Pour amateurs de «gros bonhommes»
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 22:04 jeudi, 11 oct. 2012. 21:05Parce que c’est devenu une obsession d’en voir un porter l’uniforme bleu-blanc-rouge du club local, les Québécois ont ajouté à leur jargon, au cours des dernières années, un cliché qui s’est peu à peu forgé une place de choix dans notre beau folklore sportif.
Si je vous décris un gaillard qui fait au moins 6 pieds et 200 livres, qui n’a pas peur de « jouer dans le trafic », « d’aller dans les coins » et de « distribuer les coups d’épaules », d’un costaud qui commande le respect par sa seule présence, vous savez que je vous parle du fameux « gros bonhomme ».
Le pouvoir d’attraction du « gros bonhomme » ne date pas d’hier et ne se limite pas qu’au hockey. Babe Ruth, qui pouvait s’enfiler une douzaine de steamé avant un match, a changé la face du baseball dans les années 1920 avec son terrifiant coup de bâton. Les dames n’en avaient peut-être que pour les petits shorts serrés de John Stockton, mais c’est son géant complice Karl Malone, deuxième meilleur compteur de l’histoire de la NBA, qui était la plus grande vedette du Jazz de Utah de l’époque.
Tenez, c’est même vrai au golf. John Daly n’a pas gagné un tournoi sur le circuit de la PGA depuis 2004. L’année dernière, il a raté la coupure du deux-tiers de ses 18 tournois. Il boit, il fume, il sacre, mais le sympathique et bedonnant Daly est toujours l’un des joueurs les plus populaires de sa confrérie.
Les sports de combat, vous ne serez pas surpris, n’ont historiquement pas fait exception à cette règle. Si vous offriez à un mordu la possibilité de remonter dans le temps, probablement qu’il viserait sans hésiter les belles années de Jack Dempsey, Joe Louis, Rocky Marciano, Sonny Liston, Muhammad Ali, Joe Frazier, George Foreman ou encore, plus récemment, Mike Tyson et Evander Holyfield.
Beaucoup plus jeune que le noble art, le sport des arts martiaux mixtes n’échappe néanmoins pas à ce phénomène. La plupart des amateurs vous diront qu’ils aiment les petits pour leurs qualités athlétiques, leur rapidité et leur cardio sans borne, mais ce sont encore les gros, ceux qui pourraient nous faire fondre de trouille simplement en baissant un sourcil, qui attirent le plus l’attention.
Le UFC en est conscient et pour son prochain gala, il a décidé de mettre tous ses œufs dans le même panier en érigeant, pour la première fois de son histoire, une carte principale entièrement composée de poids lourds.
La concrétisation du projet a probablement apporté à Dana White et son équipe plus de maux de tête qu’un uppercut de Junior Dos Santos ne peut en provoquer. Quand Alistair Overeem, qui devait justement affronter le Brésilien dans un choc de champions fort attendu, a échoué un test antidopage et ainsi perdu ses chances d’obtenir la licence requise pour monter dans l’octogone, il a donné une pichenote sur le premier domino du bord et provoqué une réaction en chaîne qui a passablement altéré la qualité du menu qui avait été concocté.
Malgré tout, la carte du UFC 146 a le potentiel d’être béton. À oublier si vous êtes proches de vos cennes parce que ça risque de coûter cher de la minute.
Mon collège et coéquipier Mathieu Bédard a déjà commencé à publier ses pronostics via son blogue. Voici mon modeste aperçu de ce qui nous attend samedi soir.
JUNIOR DOS SANTOS (14-1) vs FRANK MIR (16-5)
Opposé au départ au champion déchu Cain Velasquez en demi-finale, Mir est devenu le choix logique pour graduer sur l’attraction principale quand le ciel est tombé sur la tête d’Overeem. Le vétéran de 33 ans, qui a déjà porté la ceinture qui entoure aujourd’hui la taille de Dos Santos à deux reprises, n’a subi que deux défaites depuis cinq ans et a remporté ses trois dernières batailles.
À sa dernière sortie, Mir a réussi l’exploit de battre à son propre jeu l’as du jiu-jitsu brésilien Antonio Rodrigo Nogueira, qui comptait lui-même 20 victoires par soumission et qui n’avait auparavant jamais été forcé à l’abandon en 39 combats. Aura-t-il l’audace de tenter à nouveau de vaincre le feu par le feu contre Dos Santos, probablement le meilleur boxeur de la division?
Cette fois, celui qui détient le record du UFC avec 14 victoires chez les lourds aurait plutôt avantage à écouter la voix de la raison. Non seulement Dos Santos vient de mettre la main sur le titre en passant le K.-O. à Velasquez en 64 secondes, la 11e victoire de sa carrière au premier round, mais Mir se faisait déclasser par « Big Nog » (il a été touché par 21 de ses 29 coups significatifs) avant que l’action ne se transporte au sol.
Si la logique est appliquée, Mir tentera d’amener JDS au tapis. Y parviendra-t-il? Au UFC, seuls Gabriel Gonzaga (1-en-1) et Shane Carwin (1-en-3) l’ont fait, sans toutefois pourvoir y garder l’action.
