Ringside 12, suite et fin
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 23:16 mardi, 25 oct. 2011. 20:37Une déception, une confirmation et de belles découvertes. C’est une façon comme une autre de résumer le douzième événement de l’organisation Ringside MMA.
1. J’étais presque tombé en bas de ma chaise quand j’avais appris que Ringside avait réussi à mettre la main sur Paul "Semtex" Daley pour le combat principal de son deuxième gala au Centre Bell. À mes yeux, il s’agissait d’un véritable coup de circuit, une bombe au champ centre. Daley n’est pas parfait, mais il est un athlète établi précédé d’une bonne réputation. Il n’est pas rare que ses combats valent à eux seuls le prix d’entrée.
Visiblement, tout le monde ne partageait pas mon enthousiasme. À en juger par la réaction de la foule lorsque le cogneur de Nottingham a fait son apparition en brandissant un drapeau du Québec, ils étaient peu nombreux à avoir acheté leur billet pour venir voir Daley vendredi soir. Les applaudissements timides entendus lors de la présentation des combattants ont d’abord laissé leur place à un silence brutal, puis à des huées éparpillées.
Pas que Daley ait été mauvais. Il a contrôlé le centre de l’octogone, initié la majorité des attaques (trop rares à mon goût) et a brillamment réussi à garder le combat debout. Mais on l’a déjà vu plus affamé. Dans le fond, il s’est battu comme un gars qui a une grosse année dans le corps (sept combats au cours des douze derniers mois). C’est pardonnable, mais un peu dommage.
_Toutes les photos sont une gracieuseté de FightWorld.tv_
Et à sa défense, il faut être deux pour danser et Luigi Fioravanti n’avait pas trop l’air intéressé à lui servir de partenaire. Un peu bedonnant, celui qu’on surnomme The Italian Tank avait davantage l’air d’un camion Tonka. Une réplique de ce qu’on voulait vraiment voir.
Pourrait-on revoir ces deux vétérans du UFC au Québec? Éric O’Keefe, qui était l’analyste au sein de l’équipe de télédiffusion du gala, croit que Fioravanti, qui a perdu ses trois derniers combats, pourrait être un bon test pour Alex Garcia, dont on parlera un peu plus tard. Quant à Daley, il n’a pas fermé la porte à un retour et le président de Ringside, Éric Champoux, a confirmé qu’il avait officiellement tendu une offre à Patrick Côté pour un combat à 180 livres contre le Britannique.
Parlant de Côté, il est un homme en demande par les temps qui courent. Samedi, Moïse Rimbon, un Français qui s’entraîne au Tristar Gym, s’est servi de son compte Twitter pour lancer un défi au Prédateur. Je ne dis pas que le résultat ne serait pas intéressant, mais je crois que Côté recherche plutôt un nom connu pour finalement le propulser au UFC. À suivre…
2. Je crois qu’il est temps de se rendre à l’évidence : Michel Gagnon est prêt à passer à une autre étape.
Encore hypnotisé par la véritable guerre de trois rounds que lui avait donnée Réjean Groulx en avril, j’en avais oublié à quel point Gagnon avait dominé tous ses autres adversaires (à l’exception de Will Romero, qui lui a infligé sa seule défaite) depuis le début de sa carrière. Contre David Harris, qu’il a achevé avec une guillotine en un peu plus de deux minutes, la petite machine de Sudbury m’a rappelé à quel point il était dangereux.
Et maintenant qu’il a monté sa fiche à 8–1, je crois que Gagnon est prêt pour des défis d’une plus grande ampleur. Je n’enlève rien à ses adversaires précédents, mais vient un temps où un athlète a fait le tour de son petit étang et doit aller se saucer dans un grand lac pour voir s’il est capable d’y nager avec autant d’aisance.
Stéphane Pelletier, le champion des poids coqs que Gagnon avait l’intention de défier en changeant de catégorie, s’avère à mon avis un test tout ce qu’il y a de plus légitime. Il s’agit aussi de l’affrontement le plus sensé, celui qui s’impose dans la suite des choses.
Mais si Gagnon devait battre Pelletier – qui soigne présentement une blessure au pied droit – je ne serais pas surpris qu’il s’agisse de son dernier combat pour un bout de temps au Québec. Mitch a l’œil sur les ligues majeures et ça ne m’étonnerait pas que les ligues majeures aient aussi un œil sur lui.
3. On ne se fera pas de cachette. Dans le scénario souhaité par les gens de Ringside, Daron Cruickshank ne ramenait pas la ceinture des poids légers à Wayne, Michigan. Mais à moins qu’on la lui ait confisquée aux douanes à son retour à la maison, c’est exactement ce qui s’est produit.
Cruickshank n’a pas volé son nouveau titre. Aucunement intimidé par l’hostilité de la foule qui encourageait sans aucune subtilité le favori local Mike Ricci « ce n’était pas la première fois que je me battais au Canada », at-il précisé en conférence de presse » – il a dicté l’allure du combat de championnat pendant la majorité des 25 minutes bourrées d’action dans ce qui s’est avéré être sans contredit le moment fort de la soirée.
Dans ses confidences aux journalistes dans la semaine précédant l’affrontement, Ricci avait cru déceler une faille dans l’armure de son rival. Cruickshank, selon lui, était du genre à casser aussitôt qu’on le sortait un tant soit peu de son élément. Pour le savoir, il faudra attendre de le revoir parce qu’en aucun temps le Montréalais n’a été en mesure de réellement l’inquiéter.
