MONTRÉAL – Certains des mots qui sont sortis de sa bouche ce soir-là ne se répètent pas. D’autres sont simplement effacés de sa mémoire.

Steve Bossé a été emporté par l'excitation au terme de son plus récent combat dans l'octogone. Pour toutes les bonnes raisons, les secondes qui ont suivi sa spectaculaire victoire par K.-O. contre James Te Huna samedi dernier à Brisbane, en Australie, sont confuses.

« Je savais que si je perdais ce combat-là, c’était la fin de mon aventure à l’UFC. Il n’y avait pas de meilleur scénario que de gagner de cette façon-là, alors les émotions débordaient », racontait le "Boss" à son retour au pays.

Les réactions de Steve Bossé à RDS2

Neuf mois après s’être fait envoyer dans les limbes pour la première fois de sa carrière, Bossé a retrouvé des sensations familières contre Te Huna, la malheureuse victime de son retour en forme. Le colosse de Saint-Jean-sur-Richelieu n’a eu besoin que de 52 secondes pour éteindre les lumières de son adversaire, un dénouement à l’opposé de ce qu’il avait expérimenté à ses débuts à l’UFC contre Thiago Santos.

C’était la première fois que Bossé terminait un combat en moins d’une minute depuis sa victoire sur la scène locale montréalaise face à Yan Pellerin, qui est aujourd’hui son partenaire d’entraînement et qui était dans son coin samedi.

« Je pense que j’ai feinté un jab, j’ai rentré une droite au corps et je suis revenu avec un crochet. J’ai ensuite esquivé son propre crochet et c’est pour ça que je me suis retrouvé un peu sur les talons. Ma droite est passée en même temps qu’il s’approchait de moi. Ça a été parfait, c’est ça qui fait que la snap a été bonne. Il est tombé comme les tours du World Trade Center. Dès que ça a connecté, je savais que c’était fini. »

Autant Bossé, à son grand désarroi, se plaignait de ne pas avoir eu le temps de démontrer son savoir-faire après sa défaite expéditive contre Santos, autant il n’a laissé le temps à personne de mesurer toute l’étendue de ses progrès contre Te Huna. Mais pour celui qui a passé 81 secondes dans l’octogone après deux bagarres à l’UFC, il ne s’agit là que d’une preuve de sa préparation sans faille.

« J’affrontais un gars qui met beaucoup de pression et qui engage souvent les échanges assez tôt dans le combat. Avec mes entraîneurs, on avait comme plan de mêler les cartes et de l’attirer. Je devais me déplacer un peu en chasseur et lui faire manquer ses attaques. C’était à moi de décider quand il y aurait un échange de coups et, une fois le moment choisi, de doubler mes attaques avec des combinaisons. C’est ce que j’ai fait à deux reprises », explique l’athlète de 34 ans.

« Le plan de match a été appliqué à la perfection, se félicite le Québécois. Je l’ai fait manquer deux fois. La deuxième fois, il baisse les bras et il hoche la tête en se disant "Tabarnane, pourquoi il se sauve tout le temps". Et c’est là que je rentre avec une combinaison. »

Déjà prêt à recommencer

Il y avait plus que de la joie dans les célébrations de Bossé. Il y avait aussi du soulagement. Pour avoir conservé ses chances d’être rappelé par ses patrons, d’abord, mais aussi pour avoir prouvé à ses dénigreurs ce qu’il savait déjà au plus profond de lui-même : qu’ils avaient tort de douter de lui.

« Beaucoup de gens avaient eu la critique facile à mon égard parce que j’ai quelque chose de différent des autres, réalise celui qu’on s’acharne encore à qualifier de goon. Je viens d’un autre milieu. Parce que j’ai eu une carrière au hockey, plusieurs personnes ont aimé voir mon échec. Elles ne pensaient pas que j’avais le talent pour être compétitif dans l’organisation d’arts martiaux mixtes la plus prestigieuse. »

« Moi, je sais que je ne suis pas là par chance, enchaîne celui qui montre une fiche de 11-2. Ce sont les gars que j’ai battus dans le passé qui ont fait en sorte que j’ai pu avoir mon billet pour l’UFC. Je sais que je suis capable de donner des bons combats. Je ne dis pas que je vais être le champion du monde prochainement, mais je sais que je peux tenir mon bout et donner des bonnes guerres. Une victoire comme celle-là, ça vient juste prouver que j’ai ma place là et que je peux être là pour un bout. »

« L’aventure à l’UFC, elle va se terminer quand j’aurai vraiment le sentiment que ma route est terminée. Mais pour le moment, ce n’est pas le cas », met au clair le populaire pugiliste.

Après s’être déplacé en Floride et en Australie pour vivre son rêve, Bossé pourrait faire son prochain arrêt à Ottawa. Après sa victoire contre Te Huna, le mi-lourd a conversé avec Tom Wright, le directeur des opérations canadiennes de l’UFC. Sa présence sur la carte du 18 juin, pour laquelle sont déjà inscrits ses compatriotes Rory MacDonald et Patrick Côté, a été discutée (NDLR : Le gérant de Bossé, Stéphane Patry, a annoncé mercredi que son client participerait au gala d'Ottawa. L'identité de son adversaire n'est toutefois pas connue).

« Je lui ai demandé de me laisser digérer ma victoire, mais je n’ai pas de blessure, alors je suis prêt. Je calculais ça et ça fait vraiment longtemps que je n’ai pas pu retomber en camp d’entraînement tout de suite après un combat. Si on recule à octobre 2011, contre Houston Alexander, je m’étais brisé la main et j’avais dû être opéré. En mai 2013, je m’étais encore blessé. Bref, chaque fois que je tombais en camp d’entraînement, ça faisait six mois que je n’étais pas dans le gym, donc j’avais besoin de trois ou quatre semaines juste pour retrouver mes sens avant de pouvoir travailler sur mon plan de match. Tandis que là, je suis déjà dans le beat, je peux tout de suite continuer mon évolution. Ça pourrait être intéressant. »