Un mélange canado-letton aux origines russes, mesurant six pieds et trois pouces, pesant 205 livres, avec une ceinture noire en judo et une en jiu-jitsu brésilien qui a une fiche de 4-0 dans l’UFC avec un K.-O. et trois soumissions, ça sonne terrifiant à vos oreilles? Misha Cirkunov répond à tous ces critères. Et il fait de plus en plus de bruit dans la division des poids mi-lourds. Le 28 mai, il se battra dans l’avant-dernier combat de la soirée du gala de l’UFC présenté à Stockholm. Cirkunov affrontera le suisse Volkan Oezdemir.

Round 1 : L’état de la division

La division des mi-lourds a souvent été qualifiée de mince. « La plupart des gens qui traitent notre division de faible n’ont jamais pris part à un combat de leur vie, s’empresse de dire Cirkunov. Je n’ai aucune idée de quoi ils parlent. Ma division est l’une des plus dangereuses dans le sport. Les gars sont très puissants, mais ils sont aussi très rapides. »

C’est qu’avec un champion aussi dominant que Jon Jones entre 2011 et 2015, les aspirants étaient rares. Mais depuis les agissements de Jones à l’extérieur de l’octogone et l’arrivée de Daniel Cormier à titre de champion, l’attention se tourne à nouveau vers les combattants de 205 livres. Cormier et Jones ont rendez-vous pour une deuxième fois à la fin du mois de juillet. Jimi Manuwa, celui classé au troisième rang de la catégorie, sera également de la carte, pour assurer une solution de rechange.

Mais le gala de dimanche prochain, en Suède, fera également bouger la division. Le combat entre Cirkunov et Oezdemir se déroulera juste avant un autre excellent duel de mi-lourds. L’aspirant numéro un Alexander Gustafsson croisera le fer avec le combattant classé au deuxième rang, Glover Teixeira. « Si je gagne contre Oezdemir (cinquième au classement), la possibilité d’affronter le gagnant du duel Gustafsson-Teixeira est très grande, déclare Cirkunov, lui même au septième échelon des mi-lourds. Cela a tout simplement du sens. » Mais la logique n’est parfois (souvent) pas respectée dans le monde des promoteurs. Ce que le combattant de 30 ans sait, toutefois, c’est qu’il « veut absolument se battre deux fois en 2017. Et si j’en ai la chance, j’espère insérer un troisième combat avant la fin de l’année. »

Round 2 : Négociations

C’est que son année 2017 ne s’est pas amorcée comme prévue. Cirkunov s’est retrouvé au cœur de dures négociations avec son employeur. Son contrat s’était terminé en décembre, avec sa victoire face à Nikita Krylov à l’UFC 206. « Je n’ai pas l’âme d’un businessman alors c’était quelque chose de nouveau pour moi. » Et il affrontait un vétéran en la matière : Dana White. Le président de l’UFC est même allé négocier sur la place publique. Il a stratégiquement jeté l’éponge devant les microphones de divers médias canadiens pour forcer Cirkunov à revoir ses demandes. Dans ces négociations, le combattant a agi seul, sans l’entremise d’un agent. « Jusqu’à présent, ça ne me pose pas de problème. Dans l’avenir, si je trouve quelqu’un de qualifié qui répondra à mes besoins, je suis ouvert à l’idée. Mais pour l’instant, je suis heureux de ne pas trainer un agent irresponsable tel une remorque qui nuirait peut-être à ma carrière. »

L’UFC et Cirkunov se sont finalement entendus sur un contrat de six combats à la fin du mois de mars. Le nouveau promoteur de l’UFC Mick Maynard semble y avoir joué un grand rôle. « Lui et moi sommes des recrues dans l’organisation et ça nous a rapproché. »

Round 3 : Camp d’entraînement

Misha CirkunovQuand on pense aux arts martiaux mixtes canadiens, on pense aussitôt au gym Tristar, basé à Montréal. C’est là que bien des gros noms du sport au pays s’entraînent. Mais Cirkunov est basé au Xtreme Couture de Toronto, qui n’est pas un endroit qui a produit beaucoup d’athlètes de renom. « J’ai pensé changer de camp d’entraînement, avoue Cirkunov, mais pas en raison de la popularité de mon gym. J’aimerais plutôt m’entraîner dans un meilleur climat que celui de Toronto! À l’avenir, je considère peut-être effectuer mes camps dans la région de Los Angeles ou en Floride, où il fait plus chaud. »

Pour le moment, il navigue dans la grande région torontoise. Il s’entraîne avec les mêmes partenaires depuis ses débuts en arts martiaux mixtes. Jusqu’à présent, c’est une recette qui fonctionne. Cirkunov a réussi à cumuler une excellente fiche de treize victoires et deux défaites chez les professionnels.

Round 4 : Son adversaire Volkan Oezdemir

Le 28 mai, Cirkunov affrontera Volkan Oezdemir qui disputera un deuxième combat dans l’UFC. Le Suisse avait battu le dangereux Ovince Saint Preux par décision partagée. « Je suis vraiment impressionné par Volkan. Il a une bonne fiche (13-1), il cogne fort et n’a pas peur de s’engager. Je m’attends à un combat très difficile. »

L’athlète canadien sait que si le combat se retrouve au sol, il aura un immense avantage sur son adversaire. La ceinture noire en jiu-jitsu brésilien et en judo est sur une séquence de trois soumissions. On se souvient de l’horrible bruit qui avait surgi du cou d’Alex Nicholson lorsque Cirkunov l’avait crinqué. En juin dernier, il avait soumis Ion Cutelaba avec un étranglement triangulaire des bras. Krylov avait subi la guillotine de Cirkunov, en décembre. « J’adore le jiu-jitsu brésilien, confie Cirkunov. J’en regarde énormément. J’étudie beaucoup de vidéos de Demian Maia et de Marcelo Garcia et j’applique la technique du copier-coller. J’essaie toujours de m’améliorer puisque je ne suis jamais satisfait avec seulement la victoire. »

Round 5 : Des supporters lettons

En fait, je vous ai menti tout au long de cet article. Le vrai nom de Misha, c’est Mihails Cirkunovs. Il est né à Riga, en Lettonie, et y a vécu jusqu’à l’âge de 13 ans. À ce moment, ses parents ont décidé d’emménager dans la grande région de Toronto. Cirkunov a toujours des contacts dans son pays d’origine. Il se battra pour la première fois de sa carrière en Europe. Et puisque son combat se déroulera à Stockholm, qui est relativement près de Riga, il pourra compter sur des supporters supplémentaires. « Quelques amis avec qui j’allais à l’école viendront me voir. Ça fait tellement longtemps que je ne les ai pas vu! D’autres partisans lettons m’ont écrit pour me dire qu’ils ont hâte de me rencontrer. C’est très emballant. »