MONTRÉAL – Michael Bisping est bien placé pour savoir que la consommation de produits dopants et l’utilisation de tactiques aux limites de la légalité est en train de ravager la réputation de son sport.

La fiche de Bisping indique qu’il a perdu sept de ses 32 combats depuis le début de sa carrière professionnelle. Ce que les chiffres ne disent pas, par contre, c’est que trois de ses défaites lui ont été infligées par des combattants qui profitaient à l’époque d’une exemption médicale pour profiter de la thérapie de remplacement de la testostérone (TRT), une pratique qui a depuis été bannie par la Commission athlétique de l’État du Nevada et qui n’est plus tolérée par l’UFC. Le dossier de Bisping a également été entaché par Wanderlei Silva, qui a récemment pris sa retraite après avoir été banni à vie par l’État du Nevada.

Sans en faire un plat, Bisping, qui est réputé pour sa grande gueule, ne manque pas une occasion d’énumérer cette série de « circonstances particulières » lorsque le sujet du dopage dans les arts martiaux mixtes est abordé à portée de son ouïe.

C’est d’ailleurs en réfléchissant à son parcours personnel, mais aussi en faisant la somme des scandales qui ont éclaboussé l’UFC au cours de la dernière année, que le « Count » dit avoir finalement été en mesure de saisir le bien-fondé de la croisade dans laquelle s’est embarquée Georges St-Pierre depuis qu’il s’est retiré de la scène sportive.

« Pour être honnête, quand GSP a commencé à militer pour l’implantation de mesures plus sévères contre le dopage, je ne comprenais pas ce qu’il faisait. Ce n’est que tout récemment que j’ai fini par réaliser ce qu’il voulait dire », admettait Bisping jeudi.

« J’imagine que j’étais naïf. Je ne me doutais pas à quel point le problème était répandu. Je n’étais pas conscient du nombre de personnes qui tentaient de profiter du système. Ça m’a frappé tout récemment, je me suis dit ‘Mais mon Dieu, je suis entouré de tricheurs’. J’avais toujours cru que tout le monde était aussi net que moi. Mais j’avais tort et GSP avait raison. »

Au début de l’année 2014, quelques mois après avoir abandonné son titre mondial, St-Pierre avait affirmé publiquement que la faible volonté de ses anciens patrons à l’appuyer dans ses démarches pour tenter de nettoyer son sport avait mené à sa décision de prendre une pause d’une durée indéterminée. Il n’a pas bronché depuis et bien qu’il aimerait voir son ancien confrère effectuer un retour à la compétition, Bisping dit admirer la droiture de la grande vedette québécoise.

Michael Bisping« Il s’est tenu debout, a pris position et pour ça, je lui lève mon chapeau. Avec la carrière qu’il a connue, pourquoi risquerait-il ses acquis contre des gars qui cherchent à prendre des raccourcis? », résume le volubile Britannique.

La lutte ne semble pas vaine. En février dernier, l’UFC a annoncé son intention d’établir une procédure de dépistage améliorée et l’implantation de pénalités plus sévères pour les athlètes reconnus coupables. St-Pierre avait alors applaudi publiquement la nouvelle, précisant toutefois qu’il ne s’agissait que d’un pas dans la bonne direction. Puis, il y a quelques semaines, l’organisation a embauché un ancien agent fédéral impliqué dans de nombreuses enquêtes criminelles d’envergure, notamment celle ayant permis d’inculper Lance Armstrong, pour superviser son programme.

Comme St-Pierre, Bisping croit que l’UFC a prouvé qu’elle considérait désormais le problème plus sérieusement.

« Oui, je crois qu’ils font tout ce qui est en leur pouvoir. Il y aura toujours des individus qui tenteront de trouver une faille dans le système, mais il y aura maintenant des tests plus fréquents et des sanctions de plus longue durée. Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de plus, à part peut-être dépistage aléatoire pendant toute l’année. Ça, j’aimerais ça voir ça. »

Un rêve intact

Mais Bisping n’est pas venu à Montréal pour parler politique. Samedi soir, au Centre Bell, il affrontera l’Américain C.B. Dollaway dans un combat qu’il juge critique pour la suite de sa carrière.

Voilà plus de trois ans que le natif de Manchester n’a pas aligné deux victoires consécutives. Quatre de ses sept derniers combats se sont soldés par une défaite et tout semble indiquer que cet ancien résident permanent du sommet de sa division se retrouve maintenant sur la pente descendante de sa carrière. Mais à 36 ans, Michael Bisping tient à mettre une chose au clair : il n’est pas prêt à jouer les faire-valoir.

« Ma réputation est en jeu en fin de semaine. Évidemment, cette confrontation ne servira pas à déterminer le prochain aspirant au titre. Mais ce sera une occasion pour moi de prouver au monde entier que je peux rétablir ma valeur dans le top-10 de ma division et que je redeviendrai un jour un candidat à cette ceinture. Je suis toujours aussi affamé et je me suis entraîné en conséquence. »

Un travailleur honnête qui disputera samedi son 16e combat sous la bannière de l’UFC, Dollaway (15-6) n’a pas le profil des Chael Sonnen, Vitor Belfort et autres Luke Rockhold, des combattants qui ont tous donné du fil à retordre à Bisping au cours des dernières années. L’Anglais le reconnaît et comprend qu’il doive repasser quelques étapes avant de retrouver un statut plus important.

« Je suis passé à travers mon dernier camp d’entraînement avec une motivation inégalée. Je veux battre Dollaway et retourner au travail sans attendre pour obtenir un autre combat cet été. Après ça, je pourrai recommencer à vendre ma salade pour qu’on me donne un combat de championnat. Présentement, je me remets d’une défaite. Je comprends et j’accepte les circonstances. Mais je suis encore l’un des meilleurs et je suis certainement capable de tenir tête à ces gars-là. »