MONTRÉAL – On commençait déjà à se préparer au départ de Georges St-Pierre quand Alex Garcia est débarqué au Québec. Dès son arrivée, le Dominicain fut considéré comme la prochaine grande vedette à émerger de la scène québécoise des arts martiaux mixtes.  

Garcia est rapidement devenu une attraction populaire sur le circuit local montréalais. Sympathique,  charismatique et spectaculaire, celui qu’on surnommait alors « The Animal » avait la personnalité parfaite pour complémenter ses impressionnantes qualités athlétiques.

À l’intérieur de la cage, ses performances offraient une crédibilité instantanée à la réputation que les promoteurs tentaient de lui bâtir. Garcia, un spécimen physique qui n’avait jamais lutté avant de franchir la porte du Tristar Gym, a remporté ses six premiers combats avant la limite, trois par K.-O. et trois par soumission.  Des sites spécialisés le voyaient comme le plus bel espoir du Canada. Il s’est éventuellement monté une fiche de dix victoires et une seule défaite et après quatre ans de labeur, il a finalement reçu l’appel pour lequel on le disait destiné.

Le « Cauchemar dominicain » - c’est le nouveau surnom de Garcia - a fait des débuts remarqués à l’UFC en décembre 2013. Il n’a eu besoin que de 43 secondes pour passer le K.-O. à l’Australien Ben Wall. Le plan suivait son cours sans anicroche.

Mais depuis un an, la progression de Garcia a quelque peu ralenti. Contre Sean Spencer, il a failli laisser sa peau dans un deuxième round spectaculaire avant d’arracher une victoire par décision partagée. Puis contre Neil Magny, il s’est déchiré des ligaments d’un genou avant de pouvoir se faire justice et même s’il croit toujours en avoir fait assez pour l’emporter, sa fiche dit qu’il a subi ce soir-là sa première défaite à l’UFC.

Garcia demeure un combattant fort prometteur, mais à 27 ans, il a encore beaucoup de travail à faire avant d’arriver au statut de superstar qui lui était promis. Le 11 juillet, il aura la chance de redémarrer la machine contre le vétéran Mike Swick. Le combat, présenté en sous-carte du gala qui mettra en vedette José Aldo et Conor McGregor, sera diffusé sur les ondes de RDS2.

« Je crois que rien n’arrive pour rien, philosophait le gentil colosse mercredi dans un coin de son temple d’entraînement. J’ai pu profiter du repos pour relaxer un peu. Avant de me blesser, j’étais toujours en compétition et je m’entraînais beaucoup. Ma malchance m’a permis d’offrir un repos complet à mon corps et de devenir un meilleur athlète pour mon prochain défi. »

Le Québécois d’adoption a profité de son congé forcé pour renouer avec ses racines. Une fois remis de son opération, il est retourné dans les Antilles pour revoir de vieux amis et faire du surf et de la voile. « N’importe quelle activité qui procure une bonne dose d’adrénaline, je suis partant », dit-il.

À son retour, il a appris qu’il affronterait Swick, un combattant bien connu des amateurs québécois. Preuve qu’il n’est pas né de la dernière pluie, l’Américain de 35 ans compte des victoires contre Steve Vigneault, David Loiseau et Jonathan Goulet. En 2009, il s’était incliné devant Dan Hardy dans un combat visant à déterminer le prochain aspirant au titre de Georges St-Pierre.

Mais la carrière de Mike « Quick » Swick a frappé un mur. Des problèmes de santé l’ont empêché de se battre pendant plus de deux ans et le deuxième combattant qu’il a affronté à son retour, Matt Brown, l’a battu par K.-O. On ne l’a pas revu depuis.

Swick (15-5) se retrouvera dans l’octogone pour la première fois en deux ans et demi quand Garcia et lui en viendront aux coups.

« Je ne sais pas à quoi m’attendre, avoue le puissant cogneur latin. C’est difficile de l’étudier vu qu’il n’a rien fait pendant si longtemps. Je ne sais pas ce qu’il prépare, mais je serai prêt à toutes les possibilités. C’est le temps pour un de nous deux de briller et je travaille très fort pour que ce soit à moi que ça arrive. »

Les deux adversaires ont déjà commencé la guerre. Pour documenter son retour à la compétition, Swick a publié une série de vidéos sur le canal YouTube du gymnase AKA qu’il a ouvert en Thaïlande et visiblement, Garcia est au nombre de ses auditeurs.

La chance de MacDonald

« Il a dit qu’il allait m’ouvrir la figure comme une noix de coco, alors je lui ai répondu que j’allais lui ouvrir la sienne comme Moïse a fait avec la Mer Rouge, s’insurge poliment le Montréalais d’adoption. Il n’avait aucune raison de me descendre en parlant de la sorte, alors je voulais lui montrer que je pouvais aussi bien me défendre avec mes paroles qu’avec mes poings. »

Garcia ne semble avoir rien perdu de l’enthousiasme qui l’habitait à l’époque où ses acrobaties d’après-victoire représentaient un plus grand risque pour sa santé que les adversaires qu’on plaçait devant lui. Sa blessure l’a forcé à patienter, mais il n’a renoncé à aucun des objectifs qu’il s’était fixés en quittant son pays natal.

« Je voulais devenir un athlète professionnel et j’ai réussi. Je voulais me battre à l’UFC et j’y suis arrivé. Et aujourd’hui je crois toujours que je possède les habiletés nécessaires pour continuer d’atteindre mes buts. Rien n’a changé », insiste-t-il.

 « Je sais où je veux aller et tant que je peux bouger, rien ne saura m’arrêter. Je prendrai mes prochains combats un à la fois. Présentement, je veux battre Mike Swick de façon spectaculaire. Je tiens vraiment à faire mon nom le plus vite possible dans ce sport. »