TORONTO – Si Donald « Cowboy » Cerrone a décidé de ramener son cheval de bataille à l’écurie en tentant d’amenuiser son implication dans la création de la nouvelle Association des Athlètes d’Arts Martiaux Mixtes (MMAAA), Tim Kennedy a donné un bon coup de cravache sur la fesse de sa monture en indiquant clairement qu’il n’a aucune intention d’en descendre.

Une semaine après s’être annoncé avec passion comme l’un des porte-parole de la MMAAA, Kennedy a abordé le sujet avec la même ferveur jeudi, à deux jours de son combat contre Kelvin Gastelum à l’UFC 206.

« J’ai mis plusieurs conversations sur la glace parce que présentement, mon obstacle le plus important sera devant moi samedi soir. Mais après ce combat, cette cause sera ma mission », a promis le volubile poids moyen.

Kennedy, qui a décidé d’assumer la paternité du syndicat naissant conjointement avec Georges St-Pierre et une poignée d’autres combattants, dit être inondé d’appels et de questions de la part de confrères actifs et retraités depuis une semaine. Tous veulent savoir quelle forme prendra la nouvelle union et comment faire pour y souscrire, affirme-t-il.

« Nous avons annoncé la création de l’Association la semaine dernière et quatre des cinq membres du comité exécutif se battent en fin de semaine ou au cours des trois prochaines semaines. Mais après ces combats, vous allez voir du progrès, a-t-il promis. Je prendrai peut-être quelques jours de congé, mais à partir de la mi-décembre, janvier, février, vous aurez des mises à jour régulières et serez témoins de réalisations constantes. Ça va bouger. »

Le mouvement lancé par Kennedy et ses alliés, dont fait également partie l’ancien président de Bellator MMA Bjorn Rebney, ne fait toutefois pas l’unanimité. Une aversion prévisible aux aspirations du groupe est venue de l’UFC quand Dana White, le président de l’organisation,  a réagi à l’implication de Cerrone en dévoilant aux grands jours une histoire personnelle impliquant les problèmes légaux de son employé.

Pour Kennedy, qui précise avoir été traité avec professionnalisme par tous les employés de l’UFC depuis son arrivée à Toronto, cet épisode n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la pertinence de son projet et de la nécessité de l’amélioration des conditions de travail des combattants.

« Cette compagnie vient d’être impliquée dans la plus grande vente de tous les temps pour une franchise sportive. On ne parle plus d’un sport qui en est à ses balbutiements. Les promoteurs qui crachent leur fiel sur les athlètes, les gars qui peinent à nourrir leur famille, les gars qui touchent un salaire de 20 000$ pour entrer dans l’octogone et se faire défoncer le cerveau... On devrait être rendu ailleurs. L’UFC vient de battre tous les records pour un événement sportif tenu au Madison Square Garden, l’amphithéâtre sportif le plus prestigieux de la planète, et on a des gars qui touchent 20 000$ pour se battre. Il faut que ça cesse! »

LA MMAAA a aussi reçu une lettre l’invitant à cesser ses opérations de la part d’un conglomérat d’avocats qui représente des combattants dans une poursuite antitrust logée contre l’UFC. Jeudi, Kennedy a qualifié la missive de superflue et a indiqué que son groupe ne cèderait pas aux menaces.

MMAAA : Des remous jusqu'à Toronto

« Rien n’a changé. Nous continuons d’aller de l’avant à la même vitesse et avec le même support en provenance des athlètes, a-t-il clarifié. Cette poursuite intentée par cet autre groupe ne vise qu’à obtenir de l’argent pour ses clients. Nous avons lancé notre initiative pour voir à l’amélioration du sport et des conditions des athlètes. On ne parle pas d’une poignée de gars qui vont en cour, mais bien d’une volonté de changer la façon dont les athlètes sont traités à l’avenir. Ce sont deux causes complètement différentes. »

« Il y a peut-être cette perception qui circule selon laquelle je voudrais faire mal à l’UFC. Ça ne pourrait être plus faux, a ajouté Kennedy. Je pratique les arts martiaux depuis 30, je suis un athlète professionnel depuis 16 ans. Si vous cherchez quelqu’un qui a le combat dans le sang, vous l’avez trouvé. C’est ma vie. Mais je suis convaincu que ce sport n’existera plus dans dix ans si on garde le statu quo. Des gars comme Don Frye qui se meurent dans le coma ou Mark Coleman qui peut à peine marcher; ces histoires font mal à notre sport et je ne veux pas le voir disparaître. »

Un dernier combat?

Kennedy, qui disputera samedi son premier combat en plus de deux ans, n’écarte pas la possibilité de se retirer une fois pour toute afin de consacrer tout son temps à son implication dans la cause qui lui tient à cœur.

« Ça pourrait être mon dernier combat, absolument, peint-il noir sur blanc. La raison originale de mon retour était pour me battre à l’UFC 205, au MSG, contre Rashad Evans. C’est pour ça que je suis revenu. Me voilà maintenant à l’UFC 206 et devant moi se trouve Kelvin Gastelum. Qu’est-ce qui se passera après? Je ne sais trop. Ma vie à l’extérieur de la cage me tient tellement occupé. »

Sorti de la compétition sur une défaite controversée après avoir traversé une séquence de quatre victoires consécutives, Kennedy est confiant que ni la rouille, ni ses implications à l’extérieur du gymnase n’affecteront sa performance en fin de semaine.

« Je suis en camp d’entraînement depuis trois mois et demi. J’ai raté une journée d’entraînement, le jour de notre annonce, et cette journée-là j’étais quand même au gymnase le matin et le soir. Quand vous me verrez sur la pesée demain, vous verrez que j’ai l’air du même gars que j’étais il y a dix ans. Et samedi soir, je serai tout aussi athlétique, puissant et épeurant dans la cage. Je me suis amélioré davantage en deux ans sans me battre qu’à n’importe quel autre point dans ma vie. »