On s’est demandé pendant un long moment si l’UFC allait être en mesure d’offrir aux amateurs d’arts martiaux mixtes un combat principal qui piquerait leur curiosité pour la carte UFC 230 présentée au Madison Square Garden de New York, samedi.

Initialement, on parlait d’un combat de championnat dans la division féminine des 145 lbs entre Valentina Shevchenko et Sijara Eubanks, mais ça ne s’est jamais matérialisé. Ensuite, les rumeurs faisaient état de la possibilité d’un deuxième choc entre Chris Weidman et Luke Rockhold, mais ce dernier s’est blessé.

Du côté de l’UFC, on voulait présenter une finale digne ce nom après avoir présenté un affrontement entre Georges St-Pierre et Michael Bisping au MSG à peu près au même moment l’an dernier.

Finalement, à un peu plus de trois semaines d’avis, on a appris que Daniel Cormier et Derrick Lewis feraient les frais de la finale, avec la ceinture des poids lourds de Cormier à l’enjeu.

Je n’ai pas le choix de convenir que Cormier est à des années lumières devant Lewis en ce qui a trait à l’ensemble de ses habiletés de combattant. Mais avec l’énorme main arrière que possède l’aspirant, il y a toujours la menace que celui-ci réussisse à la placer et à faire du dommage. C’est pourquoi je dirai que c’est plus une curiosité qu’un intérêt qui m’habite à l’approche de cet affrontement.

Daniel Cormier a changé son image auprès des partisans dans la dernière année. Il a longtemps été le champion mal-aimé, mais il obtient plus de sympathie désormais de la part des fans.

Le contexte de ce duel est assez particulier, compte tenu du fait que Lewis s’est battu le 6 octobre face à Alexander Volkov, et qu’il expliquait ne pas être dans la meilleure des formes. Ce qu’il faut dire cependant, c’est qu’avec Lewis, qu’un combat dure un ou trois rounds, l’histoire est toujours la même pour lui. Il n’est pas dans l’octogone pour ses qualités athlétiques ou ses habiletés cardiovasculaires. Il est là pour passer le K.-O. à son rival, chose que les dirigeants de l’UFC recherchent chez leurs poids lourds.

Malgré sa grande supériorité dans presque toutes les facettes, le risque pour « DC » de sous-estimer Lewis le guette quand même, surtout qu’il a connu l’identité de son adversaire sur le tard.

Cormier n’est peut-être plus au niveau qu’il affichait il y a quelques années, mais il continue de progresser dans certaines facettes. Je dois dire toutefois qu’il ne m’avait pas épaté lors de sa victoire contre Stipe Miocic pour lui ravir la ceinture. Je l’avais trouvé lent, et même s’il mérite qu’on applaudisse sa victoire, j’estime que Miocic avait très mal abordé ce combat côté stratégie. Il avait tout fait « tout croche » dans ce combat.

On sait que Cormier veut prendre sa retraite à 40 ans. Ça se fera probablement au printemps prochain, car Lewis n’est pas le genre d’adversaire contre lequel il veut faire ses adieux. Ça prendra un rival qui a plus d’envergure, par exemple Brock Lesnar. D’ailleurs, je serai curieux de voir si Lesnar sera dans les estrades samedi pour assister à la carte.

Cela dit, Lesnar doit continuer de passer des tests antidopage et les réussir avant qu’on spécule à cet effet.

Cormier devrait l’emporter sans que ce soit trop compliqué, mais il y a toujours un danger à affronter un athlète qui n’a rien à perdre et qui possède de la puissance à revendre.

Quel Weidman verrons-nous?

La demi-finale de samedi nous réserve un combat des poids moyens entre Chris Weidman et Ronaldo « Jacaré » Souza.

Il s’agit d’un combat somme toute assez imprévisible. Weidman revient d’une absence de plus de 15 mois, mais venait juste de livrer une performance inspirante contre Kevin Gastelum à sa plus récente présence dans l’octogone pour mettre fin à une série de trois défaites.

Weidman n’avait jamais subi la défaite avant d’en encaisser trois de suite. Mentionnons toutefois que ceux qui l’ont vaincu n’étaient pas les premiers venus : dans l’ordre, Luke Rockhold, Yoel Romero et Gegard Mousasi.

Souza s’est lui aussi frotté à Gastelum dans son plus récent combat, et cette confrontation s’est soldée par une défaite aux points pour le Brésilien. Ç’avait été nommé le combat de la soirée à l’UFC 224.

La règle de trois ne s’applique pas automatiquement dans les sports de combat, mais c’est peut-être un élément qui peut gonfler la confiance de Weidman. Il semble être en superbe forme physique, mais il doit être prêt tactiquement à affronter un combattant hors pair en combat en sol, le meilleur selon moi en jiu-jitsu. On ne l’appelle pas « Le crocodile » pour rien! La logique veut donc que Weidman tente de garder l’affrontement debout.

Évidemment, nous aurions tous aimé que Weidman soit confronté à Rockhold, car ces deux-là ne s’aiment vraiment pas et que le combat revanche se fait attendre depuis trop longtemps. Mais au moins, Souza était déjà programmé sur la carte de l’UFC 230. Tout est donc aligné pour que ces deux-là nous offrent un beau spectacle.

Pour Weidman, l’idée est claire : une victoire le propulsera vers un combat de championnat chez les 185 lbs. C’est ce qu’il se plaît à dire, mais on n’en est pas à une surprise près avec les dirigeants de l’UFC. Il y a d’excellents candidats à un combat de championnat dans le top 5 de cette catégorie.

Ça pourrait dépendre à mon avis s’il offre un combat excitant. S’il gagne et que c’est fait de façon ennuyante, je ne suis pas persuadé qu’il aura convaincu Dana White de lui donner ce qu’il souhaite.

Ce qu’il faut savoir pour l’instant, c’est que Robert Whittaker doit terminer son mandat de coach avant de défendre sa couronne.

J’adore ces deux combattants, mais puisque je dois me prononcer, je prédis une victoire de Weidman. Je crois qu’il saura utiliser sa boxe à bon escient pour s’imposer devant Souza. Il a une équipe solide derrière lui en Matt Serra et Ray Longo. Je crois qu’ensemble, ils pourront établir un plan de match permettant à l’Américain de l’emporter.

Décevant pour Branch, mais...

Le perdant de la réorganisation des combats est certainement David Branch, qui échappe à un affrontement face à Souza pour une deuxième fois.

C’est dommage pour lui, parce qu’il n’aura pas devant lui un combattant du top-15 mondial en Jared Cannonier. Il peut se consoler en se disant qu’il peut utiliser ce tremplin pour montrer que lui, mérite d’être considéré parmi l’élite des poids moyens.

Un gars de la place (Brooklyn), Branch devrait un bel appui de la foule new-yorkaise.

* propos recueillis par le RDS.ca