Phil Davis avait un plan B contre Antonio Rogerio Nogueira. Dan Hardy n’en avait pas contre Anthony Johnson.

Pour la conclusion, inutile de vous faire un dessin, je le sais bien. Davis a gagné. Hardy a perdu.

C’est un peu (beaucoup) ça, les arts martiaux mixtes. Surtout aujourd’hui, à une époque où ses pratiquants sont de plus en plus polyvalents. Si l’étroitesse de votre arsenal ne vous permet pas de vous ajuster à une stratégie que vous n’aviez pas vu venir, vous risquez de trouver la soirée longue.

Davis a vite réalisé que Nogueira n’était pas Tim Boetsch. Comme il l’avait fait à ses quatre premiers combats au UFC, le jeune lutteur a rapidement tenté d’amener le combat au sol, mais à la surprise générale, le Brésilien a été capable de repousser chacune de ses tentatives de projection (quatre au total au premier round).



Pour la première fois de sa carrière, Davis a donc dû se tourner vers sa roue de secours. Selon Compustrike il a touché la cible avec près de 60% de ses coups de pieds, la plupart dirigés à la tête de Lil’ Nog au premier assaut.

Au deuxième, le jeune a commencé à avoir le vieux à l’usure. Mr. Wonderful a finalement réussi sa première projection deux minutes après le début du deuxième round, qu’il a dominé au tapis. Le scénario s’est répété au troisième et Davis, après 15 minutes de dur labeur, a finalement pu savourer sa cinquième victoire au UFC.



Le cliché est gros comme le bras, mais il ne fait aucun doute que l’opposition offerte par Nogueira était la meilleure chose qui pouvait arriver à Phil Davis, qui a probablement appris davantage dans ce triomphe que dans ses quatre précédents combinés. Cela dit, sa performance nous a quand même permis de constater qu’il y a présentement un monde de différence entre Jon Jones et lui, peu importe les ressemblances qu’on veut bien essayer de voir entre les deux athlètes.

Dan Hardy et les victoires morales

On souhaitait tous qu’Anthony Johnson s’inspire de Carlos Condit quand viendrait le temps d’attaquer Dan Hardy. C’est d’ailleurs ce qu’il avait promis. Mais il a plutôt choisi de prendre une page dans le plan de match de Georges St-Pierre.

La stratégie a fonctionné, et c’est bien tant mieux pour lui. Pour le spectacle, toutefois, on repassera.

Hardy ne semblait pas déborder de confiance au lancement des hostilités. On dira ce qu’on voudra, mais le dernier coup de poing qu’il avait mangé en pareilles circonstances l’avait envoyé dans un état second. Difficile de penser que ça ne lui trottait pas dans la tête alors qu’un mastodonte (Johnson avait pris 25 livres entre la pesée et le soir du combat) se dressait devant lui.

Johnson, on l’a vite compris, n’avait aucunement l’intention de s’embarquer dans une guerre debout avec Hardy, et ce même s’il n’a probablement rien à envier au Britannique en matière de force de frappe. Sur les 15 minutes que les deux hommes ont passé dans l’octogone, 12:36 se sont passées au sol, la majeure partie du temps dans la même position : Johnson par-dessus, Hardy en-dessous.



Tenez-vous bien, Compustrike a recensé un total de trois coups de poings lancés par les deux hommes. Deux par Johnson, un par Hardy. TROIS!!! Handicapé par son incapacité à rester debout contre la lutte de Johnson, The Outlaw a touché la cible avec cinq de ses 15 attaques.

On peut bien féliciter Hardy pour son courage et son grand cœur. Il en fallait beaucoup pour résister aux tentatives de soumission de Johnson au troisième round. Mais s’il n’apprend pas au plus vite à repousser un takedown Hardy apprendra à la dure qu’après un certain temps, les victoires morales ne vous amènent pas bien loin au UFC



Et pour ceux qui seraient tentés de critiquer Johnson pour son approche conservatrice, je vous rappelle qu’il ne s’était pas battu en 16 mois et qu’il avait autant besoin d’un bon résultat que le gars en face de lui. C’est beau de vouloir donner un bon spectacle, mais il faut aussi penser à soi parfois.