Plus petit, mais plus massif que Ricci, Cruickshank en a étonné plusieurs en faisant l’étalage d’une collection de coups de pieds bien garnie. Les marques autour de ses yeux à la fin de la soirée démontraient que l’aspirant montréalais lui avait fait la vie dure, mais qu’il était capable d’en prendre.
« Quand mon entraîneur m’a dit dans mon coin qu’il ne restait qu’un round, je ne le croyais pas, a juré Cruickshank. J’étais en pleine forme, j’aurais été prêt à continuer. »
Ringside a souvent fait venir des combattants de qualité de l’extérieur pour ses événements, sans toutefois daigner répéter l’expérience. Il y a probablement des raisons que j’ignore, mais je pense à des gars comme Chris Clements (on en reparle) ou Roger Hollett, par exemple. Dans le cas de Cruickshank, il serait intéressant de le revoir sur une base régulière. D’abord pour défendre son titre – Ringside a déjà un plan et il s’appelle Guillaume De Lorenzi – mais aussi pour qu’on puisse être témoin de sa progression.
S’il leur est bien vendu, Daron Cruickshank pourrait facilement être adopté par les amateurs de MMA québécois.
4. Dans ce qui était le scénario le plus probable de la soirée, Alex Garcia a complètement annihilé Matt MacGrath, qui ne semblait pas dans son assiette en fin de semaine.
Trente-quatre petites secondes. « Je sais que ça vous a coûté plus d’un dollar par seconde, mais j’espère que vous avez apprécié », a inscrit sur le compte Twitter de Garcia un membre de son entourage dans les instants qui ont suivi sa victoire.
Ce n’est un secret pour personne, MacGrath avait été amené à Montréal pour faciliter le retour de Garcia sur le sentier de la victoire. Sans dire qu’il représentait une victoire assurée – ce qui n’existe pas en MMA – il n’avait pas grand-chose pour effrayer le flamboyant Dominicain.
L’un des beaux projets de Champoux et de son matchmaker Joey Benoît est maintenant de trouver un adversaire qui aidera Garcia à progresser tout en offrant un spectacle de qualité aux amateurs. En conférence de presse, on a émis le souhait d’organiser un combat de championnat entre Garcia et le champion Chris Clements. Mais…
Dimanche soir, par l’entremise des médias sociaux, l’organisation rivale Instinct MMA a annoncé la mise sous contrat de Clements, qui devrait faire un retour au Québec en janvier. Voilà une balle courbe que, de toute évidence, les gens de Ringside n’avaient pas vu venir. Il sera intéressant de voir leur réaction au cours des prochains jours, mais il apparaît maintenant évident qu’Alex Garcia se battra pour une ceinture laissée vacante à son prochain combat.
5. J’ai assisté aux quatre derniers galas de Ringside et chaque fois, j’ai eu la chance de voir à l’œuvre Kevin Morin, qui est petit à petit devenu l’un de mes combattants locaux favoris.
Âgé de seulement 23 ans, Morin (5-4) a déjà combattu huit fois sous la bannière Ringside. En 2011, il a livré des combats mémorables à Guillaume Lamarche et David Lafond, mais son plus récent, contre Jason Saggo, a laissé plus de marques que les deux autres combinés. L’élève de Steve Claveau avait la moitié du visage momifiée lorsque croisé dans les coulisses du Centre Bell, signe que la soirée avait été dure.
Il est acquis que l’on reverra Morin en 2012 et j’espère qu’on peut en dire autant de Saggo, un Ontarien qui s’est lui aussi fait une belle niche chez Ringside. Par ailleurs, on lui a fait miroiter la possibilité d’être le prochain aspirant au titre des légers après sa victoire, mais la défaite de Mike Ricci semble avoir changé les plans.
Peut-être qu’un combat Saggo-Ricci est maintenant envisageable…
6. Le coéquipier de Morin, Tommy Côté, a un cœur gros comme l’écran géant qui surplombait l’octogone dans lequel il affrontait Brett Portieous. Malheureusement, sa défensive contre les amenées au sol a besoin d’amélioration et l’Ontarien a profité de cette carence pour diriger le combat au tapis comme bon lui semblait.
Côté avait toutefois un avantage marqué au niveau de la condition physique et son cardio supérieur a bien failli lui permettre d’en finir au troisième round. Martelé pendant près de cinq minutes, Portieous a toutefois été capable de survivre.
7. Deux recrues que je garderai assurément à l’œil au cours des prochaines années : Francis Charbonneau et Olivier Aubin-Mercier. Le premier a travaillé très fort pour venir à bout de Chris Franck de très belle façon. L’autre n’a presque pas sué une goutte face à Guy Poulin, un pratiquant de muay thaï qui n’avait pas les outils pour rivaliser avec son jeune adversaire. Deux noms à surveiller, je vous dis.
_Francis Charbonneau (à droite)_
_Olivier Aubin-Mercier_
8. Ringside a eu la bonne idée de rendre hommage à Steve Claveau, un pionnier des arts martiaux au Québec. Georges St-Pierre, Francis Carmont et Stephen « Wonderboy » Thompson, la nouvelle trouvaille de l’organisation, sont montés dans l’octogone pour l’occasion.
_Dans l‘ordre habituel, Georges St-Pierre, Stephen Thompson, Steve Claveau, Francis Carmont, Éric O‘Keefe et Éric Champoux._
9. Il semble de moins en moins probable que Ringside soit de retour à Québec, comme il avait été annoncé, en décembre. Éric Champoux a révélé qu’Evenko aimerait qu’il organise un troisième événement au Centre Bell et n’a pas écarté la possibilité qu’il ait lieu avant l’arrivée de la nouvelle année.
_Si vous êtes sur Twitter, il est possible de me suivre_ @NicLandryRDS.