Que dit un nain anglophone à son ami francophone en tentant désespérément – et en vain – d’attirer l’attention de la serveuse pour se commander une bière au comptoir d’un débit de boisson?

« La barre est haute! »

Ouf…

C’est aussi ce que pourrait dire un amateur d’arts martiaux mixtes en regardant les récentes performances des combattants inscrits sur la carte du UFC 136, qui aura lieu en fin de semaine à Houston, au Texas.

Aije vraiment besoin de vous rafraîchir la mémoire à propos du dernier combat entre Frankie Edgar et Gray Maynard? L’année n’était même pas vieille de 24 heures que j’étais un de ceux qui clamaient qu’on venait probablement d’assister au combat qui s’avérerait le plus marquant de 2011.

Les mois ont passé et à mon humble avis, l’avenir nous a donné raison. Du moins jusqu’à maintenant.

Il s’en est fallu de si peu pour que le destin des deux hommes soit différent. Yves Lavigne, qui était l’officiel pour ce combat de championnat, aurait pu s’interposer et donner la victoire à Maynard après 90 secondes d’action et personne n’aurait contesté sa décision. Edgar, le champion en titre, en avait plein la capine comme dirait l’un de mes respectés collègues. Qu’il ait réussi à sortir du premier round en vie est déjà assez exceptionnel; qu’il ait trouvé en lui la force – physique et mentale – pour se relever de son tabouret et aller tenir tête à l’aspirant (pour éventuellement conserver son titre au terme d’un combat nul) est assez exceptionnel.



Je dois l’avouer, même après ses deux victoires contre B.J. Penn, je n’étais toujours pas convaincu au sujet d’Edgar. Je reconnaissais son talent, mais je me disais qu’il avait surtout profité du manque de motivation et/ou d’un excès de confiance du Prodige pour le battre deux fois en quatre mois. Honte à moi. Le 1er janvier, Edgar a mérité ma reconnaissance éternelle.

Toutefois, j’observe Maynard depuis quelques jours et il se comporte comme un gars qui n’en a rien à foutre de mon opinion. Pas plus que de la vôtre, d’ailleurs. Depuis cet amer combat nul, la neige a tombé, elle a fondu, elle a retombé, elle a refondu, il a plu, il a fait chaud, il a fait plus chaud, il a fait très chaud, il a fait un peu moins chaud et le jour n’est pas si loin où la neige va recommencer à tomber… mais Maynard est encore en beau fusil. Il marche, il parle, il respire comme un gars qui s’est fait voler et qui veut reprendre ce qui lui appartient. Ça peut être dangereux, ce genre de type.

Edgar et Maynard complèteront une fascinante trilogie samedi soir. Même s’il n’a jamais gagné en deux combats contre l’aspirant, je pense que le champion conservera de nouveau sa ceinture, et de façon beaucoup moins dramatique cette fois. Mais Maynard n’en a rien à foutre, de ce que je pense.



Quelle est votre prédiction pour ce combat attendu depuis si longtemps? Et qui, selon vous, devrait être le prochain en lice pour le gagnant? Melvin Guillard, s’il défait Joe Lauzon? Ou Gilbert Melendez, le champion de Strikeforce, s’il finit par traverser la clôture?

- Bon, ça fait que… ça fait pas mal le tour pour le UFC 136… Ah oui, j’allais oublier. Il y a un autre combat de championnat sur la carte.

Quand José Aldo a subi la seule défaite de sa carrière, il y a de ça bien des pleines lunes, Kenny Florian tentait de faire sa marque dans le sport dans la catégorie des poids moyens. Six ans et quarante livres en moins plus tard, Florian tente sa chance pour le titre des poids plumes du UFC.

Aldo est depuis des années la terreur de tout ce qui pèse 145 livres et qui porte des gants de quatre onces sur la planète. Florian a déjà été une grande menace chez les 155 (il a obtenu – et perdu – deux combats de championnat chez les légers), mais il obtient la chance de défier Aldo après avoir livré un seul combat dans son royaume. Et bien que très bon en juin dernier contre Diego Nunes, KenFlo n’a pas été spectaculaire. Je continue de croire que c’était peut-être un peu tôt pour lui dérouler l’arc-en-ciel qui mène au pot d’or du UFC.

Florian est un combattant intelligent qui est bien au fait de la force de frappe dévastatrice d’Aldo. Son jiu-jitsu représente aussi une arme fatale et je crois qu’on en aurait tous pour notre argent s’il trouvait un moyen d’amener le combat au sol pour y défier la ceinture noire en BJJ qu’est son adversaire brésilien.

