MONTRÉAL – Alex Garcia était déjà doté d’un physique impressionnant la première fois qu’il a mis les pieds sur un tapis de lutte à son arrivée au Québec. Des biceps surdimensionnés, des pectoraux taillés dans le roc. Le gars était fort comme un bœuf.

Au Montreal Wrestling Club, il a fait la rencontre de Georges St-Pierre, qui  venait de récupérer sa ceinture des mains de Matt Serra et qui était déjà, à l’époque, précédé d’une réputation plus grande que nature. Alors quand Garcia, cette journée-là, s’est fait bouchonner comme une poupée de chiffon par son célèbre partenaire d’entraînement, il ne s’est pas trop posé de questions. Après tout, il ne devait pas être le seul à se faire donner la leçon par GSP.   

Mais rapidement, le Dominicain s’est aperçu que la domination à ses dépens n’était pas exclusive au grand champion.

 « Tout le monde me bottait le derrière! », se rappelle-t-il humblement.

Garcia était fort, mais ignorait tout des notions qui pouvaient l’aider à exploiter cet atout.

« Je n’avais aucune technique et j’utilisais ma puissance contre moi-même », résume-t-il.

De toute façon, Garcia n’avait pas besoin de sa lutte quand il a amorcé sa carrière professionnelle sur la scène locale montréalaise. Il a remporté ses six premiers combats, dont trois par K.-O. et cinq avant la fin du premier round. C’était presque trop facile.

L’adversité est arrivée pour la première fois sous la forme d’un grand Américain de 6 pieds 4 pouces du nom de Seth Baczynski. Dans les minutes qui ont précédé la première défaite de sa carrière, Garcia a démontré qu’il savait lutter, mais a laissé son orgueil neutraliser ses habiletés. Le jeune fauve voulait cogner et pour la première fois, c’est lui qui est tombé.

Alex Garcia et Sean SpencerGarcia a ajouté beaucoup de maturité à son arsenal dans les années qui ont suivi. Son instinct le poussera toujours à chercher le coup d’assommoir, mais il a réalisé que la polyvalence n’était pas une option dans son champ d’activités. Et aujourd’hui, la lutte peut être considérée comme l’une de ses forces.

À son deuxième combat à l’UFC, au cours duquel il a été solidement ébranlé par Sean Spencer, Garcia s’est sorti du pétrin en réussissant huit amenées au sol. À sa sortie suivante, il a cloué Neil Magny au tapis trois fois malgré un genou en piètre état. Puis en juillet dernier, de retour d’une absence de près d’un an pour se remettre d’une sérieuse opération, il a maîtrisé Mike Swick avec un rendement parfait de 5-en-5 sur ses tentatives d’amenées au sol.

« Quand j’entre dans la cage pour une compétition, je suis maintenant prêt pour tout ce qu’un combat d’arts martiaux mixtes implique, se targue le combattant des Caraïbes. Que j’aie besoin d’une amenée au sol ou d’un coup de poing, ça ne me dérange pas, tant que j’arrive à mes fins. Je peux m’ajuster à ce que mon adversaire me donne. S’il faut que je le mette au sol, je le ferai à répétition. Si je ne peux pas, je le frapperai au visage encore et encore. »

Selon FightMetric, Garcia montre un pourcentage de réussite de 69 % sur ses tentatives d’amenées au sol, mais de seulement 57 % dans sa défensive contre une telle stratégie. Perfectionniste, il est conscient que cette facette de son jeu peut encore être polie.

« Je crois que je peux encore m’améliorer énormément. Je travaille d’ailleurs là-dessus chaque jour. Ça s’en vient, tranquillement, tranquillement. Mais pour moi, ce n’est jamais assez. »

Encore une préférence pour le K.-O.

Victime d’une grave déchirure ligamentaire lors de son combat contre Magny, Garcia a offert une performance encourageante à son retour dans l’octogone. C’est sans grande complication qu’il a convaincu les juges de sa victoire sur Swick, un vétéran de la première heure qui revenait lui aussi à l’action après une longue période d’inactivité.

Mais la victoire, sa troisième en quatre combats à l’UFC, ne l’a pas emballé.

« Je n’étais pas très heureux après cette performance. J’ai regardé le combat de nouveau et... je ne sais pas trop. J’aurais voulu en faire plus, mais je sais que je me retenais un peu, que je testais mon genou. Tout s’est bien passé, mais quand même, ce n’était pas le combat le plus excitant de ma carrière. Habituellement, gagne ou perd, je donne un bon spectacle. Cette fois-là, c’était correct, sans plus. »

Garcia (13-2) sent donc qu’il aura beaucoup à prouver dimanche prochain alors qu’il franchira la porte de l’octogone pour y affronter Sean Strickland (16-1). Le combat sera présenté sur les ondes de RDS2 en sous-carte du gala mettant en vedette Donald Cerrone et Alex Oliveira.

Comme Garcia, le combattant de 24 ans a remporté son dernier combat par décision unanime après avoir subi sa première défaite à l’UFC.

À première vue, Garcia aurait avantage à copier le plan de match ébauché pour battre Swick et à l’appliquer contre Strickland, un cogneur élancé qui n’a pas peur d’encaisser pour distribuer.  

« Je crois que ce sera un combat enlevant, prédit le membre de l’équipe du Tristar Gym. Mon plan de match, c’est de le mettre K.-O. dès que possible. »

Oui, parce que Garcia a beau avoir appris à manier d’autres instruments, sachez qu’il a gardé une préférence pour sa bonne vieille main droite.

« J’aime faire mal à mon adversaire. En l’amenant au sol, ça peut marcher, mais avec mes poings, c’est encore plus efficace. Le plus beau feeling, ça reste le K.-O. », dit le petit mi-moyen, très conscient du fait qu’il n’a pas savouré la victoire à sa sauce préférée depuis ses débuts à l’UFC, il y a plus de deux ans.

« Oui, c’était contre Ben Wall. J’espère pouvoir retrouver les mêmes sensations à mon prochain combat. J’ai l’intention de ramener le bon vieux Alex Garcia! »