On le sent soulagé et serein, mais surtout, on le sent heureux. Un mois après l’annonce officielle de sa retraite, Georges St-Pierre a le cœur léger.

En entrevue au balado « Dans la cage », le jeune retraité s’est ouvert sur sa décision d’accrocher ses gants, sur sa relation parfois houleuse avec Dana White et sur sa brillante carrière de 15 ans au sein de l’UFC.

D’entrée de jeu, Georges St-Pierre réitère que les arts martiaux feront toujours partie de sa vie. Il continue de s’entraîner deux fois par jour (même lors de ses récentes vacances en Thaïlande), mais il ne subit plus les aspects négatifs de son sport. 

« Je pratique un sport de contact. Oui, les séquelles physiques me préoccupent, mais le pire, c’est le stress. À chaque combat, je travaille fort et je me mets énormément de pression sur les épaules. La défaite est inacceptable. »

Le Québécois est évidemment fier de tout ce qu’il a accompli. Il est heureux de pouvoir se retirer au sommet, sur une séquence de 13 victoires, tout en ayant remporté la ceinture des poids moyens à son dernier combat. Mais St-Pierre était quand même prêt à jouer le tout pour le tout pour un dernier combat contre Khabib Nurmagomedov.

« J’étais prêt à mettre mon héritage en jeu contre Khabib parce que ça me motivait, donc j’aurais performé au maximum de mon talent. […] Je pense que si je suis au sommet de mon art, je suis le meilleur au monde. J’y crois vraiment! Je voulais affronter Khabib, parce que j’étais confiant de pouvoir le battre », explique GSP.

Comme on le sait, l’UFC a refusé d’organiser ce méga-combat. « Je serais reparti avec la ceinture de Nurmagomedov. J’aurais laissé trois divisions en ruine et l’UFC n’aurait pas aimé ça », dit-il en riant.

Aucun regret pour GSP

Il y a consensus : Georges St-Pierre est l’un des meilleurs combattants de tous les temps. Mais pour en avoir le cœur net, plusieurs amateurs auraient aimé voir un combat entre GSP et Anderson Silva, alors que les deux hommes étaient au sommet de leur art. Ce duel aurait pu se concrétiser à deux occasions.

« Dana White m’a proposé le combat tout de suite après mon duel contre Johny Hendricks, mais à ce moment-là, j’avais vraiment besoin d’une pause, donc j’ai refusé », avoue St-Pierre. « L’autre fois, c’était quand Anderson et moi étions tous les deux au top. J’avais demandé que le combat se déroule à un catchweight et qu’il y ait des tests antidopage. L’UFC n’a pas aimé ma proposition et les discussions ont avorté. » Silva a échoué à deux tests antidopage par la suite.

Relation amour-haine avec Dana White

Le grand patron de l’UFC, Dana White, est reconnu pour son style de gestion assez agressif. Il a défoncé beaucoup de portes et accepte très mal lorsque quelqu’un se place à travers son chemin. C’est justement ce qu’a fait Georges à quelques reprises au cours de sa carrière, si bien que les deux hommes ont entretenu une relation houleuse. Le dossier des tests antidopage en est le plus bel exemple.

« Dana m’en voulait parce que j’ai brassé la cage. Ça a coûté cher parce que l’UFC a dû engager une agence antidopage externe (USADA). Ça a aussi terni l’image de la compagnie parce que les gens ont réalisé que plusieurs athlètes étaient dopés. […] Mais je ne crois pas que Dana White entretienne encore des sentiments négatifs envers moi. Avec le recul, l’UFC en sort gagnant et ça a redoré l’image du sport en général. »

GSP confirme que la hache de guerre est bel et bien enterrée. « Avant que j’annonce ma retraite, j’ai parlé à Dana. Nos divergences venaient du fait qu’on avait des intérêts différents, mais ça ne veut pas dire qu’il est une mauvaise personne. On s’en est parlé, on est amis et il n’y a plus de problème entre nous. »

St-Pierre va même encore plus loin. « Si j’ai tout ce que j’ai aujourd’hui, la gloire et la richesse, c’est en raison de Dana White. »

Améliorer les conditions des combattants

St-Pierre a pu s’enrichir grâce à l’UFC, mais c’est surtout grâce à son talent exceptionnel, sa détermination hors du commun et sa personnalité attachante qu’il a pu atteindre les plus hauts sommets. Il demeure toutefois conscient que tous les combattants n’ont pas la même chance que lui.

Encore aujourd’hui, l’ancien double-champion de l’UFC estime que les combattants devraient se réunir pour tenter d’améliorer leurs conditions. « La plupart des combattants finissent brisés et cassés. Quand je dis brisés, c’est physiquement, et quand je dis cassés, c’est monétairement. On devrait faire quelque chose pour ça », plaide St-Pierre.

Il avait d’ailleurs lui-même fait partie d’une initiative qui a avorté, il y a quelques années. « C’est certain que ça va arriver un jour. Toutes les grandes organisations sportives au monde ont leur association. »

Même s’il n’aura pas réussi à mener à terme ce projet, Georges St-Pierre a quand même fait énormément pour son sport, ici et à l’étranger. Et même si sa carrière d’athlète est terminée, il continuera d’avoir une influence importante sur les athlètes en arts martiaux mixtes à travers le monde.