Si le Québec obtenait son indépendance, il faudrait penser donner la double citoyenneté à Chris Clements.

Parce que l’Ontario n’a légalisé que tout récemment les arts martiaux mixtes sur son territoire, Clements a appris à connaître par cœur le segment de l’autoroute 401 qui relie la ville de London à la province qui lui permettait de pratiquer son métier. L’athlète de 36 ans a disputé huit de ses 14 combats au Québec, dont celui qu’il voit à ce jour comme le plus important de sa carrière.

En novembre 2010, Clements avait le contrat d’affronter Jonathan Goulet au Centre Pierre-Charbonneau de Montréal. Le gagnant allait mériter la ceinture de champion de la division des mi-moyens de l’organisation Ringside MMA. Récemment libéré par le UFC, Goulet était le favori sur toutes les tribunes, autant objectives que sentimentales. Les dirigeants de Ringside ne le diront jamais publiquement, mais même eux ne voulaient probablement pas voir leur ceinture repartir pour l’Ontario.

Clements a fait un doigt d’honneur à tout ce beau monde ce soir-là. Après un premier round plus ardu au cours duquel Goulet a réussi à l’amener au sol, le visiteur a réussi à placer sa grosse main droite derrière la tête du favori local, qui s’est effondré au sol où il a aussitôt perdu conscience.







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« J’avais toujours voulu remporter un titre, un vrai, racontait Clements lors d’un long entretien la semaine dernière. J’étais déjà champion d’une petite organisation, mais ça ne comptait pas vraiment. Régner sur une vraie grosse organisation avait toujours été un but que je m’étais fixé et j’étais fou de joie quand j’y suis finalement parvenu. C’était encore plus spécial de le faire contre Jonathan Goulet, un gars que j’ai toujours aimé voir se battre et dont la carrière m’a inspiré. »

La division des 170 livres de Ringside avait donc un fier et digne champion. Mais Chris Clements n’est étrangement jamais revenu défendre son titre, un dossier sur lequel il a bien voulu faire la lumière lors de notre discussion.

« Après ma victoire contre Goulet, je n’ai jamais été capable d’être sur la même longueur d’onde que Ringside. Parce que je venais de l’Ontario, ça ne valait pas la peine pour eux de faire venir des gros noms pour m’affronter. Ils ont embauché un gars comme Paul Daley, un combat que j’aurais accepté volontiers, mais ils continuaient de m’offrir Alex Garcia et Alex Garcia seulement. Je venais de battre une étoile du UFC, une légende au Canada. Pourquoi j’aurais fait un pas en arrière pour affronter Alex Garcia? Ça aurait été insensé, ça n’aurait pas pu être bénéfique pour ma carrière. »

Au même moment, l’Ontario a finalement décidé d’ouvrir ses portes et ses coffres à l’industrie des MMA et Clements, un nouveau champion, devenait soudainement l’une des principales attractions disponibles pour meubler les cartes locales.

« On m’offrait deux fois plus d’argent et en plus, j’avais la chance de me battre à la maison, devant ma famille et mes amis, pour la première fois », raisonne Clements, qui a disputé ses deux derniers combats à Windsor et Sarnia.

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MANQUE DE RESPECT

Au cours de la dernière année, quelques combattants (Daron Cruickshank et Michaël Dufort, notamment) ont publiquement décrié le traitement que leur avait réservé l’organisation Ringside. Clements, lui, assure qu’il a toujours été bien accueilli au Québec et que son absence de la scène sportive montréalaise depuis près de deux ans n’a rien de personnel.

« Ringside m’a bien traité parce que je connais Joey (Benoît, le matchmaker) depuis l’époque de TKO et il a toujours été correct avec moi », confirme d’entrée de jeu Clements avant de dévoiler l’autre côté de la médaille.

« On m’a toujours bien traité, mais je ne me suis toutefois jamais senti respecté en tant que champion. Quand ils ont tenu une conférence de presse pour promouvoir le combat que j’étais supposé livrer à Garcia, je n’ai même pas été invité. Et le tout premier événement qu’ils ont organisé après mon couronnement, ils ont mis mon titre en jeu sur une base intérimaire! Je leur avais pourtant dit que j’avais aggravé ma blessure à la cheville et que j’avais besoin d’un peu de temps. »

« Pendant ce temps, Bossé et De Lorenzi n’ont pas pu se battre pendant plus d’un an et jamais leur titre n’a été remis en jeu. Voilà pourquoi j’ai senti qu’on me manquait de respect. »

UN RETOUR SOUHAITÉ

Clements, qui avait d‘ailleurs paraphé une entente avec Instinct avant de recevoir l‘appel du UFC, ne ferme pas la porte à un retour à Montréal, bien au contraire.

S’il remporte ses débuts au UFC en fin de semaine contre Keith Wisnewski, les planètes pourraient être alignées pour qu’il obtienne un deuxième combat sur le gala prévu à Toronto en septembre.

Sinon, le UFC 154 en novembre à Montréal serait une option plus qu’intéressante.

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« J’ai grandi dans une très petite ville, dans une famille très modeste. La plupart des gens qui vivent là-bas quittent rarement la région, ils n’ont pas vraiment l’occasion de visiter le reste du monde. Je suis en quelque sorte un modèle pour ma famille pour les choses que j’ai accomplies dans la vie et juste de penser qu’ils pourraient venir me voir, sur place, dans un gala du UFC, c’est énorme pour moi. »

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