Apparemment, le gala Strikeforce : Diaz vs Daley valait le coup d’œil. Je vous crois tous sur parole, mais je peux vous dire que je ne regrette pas une seule seconde d’avoir passé ma soirée au Centre Bell pour le dixième gala de l’organisation Ringside MMA.

Voici, dans l’ordre, ce que j’en retiens.

1. De mon siège, j’aurais probablement pu faire un étranglement arrière à Éric Champoux. Le président de Ringside était assis juste devant moi pour la majeure partie du gala et si je me fie à son langage non-verbal, je ne crois pas me tromper en disant qu’il n’était pas très à l’aise après le premier round du combat entre Patrick Côté et Kalib Starnes.

Champoux mise beaucoup sur Côté pour mousser la popularité de son organisation au cours de la prochaine année. C’est un peu beaucoup grâce à lui s’il peut organiser deux galas en deux mois dans des salles comme le Centre Bell et le Colisée Pepsi. Le Prédateur n’a plus besoin de présentation parmi les amateurs de MMA québécois et sa présence sur une carte doit certainement aider à faire sonner le téléphone à la billetterie. Mais un vétéran déterminé en voie de réussir son retour dans les grandes ligues est certainement plus attrayant qu’un vétéran au bout du rouleau incapable d’acheter une victoire.

Clairement, Champoux n’aimait pas la possibilité que Côté puisse personnifier la deuxième option, ce qui n’était malheureusement pas nécessairement hors de question après un premier round extrêmement difficile contre Starnes. Vous avez écouté le combat de Côté contre Tom Lawlor, son dernier au UFC? Ça faisait un peu penser à ça…

Même moi, je dois avouer que j’étais un peu découragé. Au cours des derniers mois, j’ai développé une bonne relation professionnelle avec Côté, qui est devenu un collaborateur fiable et solide au RDS.ca. C’est bien beau, l’objectivité journalistique, mais en toute honnêteté, je n’avais pas de fun à le voir essayer de se sortir du pétrin pendant les cinq premières minutes du combat.

Finalement, Côté a eu l’air d’un poisson dans l’eau dans les deux rounds suivants. Certains diront qu’ils n’ont pas été impressionnés par sa performance parce qu’il n’a pas réussi à passer le K.-O. à Starnes, comme il l’avait ouvertement souhaité. Soit, mais je crois qu’il faut reconnaître la force de caractère d’un gars qui, pour toutes sortes de raisons, n’avait pas gagné depuis presque trois ans et qui a connu probablement le pire début de combat qu’il pouvait imaginer.

Quand on est soudainement incapable de faire ce qui nous semblait jadis si facile, les doutes, à un moment ou un autre, doivent venir faire leur petit tour dans notre tête. On se pose de question, il me semble que c’est inévitable. Je ne croirais pas Côté s’il me disait qu’il n’a pas douté pendant un seul instant de ses capacités pendant cette longue période sans victoire.

Mais vous savez quoi? Quand il a regardé sa fiche ce matin, c’est un beau gros W qu’il a vu en haut. C’est ce qui compte, non?



Champoux avait encore l’air un peu nerveux quand il est venu rencontrer les médias pour la conférence de presse d’après-gala. Côté, qui était déjà bien écrasé dans sa chaise, un sourire de satisfaction collé dans le visage, venait de lui donner quelques cheveux gris.

“Quoi? Je voulais juste te faire peur un peu”, a dit Côté d’un ton moqueur à son patron.



2. Il y aura eu deux surprises de taille en fin de semaine au Centre Bell. Vingt-quatre heures après avoir été le théâtre de la première défaite de David Lemieux, le domicile du Canadien a jeté un mauvais sort similaire à Alex Garcia. La perle rare de l’organisation Ringside, sur qui j’avais écrit un article assez flatteur plus tôt cette semaine, a vécu pour la première fois de sa vie l’affront de la défaite contre Seth Baczynski.

À 6 pieds 4 pouces, le Polish Pistola regardait Garcia de haut et son imposant gabarit a sans aucun doute joué en sa faveur. Après le combat, Champoux faisait d’ailleurs remarquer que Garcia avait eu des ennuis à sa troisième sortie pro contre Matt Northcutt, une autre grande flèche.



C’était bizarre de voir Garcia, un jeune qu’on croyait presque invincible, chercher le nord après que l’arbitre l’eut libéré du poids de Baczynski. Bizarre parce qu’on s’imagine mal qu’un athlète aussi finement découpé, si puissant et imposant, puisse avoir l’air aussi vulnérable.

Curieux de savoir ce que l’avenir lui réserve. Sera-t-il suffisamment en forme pour se battre le 4 juin?

Et une question encore plus importante : a-t-on surévalué Alex Garcia?

3. À un certain moment pendant le combat entre Michel Gagnon et Réjean Groulx, je me suis demandé si Groulx allait chercher son oxygène avec les mêmes organes qu’un être humain normal.

Je ne crois pas avoir déjà vu un combattant d’arts martiaux mixtes se sortir d’autant de prises de soumission dans un même combat. Groulx en a eu plein les bras contre le champion des poids plumes, mais chaque fois qu’on pensait que son cas était réglé, il trouvait une façon de glisser sa tête à l’extérieur de l’emprise de son rival.

