Je ne croyais plus au retour de Georges St-Pierre. Je suis bien conscient maintenant que je me suis trompé, car on va finalement le voir quatre ans plus tard, à l'UFC 217 présenté samedi. J’ai toujours eu un certain doute qu’il allait sortir de sa « retraite », et voilà qu’il revient avec devant lui le plus gros combat qu’il était possible d’imaginer, face à un adversaire qui était parfait pour vendre le spectacle et vendre son retour en Michael Bisping. Le sport a beaucoup changé depuis que Georges est parti. Avant, il y a quatre ou cinq ans, les performances sportives dominaient sur le spectacle que les combattants faisaient pour vendre le combat. Chael Sonnen avait mis un peu la table dans le passé, mais désormais, avec tout ce qu’on a vu avec Conor McGregor et cie, c’est encore plus important. Le sport, surtout rendu à l’UFC, c’est un spectacle qu’il faut vendre, ce n’est plus juste les performances qui comptent pour attirer des gens dans les estrades, et Bisping était le combattant parfait pour se battre contre Georges. On sait qu’au niveau trashtalk, ce n’est pas la spécialité de ce dernier.

Les clés de la victoire pour GSP

Personne n’a été surpris de leur dernière conférence de presse, Georges a toujours été assez mauvais dans ce genre de contexte. Même selon ses propres dires, ce n’est vraiment pas sa tasse de thé, et avec raison. Pour sa part, Bisping s’en donne à cœur joie parce qu’il sait qu’il n’y aura pas de réplique de l’autre côté. Même si Georges essaie un peu, on voit que c’est malaisant et que ça ne sort pas naturellement. Cela dit, tu as bien beau « gagner » la conférence de presse, ce n’est pas ça qui va te donner de l’argent au bout de la ligne, c’est plus la victoire, et je pense que c’est davantage là-dessus que Georges mise plutôt que de donner un spectacle et de répondre coup pour coup aux paroles de Bisping.

Georges est revenu pour des raisons personnelles. Il n’a rien à prouver à personne. Déjà là, ça enlève de la pression, mais en même temps, il faut se dire que Georges est parti parce qu’il n’était plus capable de supporter la pression, il était tanné de la promotion et de cette grosse business-là. Puis ensuite il avait un autre cheval de bataille avec la lutte contre les stéroïdes et cette espèce de fausse association de combattants qui ne s’est jamais concrétisée.

On ne peut savoir comment GSP va réagir devant l’ampleur de la situation, avec le titre des poids moyens à l'enjeu. Ça, on va le voir dans les premières secondes du combat. C’est sûr qu’il va devoir retrouver ses repères ultra rapidement parce que d’après moi, Bisping va l’attaquer très, très tôt dans le combat. L'Anglais a un rythme de combat assez élevé, c’est une machine de cardio donc il va lui rentrer dedans pour le mettre hors de sa zone de confort et pour qu’il ne puisse pas retrouver les feelings qu’il avait il y a quatre ans. Pour Georges, ça va être vraiment crucial de rapidement retrouver les sensations un peu partout dans l’octogone sinon il va trouver que la cage est pas mal petite.

Ce serait une erreur de vouloir rester debout avec Bisping. Georges a souvent remporté ses combats grâce à son instinct de lutteur. Il a tout le temps eu une meilleure lutte que ses adversaires, il gagnait en étant plus technique et non pas en étant plus fort physiquement, même si c’est un excellent athlète. C’est pour ça que la différence de gabarit, ça ne me dérange pas vraiment. Georges est beaucoup plus technique, il n’a jamais remporté de combat à cause qu’il était plus fort physiquement que son adversaire, on voyait que c’était sa technique qui dominait. S’il veut changer son style en se plantant les deux pieds dans le milieu pour échanger coup pour coup, ça risque de devenir dangereux face à un gars beaucoup plus gros que lui.

