MONTRÉAL – Le camp d’entraînement que Patrick Côté s’apprête à conclure à l’approche de son combat contre Thiago Alves a différé de manière significative des vingt autres qu’il avait précédemment traversés depuis le début de sa longue carrière dans l’UFC. 

Au cours des derniers mois, Côté n’avait pas le cœur à quitter son domicile chaque matin pour se rendre au gymnase. Mais ce manque de motivation passager n’a rien à voir avec les idées de retraite qui lui ont brièvement passé par la tête après sa défaite contre Donald Cerrone, ni avec le fait qu’il n’a pas obtenu l’adversaire qu’il souhaitait pour son retour dans l’octogone.

Côté a encore le feu sacré

C’est que Côté a depuis quelques mois une nouvelle supportrice dont il lui est difficile de se séparer. En septembre, le vétéran combattant est devenu père quand sa compagne, Valérie Boissy, a donné naissance à la petite Rafaëlle.

C’est donc avec de nouvelles priorités que l’athlète de 37 ans a repris le boulot après une pause méritée.

« Les matins sont plus difficiles, mais ce n’est pas parce que ma fille ne dort pas. C’est juste que partir de la maison... c’est différent », racontait Côté lundi sur les tapis du gymnase de BTT Canada, au centre-ville de Montréal.

« Je la vois, elle est de bonne humeur et je dois la laisser. C’est ce à quoi j’ai eu le plus de misère à m’adapter. Quand je suis au gymnase, tout est comme avant. Mais dans mes déplacements, pendant la journée, j’ai toujours une petite pensée pour elle. Tu sais, ça a changé ma vie à 100 %. »

Côté admet être un papa un peu « gaga ». Il n’y a qu’à espionner ses réseaux sociaux pour constater que la paternité lui va bien.

« Je pensais que ça allait être le fun, mais c’est dix fois mieux que je pensais, pour vrai. C’est extraordinaire. J’ai toujours voulu une petite fille, mais aussitôt que j’ai su qu’on allait avoir un enfant, je m’en foutais. Je voulais un enfant en santé et c’est ce que j’ai. Je ne pourrais demander mieux. »

Le nouveau père était déjà un homme occupé avant l’arrivée de sa fille dans sa vie. En plus des sacrifices habituels nécessaires pour se maintenir parmi l’élite mondiale des arts martiaux mixtes, il mène de front une carrière médiatique de plus en plus diversifiée. Il a des projets immobiliers à superviser et des commanditaires à satisfaire. Au cours de la dernière année, il a fait la promotion de son premier livre.

Maintenant, en plus de tout ça, il doit changer des couches, une tâche qu’il a ajoutée avec plaisir à son agenda.

« Je te dirais que mon meilleur partenaire d’entraînement, c’est ma femme! Elle me facilite tellement la tâche, elle est extraordinaire. Elle comprend que je suis rendu à la fin de ma carrière et que les combats qui restent sont importants pour moi. Je n’ai absolument rien à redire, je dois lui lever mon chapeau. »

Un nouveau contrat, mais pas de promesses

Côté n’a pas toujours été convaincu que sa carrière de combattant survivrait à l’arrivée d’une petite puce dans sa vie. Après sa défaite contre Cerrone, en juillet, le pionnier des arts martiaux mixtes canadiens avait soulevé la possibilité d’avoir disputé son dernier combat. Il avait eu besoin d’un bon mois de réflexion avant de finalement annoncer qu’il n’avait pas dit son dernier mot.

« Dans ce combat-là, je me suis vraiment senti vieux. J’étais toujours un geste en retard et quand je suis sorti de là, je me suis dit que je venais peut-être d’atteindre le bout de la corde, dit-il aujourd’hui. Sur le coup, ça a été dur à prendre, mais j’ai pris un long moment pour y penser et la flamme est revenue. »

En février dernier, Côté a signé un nouveau contrat de quatre combats avec l’UFC, mais cet engagement n’est accompagné d’aucune promesse. Avec un poupon à la maison, le puissant cogneur a l’intention de gérer sa sortie intelligemment, selon ses termes.

« C’est un facteur de plus pour bouger tous mes pions. J’ai une famille maintenant, j’ai une petite fille. Je l’ai souvent dit : ma plus grande peur, c’est de faire le combat de trop, de vraiment me faire faire mal. C’est pour ça que quand je vais sentir que c’est le temps d’arrêter, que je ne serai plus capable de suivre le rythme, je vais arrêter. »

Dans cette optique, Côté a l’intention, pour le temps qu’il lui reste, d’être sélectif dans le choix de ses adversaires. N’importe qui, n’importe quand? Plus pour lui. Plus maintenant.

« Les matchups, au stade où je suis rendu, sont très importants. Je veux trouver une bonne confrontation qui va me mettre en valeur et non pas servir de tremplin pour monter une jeune star ou quelque chose du genre. Si c’est ce qui arrive, qu’ils veulent utiliser mon nom pour faire briller quelqu’un d’autre, je vais tirer la plogue parce que pour moi, ça ne sera pas bénéfique. »

Sur les réseaux sociaux, Côté a agressivement milité pour affronter Jake Ellenberger. Pour une raison qu’il ignore, son poisson n’a jamais mordu à l’hameçon. Le voilà donc qui se prépare pour Alves, un autre vieux de la vieille qui a notamment obtenu un combat de championnat du monde contre Georges St-Pierre au début du règne de ce dernier, à l’UFC 100.

Alves, un Brésilien qui s’entraîne depuis plusieurs années en Floride, disputera son 22e combat à l’UFC. C’est un de plus que Côté. Lui aussi, donc, a vu neiger.

« Quand tu regardes par qui il s’est fait battre dans sa carrière, ce sont tous des combattants qui étaient dans le top-15 mondial. Comme moi, il s’est battu en combat de championnat du monde. Ça va être un combat très excitant pour les amateurs. »

À sa dernière sortie, en novembre, Alves avait tenté sans succès de passer dans la catégorie des légers. Il montrait un excès de poids de sept livres lors de la pesée officielle et s’était fait battre par décision unanime par Jim Miller.

« J’imagine que j’aurai un avantage au niveau du gabarit. J’ai une plus grande portée et je suis plus grand que lui, mais il ne faut pas sous-estimer Thiago Alves », prévient Côté.