NEW YORK - Comme dans le souvenir de ses plus récentes apparitions dans l’octogone, son visage était tuméfié, les marques d’une dure bataille imprégnées au fer rouge sur ses traits. Georges St-Pierre a même fini sa soirée à l’hôpital après son combat tant attendu contre Michael Bisping.  

Mais ici s’arrêtent les comparaisons. L’homme qui a quitté la cage avec une ceinture autour de la taille samedi ne ressemblait en rien au misérable champion qui avait rencontré la presse, défiguré, après la victoire qui l’avait escorté vers la porte de sortie quatre ans plus tôt.

GSP était un homme libéré, triomphant et fier alors que s’éteignaient lentement au-dessus de lui les projecteurs grisants du Madison Square Garden. Fier d’avoir tenu parole, fier d’avoir cru en lui, fier d’enfoncer un je-vous-l’avais-dit dans la gorge de tous ceux qui ne le croyaient pas à la hauteur de son ambitieux projet, qui jugeaient qu’il faisait erreur en voulant ressusciter une brillante carrière au-delà de sa date de péremption.

Pourquoi? « Pourquoi pas? », a-t-il crié haut et fort non pas avec son petit accent dont on aime tant rire, mais plutôt avec une performance absolument dominante, à tous ceux qui n’auraient peut-être pas encore compris.

Georges St-Pierre est de retour dans une version améliorée. Il nous avait tous prévenus. Tant pis pour ceux qui n’avaient pas voulu écouter.

« Même [Muhammad] Ali n’était pas l’ombre de lui-même après une absence de trois ans, a comparé le président de l’UFC, Dana White, lors de son bilan de la soirée. Il était toujours un grand boxeur, mais il n’était plus comme avant. Très peu d’athlètes parviennent à connaître du succès après une longue pause. Non seulement Georges a su le faire, mais il l’a fait dans une division qui n’était pas la sienne. Ce n’est pas rien. »

White n’a jamais eu peur de beurrer épais pour grossir les histoires qui risquent de lui rapporter de l’argent, mais la plus récente performance de GSP était certainement digne des plus élogieux superlatifs. Bisping, en tout cas, est de cet avis : le champion déchu a donné son approbation lorsqu’un journaliste lui a demandé si son tombeur devait maintenant être considéré comme le meilleur combattant de tous les temps.

Plus concrètement, la victoire de St-Pierre lui a valu 50 000 $. White lui a remis l’un des trois bonis réservés aux auteurs de la « performance de la soirée ». Rose Namajunas et T.J. Dillashaw, les deux autres champions nouvellement couronnés, ont reçu le même montant.

White s’est permis de distribuer 50 000 $ supplémentaires, divisant également la somme en deux pour la distribuer à Ricardo Ramos et Ovince Saint-Preux, auteurs de percutants K.-O. sur la sous-carte.

La suite

Quelle sera maintenant la suite du fameux plan que St-Pierre garde secret depuis l’annonce de son retour? Il aurait été étonnant que la réponse définitive soit connue samedi.

Tyron Woodley, qui détient actuellement l’ancienne ceinture du Québécois chez les mi-moyens, n’a pas tardé à faire connaître sa préférence, utilisant son compte Twitter pour implorer le nouveau champion à revenir à ses racines.

Le plan est clair pour White : GSP-Whittaker

White a toutefois réitéré que l’honneur reviendrait à l’Australien Robert Whittaker, qui a été désigné comme champion intérimaire de la division après sa récente victoire contre Yoel Romero. St-Pierre a déjà mentionné qu’une clause dans son contrat l’obligeait à défendre son titre contre Whittaker en cas de victoire, mais ce genre d’engagement n’est jamais coulé dans le béton dans l’UFC.

Lors de son arrêt dans les studios de l’équipe de diffusion francophone de l’UFC 217, après sa victoire, St-Pierre n’a pas voulu se commettre, affirmant qu’il avait besoin de repos avant d’évaluer ses options.

Ce qui semble pour l’instant le plus probable, c’est que ce combat aura lieu à Montréal. White, qui a déjà promis le retour de l’UFC dans la métropole québécoise en 2018 lors d’un récent passage à Toronto, a convenu samedi soir qu’il s’agissait d’un scénario logique.

L’UFC n’est pas venu à Montréal depuis le mois d’avril 2015. L’UFC 186, qui mettait en vedette le champion poids mouche Demetrious Johnson, avait été un échec aux guichets. Le retour de St-Pierre au Centre Bell ne devrait pas l'être.