Si ça se rend dans les rounds de championnat, c’est là que ça va être intéressant de voir comment Georges va gérer les 15 livres en plus, pour ne pas qu’il ressente cette lourdeur. Ce que je veux dire par là, c’est que même si ça fait six mois qu’il s’entraîne avec 185 livres de masse musculaire, Bisping, lui, ça fait 20 ans qu’il le fait. Ça ne se compare pas. Avoir cette masse à l’entraînement, c’est une chose, mais durant le combat, c’en est une autre avec tout ce qu’il y autour, soit la pression ou le rythme effréné que Bisping va lui faire subir. J’ai bien hâte de voir, si ça se rend aux rounds 3, 4 ou 5, comment il va gérer ça. Comment il va être capable de gérer ses énergies là-dedans. Est-ce que pour une première fois on va voir un Georges fatigué? Est-ce qu’il va traîner difficilement cette masse avec laquelle il n’a jamais combattu ou si ça va être correct? C’est dur à prévoir.

On peut faire beaucoup de visualisation, mais jamais tu ne vas être capable d’atteindre à l'entraînement le niveau réel qu’un vrai combat représente. C’est pour ça que je dis que quand la porte de la cage va se fermer, ça va aller dix fois plus vite qu’il pense alors ça va être important qu’il réagisse vite et qu’il retombe sur ses pieds assez vite.

Des feux d’artifice du début à la fin

L’UFC 217 est une des meilleures cartes de l’année. Si on assiste aux performances dont on s’attend de la part des gros noms, ça pourrait même être la carte de la décennie.

Du lot, un autre combat de championnat du monde est prévu à l’horaire et il oppose Cody Garbrandt et son aspirant T.J. Dillashaw chez les poids coq. Ces deux gars se détestent pour vrai, ce n’est pas pour le show. Ce sont pourtant deux anciens partenaires d’entraînement qui représentaient la même équipe.

Les clés de la victoire pour Michael Bisping

Garbrandt (11-0-0) est toujours invaincu. C’est un cogneur et il a surtout démontré à sa dernière performance qu’il n’est pas juste un combattant unidimensionnel face à Dominick Cruz, qu’il a battu par décision unanime en décembre 2016. Il bouge bien et il a été capable d’amener son adversaire au sol alors que c’est quelque chose qui est pratiquement impossible à réussir contre Cruz. Dillashaw, lui, est un gars qui est également une machine de cardio et ses attaques sont toujours bien diversifiées.

Ça va être un excellent combat. Je peux donner l’avantage au niveau puissance à Garbrandt, ça c’est évident. S’il touche la cible, il va faire mal à Dillashaw, mais le problème, c’est qu’il faut d’abord être en mesure de l’attraper. C’est quelque chose qui est assez difficile parce qu’il bouge énormément, il va gaucher-droitier. Ça va être un peu le jeu du chat et de la souris, mais si Garbrandt est capable de toucher la cible, il va lui faire mal, c’est sûr.

Dans le troisième combat de championnat de la soirée, la reine des poids paille Joanna Jedrzejczyk tentera de défendre sa ceinture une sixième fois de suite contre Rose Namajunas.

On a de la misère à savoir qui va réussir un jour à passer à travers la Polonaise, mais s’il y en a une qui est capable de le faire, c’est Namajunas. D’habitude on voit toujours Jedrzejczyk intimider ses adversaires au face-à-face en conférence de presse, mais l’Américaine, elle, s’en fou complètement. Elle a eu certains problèmes personnels, mais maintenant elle est vraiment repartie sur des bonnes bases. Elle est super bonne en muay thaï, ce qui est la spécialité de Jedrzejczyk. Pour moi, ça pourrait être le combat de la soirée. Les deux sont des spécialistes debout, avec un avantage au sol pour Namajunas toutefois. C’est dur de déterminer où ça va aller. Jedrzejczyk est dans ma tête une des meilleures combattantes dans toutes catégories confondues, incluant les hommes. Elle est dans le top-3 livre pour livre assurément.

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En route vers l'UFC 217 : le retour de GSP
Compte à rebours vers l'UFC 217