QUÉBEC - Michael Bisping tentait d'expliquer à quel point le combat avait été une partie intégrante de sa vie lorsqu'il s'arrêta net en plein milieu de son histoire à la vue d'un homme de petite taille qui passait tout près.

« J'adore me battre, vraiment. J'en raffole depuis que je suis aussi grand que ce gars-là. »

Bisping n'a pu s'empêcher bien longtemps de rire en savourant fièrement la cruauté de son humour.

« J'allais dire "depuis que je suis grand comme ça", précise-t-il ensuite en abaissant sa main à la hauteur de ses genoux. Mais ensuite, je l'ai vu. C'est mon ami, en passant. Il s'appelle Mick. »

Mick est effectivement un ami de la famille Bisping, et il y a de bonnes chances qu'il ait entendu bien pire comme insulte sortant de la bouche du cinquième poids moyen le mieux classé au monde.

Alors qu'il se prépare pour son 20e combat au UFC - il affrontera l'Américain Tim Kennedy mercredi en finale du premier gala de l'organisation dans la ville de Québec - le charismatique Bisping aime bien, c'est connu, allumer des feux. Mais ses adversaires ne se font pas non plus prier pour embarquer dans le jeu.

À 35 ans, Bisping est devenu une référence dans le maniement du mot qui dérange. Et ses rivaux, sachant qu'il mord facilement à l'hameçon, ont pris l'habitude de se le mettre à dos de façon à rehausser le cachet du combat à venir.

Michael Bisping et Tim KennedyLes conflits sont de bons vendeurs, surtout dans un calendrier chargé comme celui du UFC. Seulement au mois d'avril, l'organisation a des événements à Abou Dhabi, Québec, Orlando et Baltimore. Pour son premier passage dans la capitale québécoise, la compagnie s'attend à une foule de 5000 à 10 000 spectateurs au Colisée Pepsi. Bisping, on peut difficilement dire le contraire, a fait sa part pour remplir des sièges.

Lundi, Bisping a calmement donné plusieurs entrevues dans un hôtel de la Basse-Ville avant d'être appelé sur une estrade pour une séance de photos en face de Kennedy. Immédiatement, son côté rugueux est ressorti alors qu'il est allé poser son nez sur celui de son vis-à-vis tout en lui récitant son arrêt de mort. Exception faite de quelques insanités d'usage, on pouvait difficilement percevoir les détails du monologue. Mais quelques minutes plus tard, Bisping a gentiment offert une traduction.

« Il ne fait que parler de moi depuis si longtemps et je ne suis pas intéressé à m'engager dans une guerre de mots sur Twitter. Je vais lui dire ce que j'ai à lui dire en pleine face. Et c'est ce que j'ai fait. Je lui ai dit que j'allais effacer ce petit regard stupide de son visage et qu'il allait regretter chaque mot qu'il a dit à mon sujet, chaque vidéo, chaque photo truquée. Tout ce qu'il a fait pour se payer ma gueule, il va en payer le prix. Il va souhaiter n'avoir jamais entendu parler de moi. »

Du grand Bisping.

Bien sûr, l'Anglais a lui aussi utilisé les médias sociaux pour faire sa part dans la joute verbale. Écrire « Je n'en peux plus d'attendre avant de mettre la main sur cet idiot de Kennedy » peut difficilement passer pour de l'indifférence. Mais le conflit motive Bisping, qui est à son meilleur lorsque son adversaire lui met le feu au derrière.

C'est ce qu'a fait Kennedy au cours des dernières semaines, l'accusant notamment de tactiques déloyales.

« Il va essayer d'agripper mes culottes, il va essayer de s'accrocher à la cage, il va essayer de rentrer ses doigts dans mes yeux, a dit le Texan de 34 ans. Quand il commencera à se sentir fatigué, il essayera de me donner un coup de pied dans l'entrejambe. Je le sais, je suis prêt et je m'en fous. S'il me frappe dans l'entrejambe, je le frapperai sur la gueule. Jouons à ce petit jeu et voyons qui en sortira vainqueur. »

« J'espère que l'arbitre sera fort et bien éveillé, parce que je sais qu'il essayera tous ses petits trucs. »

À cela, Bisping a répondu que Kennedy était un menteur, un idiot et un être narcissique.

« Dans toute ma carrière, on m'a enlevé un seul point pour un geste illégal. Je ne comprends pas comment il peut dire que je suis un combattant salaud. »

Gagnant de la troisième saison de L'Ultime Combattant, Bisping a gagné 14 de ses 19 combats au UFC. Ses défaites ont été subies aux mains d'anciens champions ou d'icônes du sport comme Rashad Evans, Dan Henderson, Wanderlei Silva, Chael Sonnen et Vitor Belfort.

Bisping est intelligent, se déplace bien et possède un bon cardio. Il est aussi devenu, avec le temps, un combattant plus complet. Contre Sonnen, un redoutable lutteur, il a réussi une amenée au sol au troisième round tout en résistant à trois des sept tentatives d'amenées au sol de ce dernier.

Kennedy, même s'il aime bien s'amuser un peu aux dépens de son prochain adversaire, sait reconnaître ses menaçants atouts.

« Regardez qui il a battu et contre qui il a perdu. Si on enlève l'aspect verbal de l'équation en se concentrant uniquement sur ses accomplissements dans la cage, il a battu de très bons athlètes et n'a perdu que face aux meilleurs. »

Québec se prépare pour le UFC