Mir a enregistré huit victoires par soumission au UFC, un record de l’histoire moderne de la compagnie qu’il partage avec Nate Diaz et Kenny Florian. S’il n’est pas en tête de ce département dimanche matin, c’est probablement qu’il aura été victime du sixième K.-O. de sa carrière.
CAIN VELASQUEZ (9-1) vs ANTONIO « BIG FOOT » SILVA (16-3)
Si Velasquez cherche un modèle à suivre pour battre Silva, il n’a qu’à regarder dans sa propre cour. En septembre dernier, son coéquipier Daniel Cormier causait l’une des surprises de l’année en terrassant le géant brésilien en moins de quatre minutes en route vers la finale du Grand Prix des poids lourds de Strikeforce.
Impossible de repasser dans sa tête les images de Cormier touchant la grosse mâchoire de Silva à souhait sans s’imaginer que Velasquez, une version plus imposante et plus rapide de son ami, arrivera dans la cage avec une copie conforme de ce plan de match.
Contre Big Foot, Cormier a passé 58% de ses coups en puissance. En carrière, le taux de précision de Velasquez à ce chapitre est de 60,6%, le deuxième plus élevé de l’histoire du UFC derrière le 68,5% d’Anderson Silva.
Ici aussi, la seule chance de Silva de s’en sortir semble être de trouver une façon d’amener l’action à l’horizontal, où la vitesse de Velasquez ne lui sera d’aucune aide. Pas impossible, mais peu probable comme scénario.
ROY NELSON (16-7) vs DAVE HERMAN (21-3)
Si un combat atteint la limite, ce sera probablement celui-là. Comme on peut lire dans les notes de presse distribuées par le UFC, « Roy Nelson est l’un des deux poids lourds de l’histoire du UFC à avoir encaissé au moins 300 coups en puissance sans avoir été mis K.-O. (l’autre étant Tim Sylvia avec 345) ».
Voilà donc la mission à laquelle fait face Dave Herman, un colosse athlétique et puissant, mais qui semble avoir de la difficulté à rester concentré sur la tâche à accomplir et qui ne se démarque pas nécessairement par la qualité de son cardio depuis son arrivée au UFC.
Nelson ne gagnera jamais la mention d’abonné du mois chez Énergie Cardio, mais s’il y a une chose qu’il faut lui donner, c’est qu’il est capable d’en prendre. Si son menton peut lui permettre de survivre jusqu’à ce que Herman commence à dégonfler, sa main droite pourrait lui procurer une deuxième victoire en cinq combats.
Comme Jason « Mayhem » Miller et son bon ami Dan Hardy, qui sont en action sur la carte préliminaire, Nelson joue peut-être sa carrière au UFC en fin de semaine.
STIPE MIOCIC (8-0) vs SHANE DEL ROSARIO (11-0)
Une seule certitude : un seul de ces deux prospects ressortira de l’octogone avec une fiche toujours vierge.
Si on se couche tard, ça ne sera probablement pas à cause de ces deux messieurs. Récemment gradué de Strikeforce, Del Rosario a obtenu dix de ses onze victoires au premier round. À sa dernière sortie, il a passé une clé de bras à Lavar Johnson, qui détruit tout ce qui bouge depuis ses surprenants débuts au UFC.
Miocic a fini sept de ses huit combats avant la limite, chaque fois en moins de dix minutes. À sa dernière présence dans l’arène, il a enregistré le cinquième K.-O. le plus rapide de l’histoire de la divison des lourds du UFC, une victoire en 43 secondes contre Philip De Fries.
STEFAN STRUVE (23-5) vs LAVAR JOHNSON (17-5)
Parlons-en justement de Johnson. Arrivé d’un peu nulle part après deux défaites successives au Strikeforce, il a fait une grosse bombe dans la piscine du UFC en éliminant deux victimes – Joey Beltran et Pat Barry – au premier round.
Trois semaines seulement après son plus récent triomphe, le revoici face à Struve, un gratte-ciel de 6 pieds 11 pouces aux résultats aussi instables que la tour de Pise. Le grand Néerlandais n’a pas combattu pendant trois rounds complets depuis sa victoire serrée face à Paul Buentello, sa troisième de suite à l’époque. Depuis, il a emmagasiné trois victoires par TKO, une autre par soumission mais a été dynamité deux fois.
Face-à-face de style intéressant : quatre des cinq défaites de Johnson ont été le résultat de soumissions; Struve en a 15 en 23 victoires. D’un autre côté, quatre des cinq défaites de Struve ont été le résultat d’un K.-O.; Johnson en a 15 en 17 victoires.
LE RESTE DE LA CARTE DU UFC 146
Diego Brandao (14–7) c. Darren Elkins (13–2)
Jamie Varner (19–6-1) c. Edson Barbosa (10–0)
C.B. Dollaway (11–4) c. Jason Miller (23–8)
Duane Ludwig (21–12) c. Dan Hardy (23–10)
Glover Teixeira (17–2) c. Kyle Kingsbury (11–3)
Paul Sass (12–0) c. Jacob Volkmann (14–2)
Mike Brown (25–8) c. Daniel Pineda (17–7)
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