Olivier Aubin-Mercier a foulé l’octogone à trois reprises, en 2016. L’an dernier, il ne s’est battu qu’une seule fois en raison d’une blessure aux côtes subie au printemps. En 2018, son but est de cumuler trois combats. La première étape vers son objectif se déroulera le 24 février prochain, alors qu’il affrontera Gilbert Burns à Orlando. Mais après ce duel, il devra s’attaquer à un tout autre type de confrontation pour assurer son avenir.

Round 1 : Un contrat venant à échéance


« Je suis encore sur l’entente signée après L’Ultime Combattant », a déclaré Aubin-Mercier lorsque nous l’avons rencontré à l’Académie d’arts martiaux mixtes H20 MMA.

 

C’est une information qui fait écarquiller les yeux. Cette série télévisée opposait des combattants canadiens à des Australiens et elle s’est terminée en avril 2014. Olivier avait fait les frais de la finale, qu’il a perdue par décision partagée. Il n’a donc pas obtenu le pacte d’au moins 100 000 $ qui est promis au gagnant.

 

« Mon contrat fonctionne par année et non par nombre de combats. Et présentement, il me reste un peu moins de six mois. Alors mon affrontement du 24 février pourrait très bien être mon dernier. »

 

Voilà qui est intéressant. Quand les négociateurs de l’UFC savent qu’un contrat vient à terme, ils engagent des discussions pour renouveler l’embauche d’un combattant. Ils veulent éviter que leurs employés contractuels soient libres comme l’air, pour aller comparer les salaires avec d’autres organisations.


Dans le cas d’Olivier, personne ne l’a approché pour négocier une nouvelle entente.

 

« Je ne suis pas sûr de la stratégie. Il y a eu un changement de garde chez les propriétaires (en juillet 2016), alors ils sont peut-être occupés. »

 

Souvent, les combattants qui décident d’écouler leur contrat avant d’en négocier un autre arrivent dans l’octogone avec une tonne de pression. S’ils gagnent, les pourparlers seront favorables aux athlètes et l’argument pour une hausse de salaire aura du poids. S’ils perdent, l’UFC se montre parfois moins intéressée, jusqu’à ignorer les combattants qui désirent poursuivre leur carrière avec l’organisation. Mais le Québec Kid n’est pas inquiété.

 

« Ça ne me met pas plus de pression pour gagner. Je pensais que le dernier combat de mon contrat, c’était il y a un an! »

Round 2 : Une journée de pesée plus spéciale

 

L’attention d’Aubin-Mercier est uniquement sur son combat du 24 février. Ce sera le lendemain de son 29e anniversaire.

 

« Je vais demander à l’équipe de Joe Beef de me faire un gâteau pour la veille de mon affrontement. Mais un gâteau bon pour la santé! »

 

Le restaurant montréalais le suit dans sa préparation de combats depuis quelques années. Le jour de sa fête, le 23 février, Olivier devra faire osciller la balance à 156 livres ou moins. Sa petite demande spéciale devra attendre après la pesée du matin.


Cette formule matinale est instaurée dans l’UFC depuis moins de deux ans. Olivier y voit des avantages et des inconvénients.

 

« Les combattants ont beaucoup de difficulté à faire le poids le matin. C’est difficile pour les gars plus gros qui doivent se coucher la veille en mode déshydraté. Ce n’est pas mon problème puisqu’en une heure ou deux, je peux faire ma déshydratation le matin. Je pensais que j’étais gros pour un combattant de 155 livres, mais finalement je suis un des plus petits. La journée du combat, je pèse 172 livres. Mes deux derniers adversaires pesaient 185 et 188 livres. Ça m’a étonné! »

Round 3 : Gilbert Burns
 

Qu’en sera-t-il de son prochain adversaire, Gilbert Burns? Le temps nous le dira. Mais Aubin-Mercier a déjà une petite idée du type de combattant auquel il fera face.

