Connais-tu ton GSP? | Ton classement du top-3 des combats de GSP

MONTRÉAL – Ce n’est pas tous les jours qu’un athlète de cette trempe, une légende dans son sport, une inspiration internationale, prend sa retraite. Mais Georges St-Pierre tenait à le faire au sommet de son art sauf que ça n’empêche pas qu’il laisse une petite porte ouverte.

Oubliez les sanglots et les larmes, GSP s’est plutôt présenté devant les médias au Centre Bell avec le sourire accroché au visage. Une scène bien différente de celle des conférences de presse après un combat douloureux.
 
« C’est difficile de prendre sa retraite, mais c’est toujours mieux de se retirer par soi-même que de se le faire imposer. Je me suis toujours dit que j’étais pour me retirer au top et je suis content d’avoir eu la discipline de le faire », a lancé St-Pierre sans lire de discours puisqu’il ne voulait pas que ce soit ennuyant et il souhaitait parler avec son cœur.
 
« Je ne sais pas vraiment ce que je veux dans la vie, mais je sais ce que je ne veux pas et c’est me retirer trop tard », a-t-il ajouté le combattant qui a cité Royce Gracie, Jean-Yves Thériault et Wayne Gretzky parmi ses plus grands héros.
 
Pourtant, les partisans de partout sur la planète auraient pu assister à un dernier combat, un affrontement de très grande envergure entre lui et la vedette de l’heure, Khabib Nurmagomedov.
 
D’ailleurs, ce dernier a essayé une ultime tentative remplie de courtoisie, mercredi après-midi, sur les réseaux sociaux après que RDS et Benoit Beaudoin aient rapporté la nouvelle en primeur.
 
« J’ai vu le message et je savais qu’il voulait se battre contre moi. On n’a pas trouvé le terrain d’entente, il fallait que ça fonctionne pour les trois clans (les deux combattants et l’UFC). C’est peut-être une bonne chose pour moi, peut-être qu’il m’aurait détruit même si je pense que j’aurais gagné », a commenté le gentilhomme.
 
Ce qui est dommage dans l’histoire, c’est que le plan a avorté parce que l’UFC ne voulait rien savoir d’opposer la sensation du moment à St-Pierre.  
 
« L’UFC ne voulait pas catégoriquement que j’affronte Khabib. Ce n’était pas une question de poids, ils avaient vraiment d’autres plans pour lui », a admis le Québécois dans une mêlée de presse après la conférence médiatique.
 
« Ça fait plusieurs semaines que mes agents essayaient d’organiser un combat contre lui. Pour un athlète, rendu où je suis dans ma carrière, la chose la plus effrayante, mais la plus excitante, c’est de se battre contre un adversaire qui paraît invincible aux yeux du monde. Khabib est cet athlète, il est incroyable, il est le meilleur, selon moi, sur la planète. Ç’aurait été un honneur de pouvoir me battre contre lui, mais l’UFC a d’autres plans pour lui. Je respecte ça, c’est une business », a également argué St-Pierre.  
 
Il aura fallu patienter pour que GSP admette, du bout des lèvres, que l’avortement de ce projet ne fait pas son affaire.  
 
« Je suis un peu déçu, mais pas trop. »


 
Au fil de sa réflexion, St-Pierre a fini par comprendre que le scénario se répéterait sans cesse. Il y aurait toujours un nouveau gros nom qui allait émerger et devenir la confrontation espérée pour lui.  
 
« Le truc, c’est qu’il y aura toujours un autre combattant, un autre et un autre. On parle toujours du prochain combat, il n’y a jamais de fin.  C’est le combattant qui peut savoir quand c’est le bon moment pour se retirer. C’est une bonne fin pour moi, c’est une belle histoire », a-t-il assuré.
 

De ce que l’on comprend, son illustre entraîneur Firas Zahabi a exercé une influence dans ce sens.
 
« Le combat contre Khabib, on l’a fait pendant 10 ans. Quand il s’est battu contre Matt Hughes, c’était le Khabib du moment et c’était la même chose contre B.J. Penn ou Jon Fitch. C’est tout le temps ça. Je l’ai dit à Georges : ‘Si tu le bats, un autre nom va arriver, ça ne finit jamais’. C’est le temps d’écrire un nouveau chapitre », a commenté Zahabi.
 
Une baisse de motivation normale
 
Toujours aussi intéressant, St-Pierre a replongé dans ses souvenirs pour illustrer un phénomène normal après un long règne dans un milieu.
 
