QUÉBEC – Aucun Canadien n’a été coiffé du titre d’« Ultime Combattant » depuis que le UFC a lancé sa téléréalité du même nom en 2005. Cette disette prendra assurément fin cette semaine au Colisée Pepsi.

La plus récente mouture de cette série phare, qui opposait des combattants de deux catégories de poids du Canada et de l’Australie, a été complètement dominée par les représentants de l'unifolié. Chez les mi-moyens, le Québécois Olivier Aubin-Mercier et l'Ontarien Chad Laprise sont demeurés invaincus tandis qu'à 185 livres, Sheldon Wescott et Elias Theodorou ont facilement fait leur chemin jusqu'en finale. Un grand gagnant sortira de chaque paire mercredi lors du premier gala organisé par le UFC dans la Vieille Capitale.

Olivier Aubin-MercierAubin-Mercier et Laprise se connaissaient déjà avant d'être sélectionnés au sein d'Équipe Canada. Depuis des années, les deux sont des participants réguliers aux séances de simulation (sparring) supervisées par Firas Zahabi au Tristar Gym de Montréal. Mais chacun est resté de son côté depuis que leur rencontre au centre de l'octogone est devenue imminente.

« J'avais l'intention d'aller au Tristar, mais j'ai finalement décidé de rester à la maison et d'aller plutôt faire un tour à Chicago, au gymnase de Jeff Curran. Je ne pouvais pas prendre le risque qu'il m'arrive quelque chose, comme une blessure, et qu'Olivier soit au courant », raisonne Laprise, dont les racines sont implantées à London, chez l'équipe Adrenaline popularisée par Mark Hominick et Sam Stout.

« Quand Firas m'avait demandé mon avis, je lui avais répondu que Chad était le bienvenu s'il voulait venir. Je ne voulais pas l'empêcher d'avoir le meilleur camp d'entraînement possible. Mais finalement, je crois que c'est mieux qu'on ne se soit pas vu, admet Aubin-Mercier. Plus le temps avançait et plus je me demandais comment j'allais réagir quand on allait se retrouver un à côté de l'autre sur le tapis. Qu'on le veuille ou non, c'est sûr que j'aurais tourné les yeux pour voir ce qu'il faisait. »

Le duel opposera deux pugilistes aux styles diamétralement opposés. Aubin-Mercier possède cette poigne qui vous fait comprendre que vous êtes dans le trouble dès qu'il vous met la main dessus. Ancien membre de l'équipe nationale de judo, il est décoré d'une ceinture brune en jiu-jitsu brésilien et ses quatre victoires chez les professionnels ont été le fruit de la même soumission, un étranglement arrière barré avant la fin du premier round.

« Bien sûr qu'il connaît d'autres trucs, mais je ne les dévoile pas! », insinue son entraîneur, Richard Ho.

Laprise est un cogneur au sens le plus pur du terme. Ses mains rapides et précises vont de pair avec un jeu de pieds furtif qui lui permet de plancher sur sa prochaine attaque avant même que son adversaire n'ait eu le temps de réagir à la première. À ce jour, quatre de ses sept adversaires sont tombés sous ses poings et c'est en signant le K.-O. le plus percutant de la saison qu'il s'est qualifié pour la finale de TUF.

« Le style d'Olivier est différent, mais la qualité de sa boxe est sous-estimée, croit Ho. On travaille sur cet aspect depuis plusieurs années et il est rendu à un niveau où il peut représenter une véritable menace, même pour le K.-O. »

« Debout, Olivier est bien meilleur que les gens peuvent le penser, acquiesce Laprise sans se faire prier. Par contre, je ne reçois jamais assez de crédit pour mes habiletés au sol. Si c'est là que le combat doit se dérouler, je saurai m'en tirer. »

« Je suis meilleur que lui en lutte, mais je sais qu'il compte sur une grosse défensive, répond Aubin-Mercier. C'est sûr qu'il ne m'amènera pas au sol, reste à voir s'il pourra m'empêcher d'en faire autant. Et une fois au sol, je sais qu'il ne peut pas me piéger dans une soumission. C'est sûr que c'est un avantage. »

Westcott-Theodorou : contradiction des genres

Sheldon Wescott a encore des croûtes à manger avant de devenir l'athlète le plus célèbre de Saint-Albert, une petite ville qui a notamment vu naître Mark Messier et Jarome Iginla.

« Je suis encore bien en bas du totem, mais si on ne compte que les combattants? Oui, je dirais que c'est moi le plus connu! », lance-t-il en éclatant de rire.

Westcott n'est peut-être pas doté du même talent naturel que les hockeyeurs qui font la fierté de son patelin, mais il a certainement hérité de la même pugnacité. Même si sa feuille de route laisse croire le contraire, l'Albertain de 29 ans ne l'a pas eu facile devant les caméras du UFC. Seul combattant à remporter ses deux combats avant la limite, c'est avec une double déchirure à un ligament du genou et une colonne cervicale endommagée qu'il a tour à tour battu les Australiens Dan Kelly et Vik Grujic.

Sheldon Wescott et Elias Theodorou« Malgré les blessures, je savais que je devais sortir de mon coin avec la même fougue qui me caractérise. Plusieurs gars, même parmi mes coéquipiers, ont été pris par surprise par mon approche, mais j'aimerais mieux perdre en restant fidèle à mon style que d'engager un combat avec hésitation. Un excès de prudence, ça équivaut à courir à ma perte », relate Westcott qui, plus de quatre mois après la fin de l'émission, peut maintenant voir ses problèmes de santé dans le rétroviseur.

Ici aussi, les genres se contredisent. Si Westcott transporte la réputation d'un prédateur féroce contre qui l'erreur ne pardonne pas, Elias Theodorou est surtout vu comme un travailleur infatigable et efficace, mais sans lustre.

« J'ai forcé cinq de mes huit adversaires à l'abandon, note prestement "The Spartan". Alors vous pouvez me traiter de grinder tant que vous voulez, mais je peux finir mes combats. »

« Elias est un combattant fantastique qui possède un incroyable éventail d'habiletés, approuve Westcott. Je crois qu'il n'a pas montré le quart de ce qu'il sait faire et comme on a appris à se connaître assez bien pendant le tournage de l'émission, j'ai l'impression qu'un de nous deux devra sortir un truc encore jamais vu pour finir ce combat. »

On ne retrouve rien de l'intensité palpable de Westcott dans l'attitude débonnaire de Theodorou, un amoureux de la lentille qui prend plaisir à cultiver son image de play-boy. Mais gare à celui qui verra un signe de faiblesse dans cette nonchalance apparente, prévient-il.

« Pendant les 15 minutes que durera le combat, je serai l'homme le plus sérieux du monde. D'ici là, je vis mon rêve et j'en profite chaque seconde. »

Québec se prépare pour le UFC