez dans vos souvenirs et faites nous découvrir vos entertainers de l’époque!

_Si vous êtes sur Twitter, il est possible de me suivre_ @NicLandryRDS.