Groulx a aussi trouvé le temps pour porter ses propres attaques. À au moins deux reprises, Gagnon a dû penser que sa ceinture ne ferait pas le voyage de retour à Sudbury. À la fin du deuxième round, Groulx semblait en voie de finir le travail avec un étranglement arrière, mais la cloche annonçant la fin de la reprise est venue à la rescousse de sa victime. La même chose était arrivée à Groulx à son deuxième combat pro contre Jeremy Gagnon.



Au troisième, juste à côté de ses hommes de coin, Groulx s’est démené pour compléter un kimura, mais Gagnon s’en est admirablement sorti.

Sincèrement, ce combat aurait eu sa place sur la carte de n’importe quelle organisation d’arts martiaux mixtes au monde. N’importe quelle. Personnellement, parmi tous les combats que j’ai vus depuis le début de l’année, je le place dans mon top 3 en compagnie d’Edgar-Maynard II et Sanchez-Kampmann.

4. Le script était déjà écrit pour le combat entre Martin Désilets et Roger Hollett, il ne manquait qu’à distribuer les rôles. C’est finalement Hollett, probablement celui, avec Baczysnki, qui comptait le moins de supporteurs au Centre Bell, qui est reparti en héros.

Désilets, qui avait accepté le combat à la dernière minute après que Steve Bossé se soit blessé à l’entraînement, s’est fait amener au sol deux fois au premier round et cherchait visiblement son air au deuxième. Il s’est finalement fait passer le K.-O. pour la première fois de sa carrière.



Néanmoins un bel ajout pour Ringside, qui aimerait sans doute pourvoir compter sur le populaire “Stress” pour ses événements futurs. La possibilité de la présence de Désilets dans un tournoi automnal de Bellator a aussi déjà été soulevée.

5. Les dirigeants de Ringside parlent toujours de Derek Gauthier en des termes très élogieux. Je ne le connais pas assez pour commenter, mais je sais qu’Iraj Hadin a été meilleur que lui samedi soir.

Comme Scott Gomez, avec qui on pourrait presque le confondre, Hadin ne laisse personne indifférent. La veille du combat, il s’est présenté sur la pesée avec ses gros verres fumés et sa casquette. Dans l’octogone, il ne se montre jamais intimidé par un rival. Samedi, il avait l’air plus fort et en meilleure forme que son adversaire.



Il faudra garder Hadin à l’œil au cours de la prochaine année. J’ai l’impression que sa fiche de 6–3 n’est pas un réel indicateur de son talent puisque deux de ses défaites sont survenues contre des combattants qui reçoivent aujourd’hui des chèques de paie de Dana White (John Makdessi et Sean Pierson).

6. Le duel entre Mike Ricci et Jesse Ronson avait l’air inégal dès le départ. Ricci est un Montréalais qui est allé tenter sa chance avec Bellator l’année dernière. Éric Champoux a justement parlé de la possibilité de l’opposer à Hadin au cours de la prochaine année.

7. On entend souvent parler de la fameuse rivalité entre les clans de Victoriaville et Drummondville sur la scène locale des arts martiaux mixtes. Stéphane Dubé, qui interviewait les combattants victorieux après chaque combat, a tenté d’amener Kevin Morin sur ce sentier après son triomphe contre Guillaume Lamarche.

“Je pense qu’il n’y en a jamais vraiment eu, de rivalité. En tout cas, dans ma tête, il n’y en a pas”, a répondu Morin, qui représente le clan de Victo, après une performance dominante qui lui a valu une victoire par décision unanime.

8. Mirko Crop Cop était au Centre Bell samedi soir. Le célèbre kickboxeur croate est apparu sous la forme d’un imposant Amérindien de près de 300 livres.

Lenard Terrance, "The Man They Call LT", a sans l’ombre d’un doute réussi le K.-O. le plus spectaculaire de la soirée aux dépens de Robert Masson. Jamais je n’aurais cru qu’un homme d’une pareille stature pouvait bouger de manière aussi fluide, mais Terrance a servi un coup de pied de toute beauté à la tête de Masson, qui est tombé au sol comme une tonne de briques (Masson, briques…).

Vous avez des doutes sur la violence de l’impact qui a envoyé Masson dans les limbes? Une image diffusée sur l’écran géant après le combat a clairement démontré que Terrance s’était cassé le pied sur la tête de sa victime.

Pas de farce, il fallait le voir pour le croire.

9. En ce qui me concerne, le combat féminin entre Valérie Létourneau et Julie Malenfant a passé le test. Le premier round n’était pas le plus excitant, mais les filles ont laissé leur timidité dans leur coin respectif pour le deuxième, au grand plaisir d’une foule déjà imposante en début de gala.

Létourneau a fait grimacer Malenfant avec un coup de pied qui a dû toucher le foie et a terminé le travail dans les secondes suivantes. Sans aucun doute la plus belle élève de Firas Zahabi (si certains veulent s’opposer, qu’ils me fournissent des preuves!), Létourneau s’est montrée très émotive après sa victoire.

STRIKEFORCE : JE RATTRAPERAI LE TEMPS PERDU

J’ai fait la gaffe de prendre le temps d’écouter le combat entre Diaz et Daley avant d’aller me coucher. Ça m’a pris deux heures avant de m’endormir. Pour ceux qui ont préféré écouter le gala des nouveaux amis du UFC, j’attends avec impatience vos impressions!





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