MONTRÉAL – On savait déjà que Georges St-Pierre était non seulement un athlète, mais un homme fascinant. Il en a fait une fois de plus la démonstration, mardi soir, en parlant de la crainte qu’il a eue d’annuler son dernier combat et sur le processus psychologique qui le mène à se transformer dans l’octogone.

Durant les journées qui ont suivi son triomphe spectaculaire face à Michael Bisping, les révélations ont afflué sur le camp d’entraînement désastreux qu’il a connu. John Danaher, l’un des hommes de coin, a été le premier à révéler que l’entourage de GSP avait songé annuler sa participation à l’UFC 217.

Cette fois, ce fut au tour de St-Pierre de confirmer cette information. En fait, c’est lui-même qui a évoqué cette possibilité à ses entraîneurs.

« Je leur ai dit que j’allais essayer de faire un autre entraînement. " Si ça fonctionne tant mieux, sinon peut-être qu’on pensera à annuler ". Mais ça s’est très bien passé pendant les deux dernières semaines du camp d’entraînement et tout est rentré dans l’ordre », a commenté St-Pierre qui a bénéficié de traitements d’acupuncture pour se remettre sur pieds.

Depuis la conclusion du combat, St-Pierre et son entourage ont fait état des ennuis rencontrés pendant son camp d’entraînement qui impliquait une prise de poids significative. Forcé de se présenter à l’hôpital, le Québécois était rendu au point de ne plus se soucier du combat, mais bien pour un enjeu encore plus important.

« J’étais inquiet pour ma santé, mais les résultats des tests de sang étaient négatifs. Ce n’était pas un cancer ou un ulcère », a-t-il raconté quelques minutes avant de recevoir une ovation bien méritée quand il a procédé à la mise en jeu inaugurale du match entre les Blue Jackets et le Canadien.

S’il « plane sur un nuage » comme il le dit depuis sa victoire, St-Pierre s’est posé des questions jusqu’à la dernière seconde, ou presque, quant à son idée de remonter dans l’octogone.

Vous avez bien lu, même GSP se demande ce qu’il fait là avant d’entamer sa marche vers la cage. 

« C’est dans le vestiaire que je me pose cette question. Je me la pose avant chaque combat. " Merde, qu’est-ce que je fais ici ? Je me suis encore mis les pieds dans les plats " », a-t-il confié. 

La suite de sa réponse était tout aussi fascinante alors qu’il a expliqué la théorie psychologique qui lui permet de se transformer en un combattant redoutable.

« Ce qui se passe, c’est que tu essaies de mettre un masque. Tu veux montrer un visage de confiance, tu veux paraître comme si c’est impossible d’échouer. C’est la théorie James-Lange. En général, ton esprit domine ton physique, mais l’inverse peut se produire. D’ailleurs, j’ai arrêté de subir de l’intimidation à l’école par ma façon de me comporter en public. Tu dois marcher en pensant que tu seras le champion même si t’es effrayé. Quand je sors du vestiaire, je mets le masque, je suis comme un acteur. Quand je marche vers l’octogone, une transformation psychologique se fait. Je commence à me croire, je crois mon propre mensonge et ça me donne de la confiance et ma peur part », a détaillé le champion du monde en expliquant que de grands athlètes comme Michael Jordan, Mohamed Ali et Usain Bolt ont tous agi comme des champions avant de régner dans leur discipline.

« Tu dois finir par être arrogant envers toi-même sauf que tu n’as pas besoin de le dire aux autres ou de le crier sur les toits », a ajouté St-Pierre en parlant de son approche personnelle.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que GSP a réussi sa performance « d’acteur » haut la main. Il se dit donc très fier d’avoir accompli son rêve de revenir en beauté à la suite d’une sortie qui avait été décevante à ses yeux en novembre 2013 contre Johny Hendricks.

Cependant, il est loin d’être entièrement satisfait de sa prestation.

« Je suis heureux de la tournure des événements, mais je suis très critique envers moi-même. J’ai commis plusieurs erreurs et je ne suis pas content quand je les regarde. »

Là où il est ravi, c’est d’avoir confondu tous les sceptiques qui s’étaient manifestés au sujet de sa décision. La vague d’amour qu’il reçoit depuis son gain contre Bisping est donc encore plus agréable. 

« C’était vraiment bien parce qu’il y avait eu beaucoup de négatif par rapport à mon retour. Plusieurs personnes n’y croyaient pas, même des proches me disaient de ne pas revenir. Mais, dans la vie, quand tu crois à quelque chose, il ne faut pas juste y croire, il faut le faire et il faut également prendre les moyens pour que le résultat soit celui souhaité », a exprimé l’athlète de 36 ans qui quittera bientôt en vacances.

Parlant de Bisping, St-Pierre a été stupéfait d’apprendre que son adversaire ait décidé de remonter dans l’octogone aussi rapidement. Bisping a accepté de remplacer Anderson Silva – suspendu à nouveau pour dopage – pour un duel contre Kelvin Gastelum le 25 novembre à Shanghai.

« Je suis surpris et je ne comprends pas. Je pense qu’il était suspendu, mais vu que le combat est en Chine, ce n’est peut-être pas les mêmes règlements qui s’appliquent. Il a pourtant eu un knock-down et il a été inconscient. Il a probablement vu une raison pour accepter. Je lui souhaite quand même la meilleure des chances », a conclu St-Pierre qui était volubile et sympathique.