 

« C’est quand même une coche au-dessus de mes adversaires du passé. C’est probablement le combattant le plus connu contre qui je me battrai. Et le meilleur athlète de jiu-jitsu brésilien. »

 

Burns est ceinture noire en jiu-jitsu, avec trois titres mondiaux de la discipline en poche.

 

« Le plan de match sera différent de mes autres combats. Si je veux l’amener au sol, il faudra que je le fasse de façon sécuritaire. »
 

Après sa victoire contre Jason Saggo sur la carte de l’UFC Pittsburgh : Branch contre Rockhold, Burns s’est mis à bombarder le compte Twitter d’Aubin-Mercier pour se livrer en duel avec lui. Olivier avait également gagné son combat à Pittsburgh. C’était contre Tony Martin par décision partagée. Les deux athlètes s’entendent sur les réseaux sociaux pour s’affronter à la fin du mois de janvier en Caroline du Nord. L’UFC repousse leur proposition d’un mois, et de quelques États américains. Burns et Aubin-Mercier se battront en Floride.

 

« Je suis tellement content, je vais pouvoir aller à Disney World après! »


Round 4 : Inspiré par Khabib et Georges
 

Olivier croit fermement que le combat debout sera un facteur déterminant dans son affrontement face au Brésilien.

 

« Présentement, on est dans une ère de striking. Au début de l’UFC, l’art dominant était le jiu-jitsu brésilien car c’était une discipline inconnue. Les gars sont désormais devenus bons pour se relever. Il y a de rares athlètes qui sont capables d’amener au sol et de maintenir leurs adversaires. Je crois que je suis l’un de ceux-là. Mais Khabib Nurmagomedov est le meilleur exemple. »

Le combattant originaire de Saint-Bruno-de-Montarville avoue admirer le style de Nurmagomedov. C’est l’athlète parfait, selon lui, pour les arts martiaux mixtes. Le Russe est dans la même catégorie de poids qu’Aubin-Mercier, avec une fiche de 25 victoires en autant de sorties.

Georges St-Pierre compte également parmi ses inspirations.

 

« À partir du moment où Georges a gagné sa ceinture, je suis devenu passionné d’arts martiaux mixtes. Il a amené la passion d’un autre sport que le hockey au Québec. Il est plus gros que la discipline. Les gens ne vont pas voir les AMM, ils vont voir Georges. Donc ça sera mon travail d’essayer de les emmener me voir aussi. »

 

Round 5 : Son passé de judoka
 

Si c’est GSP qui a fait découvrir à Olivier le sport qu’il pratique aujourd’hui, c’est Nicolas Gill qui l’a inspiré dans son enfance.

 

« J’ai commencé le judo en raison de la médaille d’argent de Nicolas gagnée à Sydney, en 2000. »

 

Olivier avait onze ans. Et il a dédié son adolescence au judo. Un sport très traditionnel… trop traditionnel?

 

« Pas trop. Le côté traditionnel est charmant, mais ça empêche grandement le sport d’évoluer. Les nouvelles règles de 2008 par la Fédération internationale de judo m’ont fait décrocher. Je commençais à beaucoup moins aimer le sport. Je ne pouvais pas être expressif parce qu’il y avait trop de règles. »


Dans les mois qui ont suivi, Aubin-Mercier n’a pas obtenu assez de points afin de se qualifier pour entrer dans l’équipe nationale de judo. Ça a été l’élément déclencheur pour qu’il transfère son expressivité vers les arts martiaux mixtes et le jiu-jitsu brésilien. Deux sports en constante évolution.

 

« Je trouve que je fais beaucoup plus d’arts martiaux présentement que lorsque je faisais du judo. À l’époque, je n’avais jamais été dans une situation de combats. Aussitôt que ça m’est arrivé, c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé. »

 

Quatre combats amateurs et douze combats professionnels plus tard, le voilà à plus d’un mois de sa neuvième sortie attendue dans l’octogone.