Chronique UFC : Fight Night à Ottawa

Malgré le fait que trois de nos cinq représentants québécois aient baissé pavillon samedi soir à la Place TD d’Ottawa, les amateurs d’arts martiaux mixtes avides de sensations fortes en ont définitivement eu pour leur argent.

La carte principale en particulier a été l’une des plus spectaculaires des dernières années pour l’organisation UFC. Trois des quatre combats se sont terminés avant la limite dont deux par K.-O. et un par soumission. L’un est un candidat au titre de combat de l’année et finalement la grande finale de la soirée a été une grande démonstration de technique, un véritable match d’échecs! Il y en avait pour tous les goûts!

Thompson parfait

Stephen « Wonderboy » Thompson (13-1-0) a été littéralement parfait pendant les vingt-cinq minutes de son combat face à l’aspirant numéro un de la division des poids mi-moyens Rory MacDonald (18-4-0). Lors d’un combat technique au possible, le Montréalais d’adoption n’a jamais été en mesure de s’imposer et il était évident que les mouvements dynamiques de son adversaire lui causaient beaucoup de maux de tête.

On le savait avant le combat, mais ça a semblé plus évident que jamais lors de ce combat : il est très difficile de négocier avec la distance lorsqu’on affronte un athlète du niveau de Thompson en kickboxing. Outre ses coups de pieds à la jambe gauche du Montréalais d’adoption, Thompson n’a pas causé de dommage important avec ses jambes, mais ses poings grâce à l’angle de ses coups ont eux touché cible avec régularité. MacDonald a réussi à tenir le coup pendant cinq minutes sans se faire passer le K.-O., mais j’avais une carte de 49-46 en faveur de Thompson, que j’ai vu gagner quatre des cinq rounds de l’affrontement. Les juges ont remis des cartes de 50-45, 50-45 et 48-47, toutes en faveur de l’Américain.

La table est maintenant mise pour un affrontement entre Thompson et le gagnant du duel entre Robbie Lawler et Tyron Woodley qui aura lieu le 30 juillet prochain à Atlanta. Lors de la conférence de presse d’après-combat, Thompson a prédit une victoire de Lawler et s’attend à affronter le champion actuel de la division. Selon plusieurs, ce duel pourrait avoir lieu en novembre au Madison Square Garden lors de l’historique événement inaugural pour l’État de New York.

Côté débordé par le « Cowboy »

J’en avais parlé lors de mes prévisions d’avant-gala : le « Cowboy » était en mission à Ottawa et c’était évident dès son arrivée dans la capitale nationale mardi dernier. Malgré les attaques de part et d’autre avant le combat, Donald Cerrone (30-7-0) était plus focus que jamais pour cet affrontement face au Québécois Patrick Côté (23-10-0).

Le Prédateur ne fait pas le poids

Dès le début de l’affrontement, l’Américain s’est imposé en amenant rapidement Côté au sol et la domination a débuté à partir de cet instant. Plusieurs croyaient que Côté serait plus fort et imposant physiquement que son adversaire mais ce n’était définitivement pas le cas.

Cerrone était de toute évidence le meilleur des deux en kickboxing sur papier, mais il a également été supérieur à Côté au niveau de la boxe et plusieurs de ses coups ont fait très mal au Québécois qui s’est retrouvé au tapis à trois reprises au cours des douze minutes de ce combat. Cerrone a finalement fait subir à Côté sa première vraie défaite par K.-O. en carrière puisque la fois précédente c’était à la suite d'une blessure au genou contre le grand Anderson Silva.

Cerrone devra bientôt décider s’il désire continuer sa carrière à l’UFC chez les poids mi-moyens (170 livres) ou chez les poids légers (155 livres). Avec une performance comme celle de samedi soir, nul doute qu’il peut rapidement monter les échelons de cette division puisqu’il vient de vaincre facilement celui qui a donné le plus de difficulté à Stephen Thompson depuis la défaite de ce dernier il y a plus de quatre ans en avril 2012.