Le reste du gala

Contrairement à ce que j’avais prédis, Amir Sadollah n’en a pas eu plein les bras contre DaMarques Johnson. En fait, je dirais plus que ça a été l’inverse. Même quand il tenait relativement bien son bout au premier round, Johnson ne se battait pas avec la même aisance que Sadollah, un striker beaucoup plus athlétique et fluide. Ça a toujours semblé une question de temps avant que l’ancien gagnant de The Ultimate Fighter maintenant 52 avec le UFC, n’atteigne son objectif.

La revanche tant attendue entre Leonard Garcia et le Korean Zombie Chan Jung Sung, n’a absolument rien eu à voir avec le combat absolument dément que les deux s’étaient livrés l’année dernière. Le choc fut très intéressant, comprenezmoi bien, mais disons que la barre avait été placée haute.

Ma perception peut être mauvaise, mais Garcia ne semblait pas aussi déterminé qu’à l’habitude à s’embarquer dans une guerre de poings avec son rival. Clairement moins agressif, il semblait attendre (quoi? on ne sait pas...) au lieu de provoquer et quand il décidait de se porter à l’attaque, c’était presque toujours avec une droite overhand qui ne passait même pas près de toucher la cible.

Sung a probablement gagné le premier round en réussissant à amener le combat au sol dans la dernière minute et c’est là qu’il est retourné au deuxième pour mettre fin au combat. Son Twister est sans aucun doute l’une des soumissions les plus cool que j’ai vues et l’histoire qu’il a racontée dans son entrevue avec Joe Rogan était magique.



Eddie Bravo, l’une des références planétaires en jiu-jitsu, est en quelque sorte le père du Twister si j’ai bien compris. Il a probablement apprécié la victoire de Jung plus que quiconque.





S’ilvous-plaît, rappelez-moi d’envoyer une bonne bouteille au médecin qui a décidé de mettre fin à nos souffrances et d’arrêter le combat entre Jon Madsen et Mike Russow après deux rounds.

- «Salut Dan, c’est ‘Bruce Leroy’ Écoute, je viens de trouver le numéro d’un super bon entraîneur de lutte. Ça te dirait qu’on s’inscrive ensemble? J’ai pas vraiment le goût d’y aller tout seul…»

John Hathaway s’était préparé à un combat de 15 minutes contre Kris McCray. C’est assurément ce qui l’a aidé contre un adversaire qui ne semblait plus avoir de jus après le premier round. Le Britannique a failli finir McCray avec une clé de pied au premier round et une autre fois avec une clé de bras au deuxième, mais je me suis néanmoins demandé pourquoi il avait tenu à régulièrement envoyer le combat au sol alors qu’il semblait avoir ce qu’il fallait pour dominer, et peutêtre même achever, McCray avec son standup

Une lectrice attentive m’a déjà fait comprendre que le timing n’était vraiment pas mon plus grand complice dans la vie. Làdessus, je suis malheureusement obligé de lui donner raison. Le « combat de la soirée » entre Michael McDonald et Edwin Figueroa s’est déroulé pendant mon trajet entre le travail et la maison. Alors, c’était comment?

Avez-vous fait autre chose samedi soir?

Je vous laisse sur cette vidéo d’une soumission hallucinante réussie par Rich Hale hier soir au Bellator 38. La ressemblance est frappante avec celle qu’avait exécutée Toby Imada contre Jorge Masvidal en 2009.





Et est-ce que certains d’entre vous sont allés au Metropolis pour le Ringside Rising Star 2? Je suis en train de préparer ma couverture du gala Ringside 10, qui approche à grands pas. Je vous tiens évidemment au courant de tout ça.

À bientôt!

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