Nick Diaz venait à peine de sortir de l’octogone, quelques instants après sa victoire contre B.J. Penn, quand j’ai ouvert mon ordinateur et écrit ce qui devait être la première ligne de ce billet. Puis je me suis levé de ma chaise, ai marché jusqu’au réfrigérateur, me suis ouvert un jus de fruit et me suis dit que j’allais écouter la conférence de presse d’après-gala avant de mettre mes impressions sur papier.

Le raisonnement s’est avéré, comment dire… judicieux.

1. Ça devait d’abord être GSP contre Diaz. C’est ensuite devenu GSP contre Condit. Puis GSP contre Condit un peu plus tard que prévu. Et nous voilà de retour à la case départ.

Pourquoi? Parce que Nick Diaz a trop parlé samedi soir, accusant St-Pierre d’avoir feint une blessure pour éviter d’affronter Condit sous prétexte qu’il en avait peur. L’accusation reflète-t-elle le fond de sa pensée? A-t-elle été vomie sous le coup de l’émotion? A-t-elle été commandée par son clan (_Georges St-Pierre, call out that motherf*****_, peut-on clairement entendre après la première question de Joe Rogan)?



Peu importe. St-Pierre, semble-t-il, est en beau joual vert présentement. Tellement qu’il a convaincu Dana White de convaincre Condit de laisser sa place à Diaz pour la prochaine défense de son titre. Selon les premières informations en provenance de Las Vegas, Diaz et St-Pierre devraient régler leurs comptes la veille du Super Bowl, au début février.

Les trois mois qui nous séparent de l’événement devraient être plutôt intéressants.

2. Je suis peut-être le seul aujourd’hui à ne pas être en pâmoison devant Diaz. Mais j’irai même plus loin en disant que sa performance face à Penn m’a convaincu encore plus que je ne l’étais déjà qu’il n’est pas de taille pour Georges St-Pierre. Je m’explique.

De mon point de vue de simple spectateur, j’ai été assommé par la piètre capacité cardiovasculaire de B.J. Penn. Lui qui se disait pourtant prêt à accepter un combat de cinq rounds, il était complètement à bout de souffle au milieu du deuxième round.

Je ne veux rien enlever à Diaz. Je crois sincèrement qu’il est un excellent combattant et j’apprécie son style spectaculaire. Peut-être que je ne lui donne pas assez de crédit pour sa plus récente victoire, mais soyons franc : dans la première moitié du combat, les mains de Penn étaient simplement trop rapides pour lui. Et la seule fois où le Prodige a réellement tenté de l’amener au sol, il l’a fait avec une main dans le dos. Qu’est-ce que ce sera contre GSP?

Nick, Georges St-Pierre ne te laissera pas le clouer dans le grillage comme tu l’as fait à B.J. Il ne manquera pas non plus de gaz à mi-chemin au deuxième assaut. Et il n’y a que dans tes rêves qu’il se plantera devant toi, immobile, pour que tu le martèles de coups au corps comme bon te semble.



La hype machine du UFC vous dira tout le contraire au cours des prochains mois. Mais moi, je n’embarque pas.

3. Je ne me ferai probablement pas d’amis avec celle-là, mais la décision de B.J. Penn de finalement prendre sa retraite me passe six pieds par-dessus la tête.

Quand j’ai commencé à suivre le sport, Penn se remettait de défaites successives contre St-Pierre et Matt Hughes. Il est ensuite devenu le champion des poids légers du UFC, une catégorie qu’il a complètement dominée jusqu’à ce qu’il perde sa ceinture à Frankie Edgar. C’est d’ailleurs là que ça s’est gâté pour Penn. Il a paru complètement désintéressé dans ses deux combats contre Edgar, est revenu avec un K.-O. rapide contre un Matt Hughes au bout du rouleau, s’en est sorti avec un nul douteux contre Jon Fitch et s’est finalement fait défigurer par Diaz.



Je ne vois pas en quoi le départ de Penn – s’il tient parole – représente aujourd’hui une grosse perte pour le sport. Je me ferai sûrement clouer au pilori par tous ceux parmi vous qui le suivez depuis le début du millénaire, mais il faut admettre que les performances du fils de Hilo ne sont plus à la hauteur de tout le tapage médiatique qui les précède.

