MONTRÉAL – La conversation a lieu à l’été 2014. Randa Markos, le front en sueur et mordant encore dans son protecteur buccal, vient de passer une soumission à Felice Herrig lors du tournage de la vingtième saison de L’Ultime Combattant

« Vous croyez que ça va finalement la faire taire? », laisse-t-elle tomber en retrouvant ses coéquipières, s’assurant que sa question se rende aux oreilles de tout le monde.

« Peut-être qu’elle se tairait si tu arrêtais d’agir comme une emmerdeuse... », réplique aussitôt Carla Esparza.

« Ne t’en fais pas. Tu es la prochaine. »

Randa MarkosCe jour-là, dans l’entrepôt de Las Vegas qui sert de plateau de tournage pour l’émission de téléréalité de l’UFC, une certitude est née : Markos et Esparza allaient éventuellement se revoir dans l’octogone.

La joute verbale ne faisait que commencer. Les deux combattantes ont passé les semaines suivantes à souffler sur les braises de leur discorde. Des cliques se sont formées, Markos s’est sentie visée, exclue, et a répliqué avec une langue acérée.

Esparza fut sa principale cible. Markos a dit de la favorite du tournoi télévisé qu’elle était surévaluée. Elle l’a traitée d’hypocrite, lui a dit qu’elle était « la plus laide personne qu’elle avait jamais rencontrée ».  

« On m’a tapissée dans un coin, se souvient Markos. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour éviter les confrontations, mais quand je me suis mise à entendre tous ces mensonges qu’on véhiculait à mon endroit, j’ai répliqué. Quand quelqu’un vous pousse jusqu’à la limite, vous finissez par dire des choses qu’on ne veut pas nécessairement entendre. Je ne regrette absolument rien. »

Esparza n’était peut-être pas si surévaluée. Elle a remporté la compétition pour devenir la première championne de la division des poids pailles de l’UFC. Markos s’est inclinée en demi-finale devant Rose Namajunas pour ensuite débuter son séjour officiel à l’UFC avec une défaite contre Jessica Penne. Les deux rivales s’en allaient dans des directions opposées.

Randa Markos

« Tout de suite après la fin de l’émission, j’ai bloqué la plupart de ces filles sur les réseaux sociaux, raconte Markos. Je ne voulais plus les entendre, je ne voulais plus les voir. Mais je savais qu’un jour, on aurait l’occasion de régler ce différend dans une cage. »

Markos a connu des hauts et des bas au cours des deux dernières années. La résidente de Windsor, en Ontario, a gagné deux de ses quatre combats. Elle est brièvement venue s’établir à Montréal, seulement pour décider que les méthodes du gym Tristar n’étaient pas pour elle et qu’elle était mieux servie chez Michigan Top Team, près des siens. Sa dernière performance, une défaite expéditive par soumission en août dernier, lui a laissé un goût amer en bouche.

Tellement que lorsque l’UFC l’a contactée pour lui proposer un duel contre Esparaza en février à Halifax, elle a hésité.

« Au départ, je n’étais plus certaine de vouloir ce combat parce que je me remettais difficilement de ma dernière défaite. Mais après quelques heures de réflexion, je me suis dit : ‘Mais qu’est-ce que tu fais? Arrête de niaiser et accepte’. C’est un combat dont je rêve depuis longtemps. Tout le monde en parle, tout le monde veut le voir et en plus, ça aura lieu au Canada. Qu’est-ce que je peux demander de mieux? »

Sur papier, la confrontation semble inégale. Markos (6-4) n’est même pas classée dans le top-15 de sa division alors qu’Esparza (11-3) est vue comme la troisième aspirante au titre détenu par Jedrzejczyk. Mais Markos, 31 ans, ne veut pas être jugée sur son passé.

« Je refuse de laisser ma dernière performance me définir et je sais que je suis une athlète complètement différente que celle que j’étais pendant l’Ultime Combattant. La lutte a toujours été mon pain et mon beurre, mais avec le temps, je m’en étais éloignée. Je suis récemment retourné à mes racines et c’est comme si je n’étais jamais partie. Carla et moi possédons des atouts similaires au sol, mais je crois que je peux la dominer avec mes poings. Si je peux garder le combat debout, je crois que je m’en tirerai à merveille. »

Le combat entre Randa Markos et Carla Esparza sera diffusé dimanche soir sur les ondes de RDS2.​