Ce duel pourrait très bien ressembler à une game de « je te tiens par la barbichette » pendant un show de Louis CK. Des taloches du début à la fin. Mais un seul des deux combattants rira encore à la fin du combat et je crois que ce sera Aldo.



- Si Brian Stann s’inscrivait au Vendée Globe demain matin, il serait probablement établi comme le grand favori de la compétition. Oui, il a le vent dans les voiles à ce point, le monsieur.

(ndlr : Vous trouvez l’analogie boiteuse? S’il-vous-plaît, soyez indulgent. On devient un peu fêlé après six ans à lire des dépêches de l’Agence France-Presse.)

Bon, revenons à nos moutons. Stann, qui est en train de devenir le grand héros de tous les Américains qui s’endorment chaque soir sous leur couette étoilée red, white and blue en raison de ses réalisations antérieures dans l’armée, est invaincu en trois combats depuis son passage chez les poids moyens. S’il gagne son quatrième, face à Chael Sonnen, il deviendra le nouvel exterminateur chargé d’enrayer Anderson « The Spider » Silva.

C’est bien connu, Sonnen, qui, en vue de ce combat, s’est étonnamment fait aussi muet que le petit bonhomme à qui on avait coupé la langue dans le film « Le sous-sol de la peur » (tu me manques, 1991), est un excellent lutteur. La logique voudrait donc qu’il tente d’amener Stann au sol dans le but d’éviter de s’exposer à l’artillerie lourde que ce dernier cache dans ses deux poings.

Stann dit qu’il fait du temps supplémentaire sur sa lutte depuis deux ans. Sera-t-il capable de garder ce combat debout? Si oui, je ne vois pas comment Sonnen pourrait l’emporter et ainsi obtenir sa revanche contre Silva.



- Tout le monde parle du combat entre Edgar et Maynard – et avec raison – mais il ne faudrait pas oublier qu’il y a une autre histoire de vengeance sur la carte de samedi.

Au printemps dernier, Leonard Garcia et Nam Phan s’étaient présentés au Palms de Las Vegas avec un point en commun : ils avaient tous deux oublié leur défensive à la maison. Résultat : un combat mémorable au terme duquel, selon moi, les juges se sont gourés. J’aurais personnellement attribué la victoire à Phan, un striker plus technique et précis, mais Garcia, qui se bat comme s’il était payé selon le nombre de coups qu’il lance, qu’ils touchent ou non la cible, lui avait été préféré.



Les deux hommes ont chacun subi une défaite depuis. Garcia s’est fait piéger dans le twister du Korean Zombie tandis que Phan a perdu un autre combat serré contre Mike Brown.

Assisterons-nous au même genre de spectacle dans le tome deux? J’aime nos chances.

J’aime beaucoup Joe Lauzon. Ses deux plus récentes victoires ont été d’impressionnantes démonstrations de jiujitsu précédées par des corrections en règle debout. Et je sais qu'il a l’habitude de livrer la marchandise. Mais je vous le dis, j’ai un mauvais feeling Je revois Melvin Guillard détruire Evan Dunham et Shane Roller et je me dis que ce gars-là est en mission.



Ma prédiction : je crois que Guillard remporte le combat, prend une douche, se change, va se chercher du pop-corn et revient aux abords de l’octogone juste à temps pour observer son prochain adversaire en finale.

- Vous aussi, vous étiez tombé en bas de votre chaise en voyant Demian Maia prendre le dessus sur Mark Munoz au UFC 131? S’il faut que le Brésilien ait continué d’améliorer son debout depuis, il devrait donner tout un combat à son compatriote Jorge Santiago.

Disons qu’Anthony Pettis ne connaît pas le genre d’année auquel il s’attendait. C’est un gigantesque euphémisme quand on pense qu’il aurait peutêtre une ceinture de champion à la taille présentement si le combat entre Edgar et Maynard avait produit un gagnant au jour de l’An.

En effet, l’ancien champion des légers du WEC s’était fait promettre une chance d’unifier les titres contre le vainqueur d’Edgar-Maynard II. Mais vous connaissez la suite… Pettis a dû ronger son frein pour éventuellement affronter Clay Guida, qui l’a renvoyé au bout de la file en moins de temps qu’il n’en faut pour lui épiler le chest Maintenant, Pettis tentera d’aller chercher sa première victoire au UFC contre Jeremy Stephens.

J’ai oublié quelque chose? Vous êtes en désaccord avec un de mes points. La parole est à vous! Quelles sont vos prédictions pour le UFC 136?

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