Du côté du solide cogneur québécois, il devra évidemment se poser des questions suite à cette défaite. Âgé de maintenant 36 ans, Côté a connu un parcours exceptionnel au sein de l’UFC et peu d’athlètes peuvent se vanter d’avoir combattu à 20 reprises. Côté fait un excellent travail dans les médias et il attend son premier enfant dans les prochains mois. Avec cette défaite, il ne peut plus vraiment penser à un combat de championnat à court ou moyen terme, alors il devra analyser la suite des choses pour lui.

Côté a généralement été dominant face aux adversaires de son niveau, mais chaque fois qu’il s’est retrouvé face à un combattant de calibre top-10 mondial, il a baissé pavillon (sa fiche est de 0-5 face à ces adversaires : Tito Ortiz, Anderson Silva, Cung Le, Stephen Thompson et maintenant Donald Cerrone). Voudra-t-il poursuivre sa carrière pour quelques combats afin d’empocher d’autres bourses ou voudra-t-il se concentrer sur son après-carrière?

Une chose est certaine : il a offert tout au long de sa carrière de grandes émotions aux amateurs d’arts martiaux mixtes et nous a représentés avec beaucoup de fierté.

Le « Boss » se donne en spectacle!

Plusieurs s’attendaient à ce que le combat entre les durs cogneurs Steve Bossé (12-2-0) et Sean O’Connell (17-8-0) ne passe pas le premier round. Les deux guerriers se sont finalement rendus à la décision des juges dans un combat qui est certainement candidat au titre de combat de l’année 2016.

« On s'est battu pour les fans »

Après avoir visité le tapis au premier round suite à une pluie de crochets de son adversaire, le « Boss » a mordu très fort dans son protecteur buccal, s’est relevé, et est allé à la guerre comme il l’a fait si souvent au cours de sa carrière. Devant une foule survoltée qui a apprécié chaque instant de ce combat, les deux se sont frappés solidement à qui mieux mieux. Outre cette chute au tapis au premier round, le reste du combat a été à l’avantage du Québécois qui a assurément placé les meilleurs coups.

Son adversaire a vacillé à plusieurs occasions avant de visiter à son tour le tapis au 2e round. Le troisième engagement a été une poursuite d’échanges violents entre deux véritables guerriers qui refusaient de céder un pouce. La foule est demeurée debout pour les trois dernières minutes de l’affrontement en encourageant bruyamment les deux athlètes.

Les juges ont finalement remis des cartes de 29-28, 29-28 et 29-27 toutes en faveur de Steve Bossé qui savourait ainsi une deuxième victoire en trois combats à l’UFC. Évidemment les deux ont reçu un boni de 50 000 $ US pour leur performance de « combat de la soirée ».

Autres notes sur le gala

Olivier Aubin-Mercier a offert une autre excellente performance et sa courbe d’amélioration depuis son arrivée à l’UFC est fort impressionnante. Après nous avoir démontré une boxe nettement améliorée à ses deux combats précédents, ce sont ses aptitudes en boxe thaïlandaise qui ont retenu l’attention. Après avoir été ébranlé au premier round, j’ai beaucoup aimé comment « Oli » s’est relevé par la suite pour finalement l’emporter par étranglement arrière. Le jeune a tout un avenir devant lui, et comme le dit l’expression anglaise, « the sky is the limit » dans son cas.

Une autre victoire par soumission pour OAM

La nouvelle protégée du Tristar à Montréal, « Jojo » Calderwood a été très impressionnante face à la Québécoise Valérie Létourneau dans un autre combat très spectaculaire. La jeune femme de Glascow semblait par contre frapper avec beaucoup plus de puissance que Valérie. N’eût été du travail exécrable de l’arbitre dans ce combat, l’affrontement aurait été arrêté beaucoup plus tôt;

L’autre Québécois qui était en action los de cette soirée, Jonathan Meunier, n’a jamais été en mesure de s’imposer et de démontrer l’étendue de son talent. Face à un puissant lutteur qui ne lui a jamais cédé un pouce de terrain, Meunier a démontré de bonnes aptitudes en jiu-jitsu et en lutte, mais a été dans l’impossibilité de faire parler ses mains et ses pieds lorsque le combat se déroulait en position debout. De son dos et lors de transitions, il a placé de bons coups, mais ce ne fut pas suffisant. Il a signé un contrat de plusieurs combats à l’UFC et il aura l’occasion de se reprendre bientôt.