MONTRÉAL – Alors que s’amorce le dernier droit du camp d’entraînement qui mènera à son retour dans l’octogone, Olivier Aubin-Mercier esquive le cliché habituellement balancé par ses pairs. Non, son prochain adversaire n’occupe pas l’intégralité de ses pensées.

C’est que dans la tête du prometteur combattant, une partie considérable de l’espace est encore occupée par Chad Laprise, celui qui lui a infligé la première défaite de sa carrière en avril dernier. Plus de trois mois après avoir été confronté à ses lacunes pour la première fois de sa jeune carrière en arts martiaux mixtes, Aubin-Mercier avoue avec sa candeur habituelle que les souvenirs de cet échec le tiraillent encore.

« J’y pense encore beaucoup, je me demande toujours ce que j’aurais pu faire différemment. Mais je trouve que c’est normal, insiste-t-il en entrevue à RDS. La première défaite, c’est toujours la plus difficile à prendre. C’est sûr que ça me joue encore dans la tête, mais c’est la vie, il me faudra bien passer par-dessus. Ce n’est pas la fin du monde. »

L’aveu, s’il surprend un peu, n’est toutefois pas nécessairement une bonne nouvelle pour l’Américain Jake Lindsey, la cible que le UFC a offerte à Aubin-Mercier pour son gala du 4 octobre à Halifax.

Aubin-Mercier possède aujourd’hui une perspective qu’il lui était difficile de saisir lorsqu’il peinait à retenir ses larmes, quelques minutes après s’être fait donner une leçon de trois rounds par Laprise. L’humiliation a été dure à avaler, mais elle lui a éventuellement appris une multitude de petites leçons.  

Voici trois erreurs qui l’ont incité à se qualifier d’«amateur » dans sa préparation pour le plus important combat de sa vie.

1. Habitué d’abaisser son poids à 155 livres pour combattre dans la catégorie des légers, Aubin-Mercier a affronté Laprise dans un duel de mi-moyens où la limite avait été fixée à 170 livres. Il pesait à peine trois ou quatre livres de plus qu’à la pesée officielle de la veille lorsqu’il est monté dans l’octogone. Son adversaire était plus lourd d’une quinzaine de livres.

« Dans ma tête, je me battais contre un 155. J’ai vraiment fait une grosse erreur avec mon poids et je pense que j’aurais pu prendre un peu plus de coffre pour ce combat », admet-il aujourd’hui.

2. Aubin-Mercier n’est pas arrivé à Québec avec assez de carburant pour pousser sa machine au maximum. « Chad m’a dit qu’il voyait un spécialiste qui, à chaque semaine quand il était fatigué, lui injectait un produit naturel qui l’aidait à récupérer. Moi, ma nutrition, je la faisais par moi-même et je n’avais aucune idée si je la faisais bien. »

S’est donc greffé à son équipe le nutritionniste Jean-François Gaudreau, qui travaille notamment avec Lars Eller, Patrick Côté et le boxeur Dierry Jean.

« J’ai commencé il y a deux semaines et déjà, je me sens pas mal mieux au niveau de mon énergie », constate le client satisfait.     

3. Aubin-Mercier a réalisé qu’il avait obtenu le résultat qu’il méritait lorsque Laprise, un ami et partenaire d’entraînement du Tristar Gym, lui a expliqué dans le détail les étapes de sa préparation en vue de l’affrontement.

« Il avait amené des judokas et des lutteurs pour s’entraîner spécifiquement pour mon style. Moi, j’allais au gym quand ça me tentait, je n’avais même pas d’horaire. Maintenant, j’essaie vraiment de mettre toutes les chances de mon côté. Je suis mieux entouré, j’ai un horaire fixe pour mes repas et mes entraînements. Je me couche plus tôt et je me lève plus tôt. Ça fait une grosse différence... Je pense que je m’étais laissé un peu aller à mon dernier combat. »  

Le combattant de 25 ans a aussi amélioré sa situation en quittant le nid familial sur la Rive-Sud de Montréal pour s’installer en appartement dans la métropole. La proximité avec ses lieux d’entraînement contribue à sa nouvelle discipline.

« Les plus gros regrets de ma vie »

Par-dessus le marché, Aubin-Mercier révèle avoir dû composer avec des problèmes personnels avant ses débuts au UFC. Il préfère en taire les détails, « mais on dirait que ma tête était plus là-dessus que sur mon combat », concède-t-il.

« Je n’ai pas mis mes priorités à la bonne place et je pense que c’est un des plus gros regrets que j’ai dans ma vie. Mais ce n’est pas une excuse, parce que tout est de ma faute. C’est à moi de prendre les bonnes décisions. Au niveau où je suis rendu, tous les gars sont des athlètes de haut niveau. Il faut vraiment s’entraîner fort et être intelligent. »

En plus de toutes ces réalisations salutaires, « OAM » sera de nouveau aidé par le retour dans son coin de Firas Zahabi, le grand tacticien qui révise le plan de matchs des combattants du Tristar. Pris en sandwich entre les intérêts de ses deux poulains lorsque Aubin-Mercier et Laprise s’étaient affrontés, Zahabi sera davantage impliqué dans la préparation entourant Lindsey (9-1), qui a subi son unique défaite lors de sa seule sortie au UFC.

Aubin-Mercier compte également toujours sur la présence de Richard Ho, son complice du gym H2O.

« Firas a tellement d’expérience. Ça ne changera pas toute la donne parce qu’en bout de ligne, c’est moi et personne d’autre qui se retrouve dans la cage, mais c’est sûr que ça va aider. »

Pour la première fois depuis trop longtemps à son goût, Aubin-Mercier prépare une stratégie pour un adversaire qui lui est complètement étranger, un défi qu’il aborde avec un grand soulagement.

« J’aime beaucoup mieux ça. Ça faisait trois fois que je me battais contre des personnes que je connaissais personnellement. Là, il n’y a pas d’émotion. Ça va faire du bien. »