« Je n’ai plus le même appétit comparativement à quand j’étais jeune. Dans mes premières années, je voulais me battre contre n’importe qui. Je n’avais pas d’argent et je courais dans la neige à Montréal en mettant des sacs dans mes souliers et je criais ‘C’est la guerre !’ Je faisais ça avec Kristof Midoux (l’un de ses proches collaborateurs) comme Marvin Hagler faisait. C’est juste pour vous montrer mon état d’esprit de l’époque. Ma motivation n’est plus la même. J’avais envie de me battre un combat à la fois alors que l’UFC veut que le champion continue », a décrit St-Pierre.
 
Auparavant, il n’aurait jamais osé prétendre qu’il était « satisfait » de sa carrière. Le désir de se dépasser l’emportait sur le reste.
 
« Si on me demande aujourd’hui si je suis satisfait, je vais répondre que oui dans l’ensemble. Quand j’étais jeune, j’aurais dit que je voulais détruire tout le monde. C'est poche de vieillir, mais les perspectives changent avec le temps », a noté celui qui a commencé cette avenue à 16 ans avec des combats qui étaient illégaux à l’époque.
 
« J’ai parlé avec Dana White, mercredi, et il m’a félicité en disant que personne ne se retire au bon moment alors que je le fais. On se quitte en très bons termes, comme des amis », a poursuivi l’athlète de 37 ans.
 
Par le passé, St-Pierre avait confié qu’il était tourmenté psychologiquement par son métier alors que son extrême perfectionnisme. Il peut maintenant apprendre à relaxer et ça fait plaisir à plusieurs personnes de son entourage.
 
« Une retraite, ça peut créer un vide, mais ça dépend comment tu l’abordes. Je ne savais pas comment j’allais réagir. Certains partent à pleurer alors que je suis très heureux d’être ici pour annoncer ça. La plupart des amis proches, ça fait des années et des années qu’ils me demandent ce que j’ai à prouver et pourquoi je ne me retire pas. C’est encore plus vrai pour mon père, ça le stressait beaucoup. Je sais qu’il me regarde et qu’il est très heureux, ça va lui enlever beaucoup de stress dans sa vie », a précisé St-Pierre.
 
Zahabi ressentait un côté émotif de le voir quitter, mais il semblait aussi soulagé que le paternel de son élève et grand copain.
 
« C’est sûr que oui ! Je l’aime beaucoup Georges, c’est un membre de la famille à mes yeux, un frère. Je veux qu’il soit content et c’est un pas dans la bonne direction. Je suis content, très content. Je ne me dis pas que ce n’est pas la fin d’un chapitre, mais que c’est le début d’un nouveau. Maintenant, on est libérés et on peut choisir, c’est le fun. »
 
Un retour demeure toutefois possible
 
Transparent, GSP n’a pas caché que sa décision ne pouvait guère être définitive.
 
« Si, un peu comme dans un film, Dana White m’appelle pendant que je suis dans le bois en train de courir et qu’il me dit que je me battre contre tel adversaire et que ça m’excite, peut-être que je vais revenir. Mais c’est terminé pour moi, pour le moment », a lancé l’homme qui n’est pas du style à s’imposer un filtre.
 
Convaincu que les arts martiaux mixtes ont sauvé sa vie, St-Pierre a relevé ses deux plus grandes fiertés dans l’octogone.
 
« Le moment duquel je suis le plus fier, c’est lorsque j’ai été envoyé au tapis par un coup de pied de Carlos Condit (en 2012 au Centre Bell) et que j’ai été en mesure de me relever. Ça peut sonner bizarre que  je ne parle pas d’une grosse victoire. Mais j’ai démontré que j’avais le courage de me relever et de surmonter un obstacle.
 
« Un autre moment qui m’a rendu très fier, c’est comment je me suis relevé après ma défaite contre Matt Serra. J’avais été humilié. Mon plus grand défaut, qui est aussi ma plus grande force, c’est ma fierté. Au niveau mental, ce fut très difficile de passer par-dessus ça », a enchaîné GSP.
 
Pour l’instant, il n’a pas trouvé ce qui animera  son quotidien, mais il est persuadé d’une chose.
 
« Bien des athlètes deviennent gros et ils perdent la forme quand ils prennent leur retraite. Ça ne m’arrivera pas ! Je vais toujours m’entraîner, pour moi, c’est simplement un Au revoir,  je ne suis pas mort », a conclu St-Pierre qui laisse un immense héritage sportif et humain.