Je n’ai eu aucun plaisir à voir jouer Mike Modano avec les Red Wings de Detroit. C‘est à peu près la même chose avec le B.J. Penn des dernières années. Je respecte tout ce qu’il a accompli dans le sport, mais quand c’est le temps d’accrocher, c’est le temps d’accrocher.

4. Je sais que vous aimez aussi Cro Cop. Je sais qu’il a été un Dieu, une légende, le héros et l’inspiration des jeunes vedettes d’aujourd’hui. Et encore une fois, je reconnais tout ce que ce gentleman croate a réalisé dans ses belles années.



Mais 2012 approche et avouez-le, rarement a-t-on vu un gars faire autant de millage uniquement sur sa réputation. La plupart de ses derniers combats ont été d’un ennui mortel (Frank Mir) et il a peiné à tenir son bout contre des poids lourds qui s’accrochent de peine et de misère à leur place au UFC (Barry, Nelson).

Dans le fond, je ne blâme pas Cro Cop. À 37 ans, il est plus que compréhensible qu’il soit moins compétitif qu’il ne l’était dans la fleur de l’âge. Mais j’en ai marre de la grosse machine du UFC, qui nous promet trop souvent un Harley Davidson quand dans le fond, on sait fort bien qu’on va se ramasser à pédaler sur un Bixi.

_Zbogom i hvala vam_, Mirko.

5. Tous ceux qui se plaisent à détester Matt Mitrione m’attendent à coup sûr avec un grand sourire ce matin. C’est de bonne guerre. Mais dites-moi sans rire que vous avez donné les trois rounds à Cheick Kongo, comme ce juge qui a rendu une carte de 30–27. Et jurez-moi que vous avez été impressionné par la performance du Français contre un gars, je vous le rappelle, qui n’avait que cinq combats sur son CV.



6. La performance de Francis Carmont a été à la fois épatante et un peu frustrante. D’abord par son attitude et son charisme, ensuite par ses habiletés physiques, le Montréalais d’adoption a démontré hors de tout doute qu’il avait sa place dans l’octogone. Chris Camozzi a déjà fait la vie dure à quelques gaillards dans la cage du UFC, mais il a eu l’air d’un enfant d’école contre Carmont.



D’où la petite frustration qui découle de la performance du Français. On avait l’impression qu’il pouvait littéralement bouchonner son adversaire, mais trop souvent il laissait ce dernier décider où le combat aurait lieu. Par exemple, combien de fois a-t-on entendu ses hommes de coin lui demander de décoller son dos du grillage sans que leurs consignes ne se rendent aux oreilles du destinataire?

Néanmoins, une performance dominante de Francis Carmont. Pourrait-on le revoir lors du prochain passage du UFC à Montréal?

7. Je m’attendais à un peu plus de Scott Jorgensen, un poids coq méconnu et généralement très spectaculaire. Pas que je n’ai pas apprécié le spectacle, au contraire. Il a placé Jeff Curran au sol sans aucun problème et a su éviter les pièges d’un adversaire très dangereux à partir de son dos. Une belle bataille technique, mais rien pour épater la galerie.



8. Hatsu Hioki, "I’m not impressed by your performance":http://www.youtube.com/watch?v=0x2HzpIHo-w



9. J’ai déjà rempli mon bulletin de vote pour le combattant de l’année. Félicitations, Donald Cerrone.



10. La combinaison avec laquelle Bart Palaszewski a envoyé Tyson Griffin dans le cosmos était de toute beauté. Non seulement les coups étaient précis et diversifiés, mais le dernier semblait aussi puissant que le premier. Une véritable clinique.



11. Le résultat du combat entre Brandon Vera et Eliot Marshall est selon moi un argument de taille pour ceux qui militent pour un nouveau système de pointage en MMA. Même si on prend pour acquis que Vera a remporté les deux premiers rounds, il n’a jamais fait autant de dommage dans les dix premières minutes que Marshall en a fait dans les cinq dernières.



12. Je sais que Danny Downes n’est pas la proie la plus impressionnante à épingler sur un tableau de chasse, mais tout de même. Ramsey Nijem a démontré qu’il n’était pas qu’un simple fanfaron en le battant de façon aussi décisive.



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